Lorsque nous sommes occupes a faire la mitsva de la téfila, sommes-nous exempts de la mitsva de tsedaka ?

 

Cher Rav,

Lorsque je fais ma téfila a la synagogue tous les matins, il y a régulièrement des personnes qui viennent demander la tsédaka (parfois 4 ou 5 personnes) ce qui me perturbe dans ma prière et me fait prendre du retard sur le chalia’h tsibour.
J’ai lu dans la Guemara (Sukkah 25a), qu’une personne occupée a faire une mitsva est exemptée d’une autre mitsva (dans le cas la Guemara, la personne est exempte de la mitsva de la Soukkah).
Mais il y a une longue discussion qui s’ensuit sur le sujet, et la conclusion n’est pas claire (du moins pour moi), et je n’ai rien trouve dans la halakha a ce sujet.

Ma question est la suivante :

Lorsque nous sommes occupes a faire la mitsva de la téfila, sommes-nous exempts de la mitsva de tsedaka ?
(ou tout autre mitsva d’ailleurs)

Si oui, est-ce que la prière se réduit uniquement a la Amida, ou cela comporte-t-il toute la prière, depuis Akedat Itzchak jusqu’a Alenou ?

Merci.

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Joseph,

Effectivement, d’après la halakha, celui qui est occupé à faire une mitsva est désengagé de faire une autre mitsva.
Néanmoins, les décisionnaires ont écrit que si on peut faire les 2 à la fois, alors on en n’est pas désengagé.

Mais sache que dans ton cas, de toute façon, la mitsva de tsédaka aux personnes qui passent à la synagogue n’est que facultative, tu n’es pas obligé de donner à chaque fois qu’une personne vient t’en demander.
Il est vrai que c’est une très grande mitsva mais elle n’est pas absolument obligatoire (la tsédaka en soi est bien sûr obligatoire mais tu n’es pas obligé de la donner à cet instant précis et précisément à cette personne).

La conclusion hilkhatique de ta question change d’après l’avis des grands décisionnaires :

  • Le Michna Beroura (au nom du Peri Mégadim), chapitre 96 alinéa 1, écrit qu’on n’aura pas le droit de donner la tsédaka depuis le début des Pessouké dézimra jusqu’à la fin de la Amida.
  • Le Rav Chlomo Auerbach Zatsal écrit dans Halikhot Chlomo tome 1, chapitre 7, qu’il ne comprend pas pourquoi cela serait interdit pendant les Pessouké dézimra et le keriyat Chéma (excepté le 1er verset).
  • Le Rav ‘Haïm Kanievsky Chlita (dans Mékot ha-iyra, commentaire du Rav Zilber sur Sefer ha-iyra) écrit que pendant tout le keriyat Chéma, cela est interdit car on est occupé à faire une mitsva.
  • Et pour finir, le Rav Eliachiv Chalita écrit que cela dépend :
    • Si donner la tsédaka le gêne dans sa téfila, qu’il ne la donne pas,
    • sinon qu’il la donne.

Néanmoins, dans les parties de téfila où tu n’es pas en retard, c’est-à-dire à partir du moment où la Amida du chalia’h tsibour se termine, et où il n’y a plus de mitsva de continuer avec le chalia’h tsibour, il te sera dès lors permis de donner la tsédaka à chaque personne qui te tend la main.

Autre solution :

  • Venir à la prière 5 minutes plus tôt afin de prendre de l’avance sur le chalia’h tsibour, tu auras ainsi le temps de donner la tsédaka à chaque personne qui viendra vers toi dans ce but, et tu pourras néanmoins arriver au début de la Amida en même temps que le chalia’h tsibour, ce qui est l’essentiel de la téfila en tsibour.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 14895
Date de création : 2011-10-09 11:10:55