Par rapport au verset « Yotser or ouboré ‘hochèkh », j’ai souvent entendu que la lumière sort de l’obscurité. Est-ce exact ?

Chalom,

On dit dans la téfila que « yotser or ou-boré ‘hochèkh » et j’ai souvent entendu que la lumière sort de l’obscurité.
Pouvez vous me donner une explication à cela ?

En vous remerciant par avance
Je brûle d’impatience d’avoir votre réponse et vous félicite pour vos merveilleux cours !

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Elihaou,

Effectivement, rabbénou Ba’hayé entres autres écrit cela (Béréchit chapitre 1, verset 3) et cite le Midrach :

Un homme peut allumer une bougie à partir d’une bougie allumée, mais peut-il allumer une bougie à partir de l’obscurité ?
Hachem fait sortir la lumière de l’intérieur même de l’obscurité.

Il est écrit (verset 2) :

« L’obscurité recouvrait la face de l’abîme »

Il est ensuite écrit (verset 3) :

D. dit :
« Que la lumière soit »,
et la lumière fut.

Rabbénou Bé’hayé poursuit et écrit que cela correspond au verset de Job (chapitre 12 verset 22) :

« Il découvre les choses profondes du dedans de l’obscurité
et fait sortir au jour ce qui était dans l’ombre ».

Donc effectivement, d’après ‘Hazal, la lumière sort de l’obscurité.

Comment cela se fait-il ?
Le Ramban, dans son commentaire sur la Torah, Béréchit chapitre 1 verset 4, explique que l’obscurité originelle n’est pas celle qui est mentionnée dans le verset 4 où Hachem établit une distinction entre la lumière et l’obscurité.
Il écrit que l’obscurité originelle dont on parle dans le verset 2 était en fait du feu, donc en réalité une grande lumière, mais invisible à nos yeux.

Pourquoi ?
Car étant tellement puissante, elle est complètement inaccessible à notre appréhension et équivaut pour nous à l’obscurité. C’est un peu comme l’explique le grand-père du Rav Eliyachiv actuel, qui était un des plus grands kabbalistes ashkénazes du début du siècle dernier, qui apparente les 10 plaies aux 10 étapes de la création du monde. 

Plus on avance dans les plaies, plus on se rapproche des premières étapes de la création de façon à ce que, lors de la 9ème plaie, on se trouve à la création de la lumière ; or, la 9ème plaie est celle des ténèbres !
Il explique qu’Hachem a dévoilé en Egypte la lumière originelle de la création, et vu qu’elle était tellement puissante, elle équivalait à l’obscurité totale pour les égyptiens, un peu comme l’effet d’un projecteur dans les yeux.

Par contre, les tsadikim du peuple d’Israël, ceux qui ne sont pas morts lors de la plaie des ténèbres, jouissaient de cette lumière car ils étaient à un niveau spirituel beaucoup plus haut qui leur permettait de l’appréhender et de la saisir.

Rabbénou Ba’hayé poursuit et écrit un commentaire admirable :

  • Lors de toutes les créations, lorsqu’Hachem a dit « yéhi », « qu’il soit », le texte dit « vayehi khèn », « et il fut ainsi ».
    Par contre, lorsqu’Hachem a dit « yéhi or », « que la lumière soit », il est écrit « vayéhi or », « et la lumière fut » et non « vayéhi khén », « et il fut ainsi ».
  • Pourquoi ce changement de langage ?
    Il répond que cette lumière n’a en fait pas été créée à cet instant car il s‘agit de la lumière originelle qui était en réalité l’obscurité, et à présent elle « descend » de niveau de puissance et devient accessible et perceptible.
  • Dans cette mesure, le texte ne dit pas que la lumière « est » mais « fut », il s’agit de la lumière qui « fut » déjà lors des premières étapes de la création et qu’on appelait obscurité tellement elle était puissante et inaccessible.

Rabbénou ha-Ari dévoile que lorsque nous disons « yotsèr or ou-boré ‘hochèkh », « Qui créé (yotsèr) la lumière et créé (boré) ‘hochèkh », lorsqu’on parle de la lumière on fait mention du monde de yétsira (yotsèr or) et quand on parle de l’obscurité, on mentionne le monde de beriya (boré ‘hochèkh) ; or, nous savons qu’il y a 4 mondes, de bas en haut :

  1. assiya,

  2. yétsira,

  3. beriya,

  4. atsilout

C’est pour cela que lorsqu’on parlera de yétsira qui nous est un peu accessible vu que nous sommes dans le monde de assiya, on parlera de lumière ; mais lorsqu’on mentionnera un niveau beaucoup plus haut de lumière à un point tel où tout devient inaccessible, par exemple celui de la beriya, on parlera de ‘hochèkh, d’obscurité, car il s’agit d’une lumière tellement grande qu’elle se révèle à nous en tant qu’obscurité.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 15226
Date question sur Leava : 2011-11-05 18:11:35