Le Choul’han Aroukh est-il la référence en matière de pratique ? Ma famille ne pratique pas et cela pose plusieurs problèmes au quotidien.

 

Bonjour Rav,

J’ai beaucoup de questions à vous poser, j’espère que ce mail ne sera pas trop long…

  1. Le Choulhan Aroukh est-il la référence de nos jours en matière de pratique religieuse ?
    Existe-t-il d’autres ouvrages qu’il faut lire si l’on veut appliquer correctement certains principes ?
    (commentaires…)
    ou d’autres ouvrages plus récents qui prennent en compte les changements qui ont eu lieu dans nos modes de vie suite aux progrès techniques ?
    Une version abrégée et traduite en français est-elle valable ?
  2. Les règles contenues dans le Choulhan Aroukh sont-elles toutes issues de la Thora orale ou y-a-t-il également des lois rabbiniques ?
  3. Avons nous de nos jours de grands décisionnaires en matière de pratique religieuse et qui sont-ils ?
    Écrivent-ils ?
    Les lois sont-elles modifiées selon les époques ?
  4. Pourquoi le fait d’allumer ou d’éteindre une lumière à Chabbat est assimilé aux travaux de construction ou de destruction ?
    Comment le problème de production de l’électricité à Chabbat est-il résolu en Israël ?
  5. J’essaie de pratiquer un peu plus que ce que je faisais avant, mais je me heurte à de nombreux problèmes vis à vis de mon entourage:Par exemple:
  • Ma mère ne veut pas que j’apporte nos ustensiles de cuisine au mikvé ; dois-je profiter de son absence pour le faire ?
  • La séparation des ustensiles servant au lait de ceux servant à la viande n’est pas toujours respectée, et je ne peux pas demander aux personnes de mon entourage de changer certaines de leurs habitudes sous peine d’entraver leur liberté, comment faire ?
    (Ma mère ne souhaite pas non plus que je prenne des ustensiles différents des siens aux repas, dois-je insister ?)

Concernant la séparation du lait et de la viande :

  • Doit-on avoir 2 sortes de verres ?
  • Peut-on utiliser un ustensile servant à la viande pour cuisinier quelque chose de neutre et servir le repas dans une vaisselle « de lait » ?
  • Si des ustensiles ont servi à la fois au lait et à la viande comment fait-on pour les purifier ?
  • Je sais que les personnes de ma famille ne respectent pas scrupuleusement ces règles mais je ne me vois pas leur dire que je ne mangerai pas chez elles car je risque de les vexer…quelle conduite tenir ?

Ma mère souhaite que je n’allume plus la bougie de la havdala qui provoque le noircissement du plafond…2 petites bougies sont-elles valables ?
Peut-on utiliser des bougies électriques ?

Merci d’avance pour votre lecture et pour le temps que vous prendrez pour me répondre.
Au revoir,

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Rachel,

Voici les réponses à vos questions :

  1. Le Choul’han Aroukh est un livre de base de la loi juive qui a été rédigé il y a environ 500 ans.
    Néanmoins, ce n’est qu’un livre de base, et il est nécessaire, pour savoir comment bien pratiquer, d’utiliser des livres plus récents eux-mêmes basés sur le Choul’han Aroukh.Je pense qu’une version abrégée et traduite en français est pour vous la meilleure solution.
  2. Je ne comprends pas votre question car la Torah orale n’est composée que de lois rabbiniques.
    Le Choul’han Aroukh est bien sûr basé sur la loi orale.
  3. Chaque génération a son lot de grands décisionnaires en matière de pratique religieuse.Aujourd’hui, il s’agit du Rav Yossef Chalom Eliyachiv Chalita et du Rav Ovadia Yossef Chalita, pour ne citer que les deux plus grands du monde ashkénaze et séfarade.
    Les deux écrivent.

    Les lois ne sont jamais modifiées, elles sont développées en fonction de nouveaux éléments ou de nouvelles questions qui se posent.

