Shalom Rav,
D’abord merci pour votre précédente réponse au sujet de ma question à propos des non-juifs.
Je n’ai pas eu l’occasion de vous remercier plus tôt.
J’avais l’impression d’avoir encore plus de questions sur le sujet depuis votre réponse qu’avant celle-ci, alors je continue les recherches de mon côté (notamment en finissant de visionner vos cours).
Croyez que je ne voulais pas me montrer ingrate, seulement respectueuse de votre temps.
La question que j’ai aujourd’hui concerne un passage de Béréchit : celui où D. dit à la femme qu’Il aggravera ses labeurs et sa grossesse, qu’elle enfantera dans la douleur, etc. (3:16)
J’évite normalement d’étudier plus d’une question à la fois, mais je viens d’apprendre que j’étais de nouveau enceinte (Barouch Hachem!) et cette question m’obsède.
Donc, ce qui me préoccupe c’est le fait « d’aggraver » la douleur.
À mon sens, s’il y a aggravation, c’est qu’il y avait déjà de la douleur au départ ou du moins que l’accent n’est pas sur la douleur elle-même mais sur son niveau.
Bref, est-ce que la malédiction réside dans la douleur ou dans le fait qu’elle soit aggravée ?
Vous me direz que ça ne change pas grand-chose ?
Hihi j’ai déjà accouché et pour moi ça change beaucoup 🙂
Subir un accouchement en se disant que la souffrance est due à la faute et l’impureté, que c’est une malédiction, c’est très pénible.
Vivre un accouchement en se disant que la douleur fait partie du processus du don de vie avec l’aide de D., c’est presque beau. Surtout, si c’est le degré de souffrance la malédiction, alors on peut se dire avec espoir que c’est possible de lutter contre cette douleur, que c’est possible de la maîtriser, comme on peut lutter contre son yetser hara.
Enfin ça m’arrangerait bien tout ça !
Mais j’essaie surtout de voir ce que la Torah en dit.
Je n’ai trouvé aucune information sur l’aggravation en tant que telle.
Sur la douleur par contre, j’ai lu la réponse d’un rav sur un forum. Il parlait d’un commentaire de Rashi mais sans donner la référence.
La connaissez-vous ?
Il disait que Rashi aurait lu le passage de Béréchit ainsi:
« j’augmenterai les difficultés d’élever les enfants, la durée de la grossesse et le labeur de l’enfantement. »
En cherchant dans un dictionnaire d’occurrences en hébreu, j’ai aussi vu que le mot ‘douleur’ (dans le sens de douleur de l’enfantement) ne faisait pas partie de la malédiction.
Le mot (ou un dérivé) « d’aggravation » non plus.
Mais si ces deux mots ne sont pas écrits, alors qu’est-ce qui l’est au juste ?
D’où vient cette idée d’aggravation des douleurs de l’enfantement si ça n’a rien à voir avec ce qui est écrit en hébreu ? Pourtant même la traduction hébreu-français du Rabbinat parle « d’aggravation des labeurs » et d’«enfanter dans la douleur ».
Merci à l’avance, Jessica
P.S. je n’ai pas demandé la référence du commentaire de Rashi au Rav qui le citait, car
1- la discussion concernait une toute autre question (les berakhot du matin),
2- la discussion datait de plusieurs années.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom Jessica,
Il s’agit du verset 16 chapitre 3 de le Genèse.
Au début du verset il y a trois malédictions.
- J’augmenterai ton labeur.Rachi commente :
Il s’agit du labeur d’éducation des enfants. - (J’augmenterai) ta grossesse.Rachi commente :
Il s’agit des douleurs de la grossesse. - Tu accoucheras avec douleur.Rachi dit qu’il s’agit des douleurs de l’enfantement.
Donc il n’y a pas d’aggravation au niveau de l’accouchement. Il y a aggravation au niveau de l’éducation des enfants et de la grossesse.
Il se peut d’ailleurs que le mot aggravation ne soit pas adéquat, parce que le verset dit »harba arbé », qu’on pourrait traduire par il y aura « beaucoup beaucoup ».
Cela ne signifie pas forcément qu’il y aura quelque chose qu’on va augmenter.
Cela peut tout à fait signifier qu’il n’y avait rien et qu’il y aura beaucoup beaucoup.
Quoi qu’il en soit, il est certain que ce qu’on appelle une malédiction n’est pas en vérité une malédiction.
Il s’agit toujours de tikoun, de réparation.
Après qu’il y ait eu le péché originel, la configuration du monde a changé de sorte qu’on ne peut pas avoir de résultat sans efforts car il y a le mal et le bien et quand on veut amener du bien, forcément il y a la résistance du mal.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le labeur de l’éducation, de la grossesse et de l’accouchement.
Dans un monde où il y a place au mensonge, où il y a place aux constructions imaginatives, lorsqu’on veut vraiment construire dans la vraie réalité, forcément, il y a un effort à fournir, une action.
Dans le monde antécédent au péché originel, il n’y avait pas de mal, il y avait que vrai ou faux.
Donc il y avait que la réalité vraie qui y avait sa place et le faux étant faux n’avait pas de réalité.
Dans cette mesure, on ne pouvait être que dans le vrai.
Et donc cela n’impliquait aucun effort.
Aujourd’hui, où on a donné une réalité au faux, c’est-à-dire qu’on a donné une réalité à ce qui n’est pas réel, on a créé le mal et il existe, et il rend toujours l’accès difficile à toute réalité vraie.
Pour plus de détails, regarde le cours »Le mensonge ».
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence : 6683
Date question sur Leava : 2009-08-28 19:08:56