Lachon Hara

Etude du Jour - Numéro 32

Qu’Hachem apporte la guérison à tous les malades d’Israël et protège tout son peuple de cette épidémie et envoie le Machiah

Rabbi Leib, le fils du 'Hafets 'Haïm, raconte :

Durant une fête, un hôte de marque, un érudit craignant D.ieu, fut invité dans la maison de son père. Le premier jour de fête, le ‘Hafets ‘Haïm se délecta à entretenir son hôte de paroles de Torah et de morale, discourant sur de profondes idées touchant à la crainte et à l’amour de notre Créateur. Pendant tout ce temps, l’invité ne prononça pas un mot, se contentant, en réponse aux paroles du Rav, de secouer la tête pour indiquer son approbation. Les autres personnes présentes supposèrent que cet homme ne percevait pas la puissance des propos tenus. Mais le lendemain, l’invité parla avec le ‘Hafets ‘Haïm et discuta longuement avec lui de tout ce qui avait été dit la veille. Le troisième jour, à nouveau, l’homme écouta en se taisant et ne réagit que le lendemain à tout ce qu’il avait entendu la veille. Il passa ainsi toute la fête, parlant et se taisant alternativement. Ce comportement de l’invité resta étrange aux yeux des habitants de la maison, jusqu’à ce que le ‘Hafets ‘Haïm l’explique par cette parabole : Dans les petites villes, chaque propriétaire fait pousser un potager près de sa maison et l’entoure d’une clôture primitive. Parfois, cette clôture est trop basse et n’empêche pas les chèvres de sauter par-dessus et de dévaster les semis et les plates-bandes. Lorsque le propriétaire s’en rend compte, il remonte la barrière. S’il arrive que l’on ait oublié de fermer la grille du jardin et que les chèvres soient rentrées par cette ouverture et aient tout dévasté, le maître de maison gronde ses gens pour leur manque de vigilance et pour n’avoir pas veillé à maintenir la porte du jardin fermée. Lorsque la chose se reproduit à plusieurs reprises et que les chèvres prennent possession du potager et qu’en plus, les porcs – qui sont les plus gros causeurs de dégâts parce qu’ils fouillent la terre avec leur groin et arrachent les racines – sont également rentrés, le maître de maison n’a plus d’autre solution que de condamner le passage et d’être contraint, lui et les membres de sa maison, de grimper par-dessus la barrière pour pénétrer chez eux. Et bien que cela demande de gros efforts et fait également courir le risque de se griffer aux épines et aux chardons, il n’hésite pas à le faire car autrement, rien ne lui garantit que l’on n’oubliera pas à nouveau de fermer la grille et que les bêtes ne viendront pas saccager son potager, qui représente son moyen de subsistance. Il en va de même, expliqua le ‘Hafets ‘Haïm, pour ce qui est des besoins de notre âme, dont la retenue dans le langage est l’un des plus importants. De manière générale, les hommes sont sujets à de nombreux dérapages dans ce domaine : Lachone Hara, Rékhilout, moquerie… Quiconque se préoccupe de son âme place autour de lui clôtures et barrières et se fixe un temps pour parler et un temps pour se taire. Mais s’il constate que tout cela ne suffit pas, il ne lui reste plus d’autre solution que de se taire complètement, bien que cela lui coûte de grands efforts et lui soit désagréable car, pour ce faire, il lui est nécessaire d’utiliser le langage des signes et des allusions et il lui arrive fréquemment d’être la risée de son entourage ; pourtant, que ne ferait pas un homme qui craint authentiquement la faute afin de ne pas tomber dans ces graves transgressions ? Il vaut mieux pour lui avoir honte dans ce monde-ci que dans le monde futur. Rabbi Leib conclut que l’on apprit par la suite que le but de la venue de ce visiteur – qui était réellement un homme de grande valeur – à Radin, était de prendre conseil auprès du ‘Hafets ‘Haïm au sujet d’une Yéchiva qu’il souhaitait fonder, qu’il ouvrit en effet et qui devint grande et célèbre et qu’il dirigea avec beaucoup de talent, alors que lui-même devenait connu pour sa grandeur et sa crainte de D.ieu ainsi que pour sa profonde connaissance des choses de ce monde. L’idée communément admise qu’une langue sale est le signe d’organes internes en mauvais état, vaut également pour la vie spirituelle. Une langue impure et immorale indique un dysfonctionnement dans les dispositions spirituelles de l’homme. C’est la raison pour laquelle Rabbi Israël Méïr consacra les forces de sa jeunesse à soigner l’être humain de ces très sévères maladies spirituelles que sont le Lachone Hara et la Rékhilout.

Notre maître, un modèle de retenue dans le langage

Lors d’un cours donné avant Roch Hachana, le Machguia’h de la Yéchiva de
Lakewood déclara : « Il nous est interdit d’oublier qu’en ces jours qui
précèdent Roch Hachana, nous commémorons l’anniversaire du décès de notre
maître le ’Hafets ’Haïm de mémoire bénie, et curieusement, le monde ne s’en émeut pas ! »

Le Service divin le plus essentiel que le ’Hafets ’Haïm ait accompli, fut la
retenue dans le langage, et ce, parce que cela constitue le début de tout.

La capacité à s’exprimer définit l’homme, ainsi qu’il est dit : « Et l’homme fut un
être vivant » (Béréchit 2, 7) – un être doté de la parole.

Notre maître montra à tous l’exemple de la perfection dans le contrôle du
langage, atteignant dans ce domaine le plus haut niveau.

Il fut un modèle pour les générations futures et illustra par son exemple qu’il
est possible de surveiller parfaitement son langage.

Un lourd travail nous est demandé, et nous devons tout particulièrement
corriger notre bouche en nous abstenant de tenir des propos futiles, de dire du
Lachone Hara et de nous livrer à la raillerie.

Nous le devons et nous le pouvons.

En cette période, où nous souhaitons devenir un être nouveau, il nous faut
nous concentrer sur la retenue du langage ; c’est à partir de cela que nous
pourrons atteindre tous les autres niveaux.

Grâce à l’attention portée à la force de la parole, l’homme mérite que toutes
ses autres forces soient sauvegardées. »

Le Machguia’h ajouta également, au nom de Rabbi Yérou’ham, que l’homme
étant limité, il doit choisir une qualité sur laquelle il travaillera et à partir de
laquelle il pourra atteindre la perfection dans toutes sortes d’autres domaines.
Le ’Hafets ’Haïm consacra ses plus grands efforts à la retenue dans le langage
et ceci lui permit d’atteindre l’excellence, au point que tous les grands de la
génération s’inclinaient devant lui, tout cela parce qu’il avait atteint le sommet
dans un domaine, celui de la maîtrise de la parole.

On rapporte que quelqu’un lui demanda un jour d’être à ses côtés, là-haut, et
le ’Hafets ’Haïm lui répondit qu’il devait pour cela prendre sur lui de ne plus
dire de Lachone Hara.

La personne ayant refusé, le Rav lui demanda de partir.

Léket Réchimot – Eloul


Pour L’élévation de l’âme de Hanna Lina Bat Lola Laure za’l