  4. A propos de l’interdiction d’allumer ou d’éteindre une lumière pendant Chabbat, consultez le lien suivant.Attention, j’y explique les raisons interdisant l’emploi de l’électricité pendant Chabbat.
    Mais en ce qui concerne le fait d’allumer une ampoule, il y a un interdit supplémentaire :

    Celui de rendre le fil de tungstène de l’ampoule incandescent.

    En Israël, certains pratiquants n’utilisent pas l’électricité du secteur car lorsqu’il y a des pannes d’électricité, elles sont réparées par des juifs, ce qui rend normalement son utilisation interdite.
    Donc dans beaucoup de quartiers religieux, il y aura des générateurs d’électricité à essence qui fourniront l’électricité à quelques bâtiments ; certaines personnes privées auront un système de batterie chez eux suffisant pour produire l’électricité nécessaire pendant Chabbat.

    Néanmoins, la grosse majorité des juifs pratiquants utilisent l’électricité du secteur en comptant sur l’argument suivant :
    Il est permis au réparateur juif de réparer une éventuelle panne pendant Chabbat car s’il ne le fait pas, il met des vies en danger ; or, il est permis de transgresser Chabbat pour sauver des vies.
    D’après cela, vu que la réparation est légitime, l’utilisation de l’électricité faite grâce à cette réparation est légitime pour tous.

  5. Voici les réponses :
  • Tu as le droit et même un mitsva de tremper la vaisselle de ta mère au mikvé même contrairement à sa volonté.
  • Si ta mère n’est pas prête à changer ses habitudes alimentaires, elle n’a pas le droit de t’empêcher de prendre des ustensiles différents des siens pour les repas. Tu dois insister dans ce sens car la volonté d’Hachem passe avant la volonté des parents.
  • Inutile d’avoir deux sortes de verre, on peut utiliser les mêmes verres pour un repas de viande et un repas de lait.
    Attention, cela ne concerne que les séfaradim, les ashkénazim ont l’habitude d’avoir des verres différents pour les repas de lait et les repas de viande.
  • On peut utiliser un ustensile servant à la viande pour y cuisiner un aliment neutre et servir le repas dans une vaisselle de lait. Si 24 heures sont passées depuis qu’on y a cuisiné de la viande, on pourra même manger le plat qui est cuisiné avec du lait.Si les ustensiles ont servi à la fois au lait et à la viande, si cela a été fait à froid, il suffit de les rincer ; si cela a été fait à chaud, si l’habitude est d’utiliser ces ustensiles sur le feu, si on y cuisine à sec, c’est-à-dire par exemple des brochettes, il n’y aucune solution si ce n’est de les passer à la flamme avec un chalumeau jusqu’à ce qu’ils rougissent.

    Si on les utilise en y faisant bouillir de l’eau, on les purifiera en les trempant dans de l’eau bouillante (avec des bulles) et immédiatement après dans de l’eau froide.

    S’ils sont utilisés à chaud mais pas sur le feu, c’est-à-dire qu’on a versé un aliment bouillant ou un liquide bouillant d’une casserole qui était sur le feu dans ce plat afin de cachériser ce plat, on versera de l’eau bouillante dessus. Mais il n’est pas nécessaire de le tremper lui-même dans une casserole d’eau bouillante qui est sur le feu.

  • Vous pouvez vexer les gens de votre famille en refusant de manger chez eux si ce qu’ils vous proposent à manger n’est pas cachère.

A propos de la havdala, il est bien que les deux flammes se touchent.
Donc le plus simple est d’abord d’allumer une seule bougie, et juste avant de faire la berakha boré méoré ha-èch, vous allumez une allumette sur la flamme de la bougie ; ainsi, l’allumette et la mèche de la bougie seront considérées comme deux mèches dans une seule flamme, ce qui est le mieux pour la havdala.
Mais si ce n’est pas possible, une seule bougie suffit.
On n’utilisera pas des bougies électriques.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

 

Référence Leava : 17675
Date de création : 2012-04-14 23:04:23