Chalom Rav,
J’écoute vos cours avec attention leur richesse et la pointe d’humour qui vous caractérise me touche beaucoup également.
J’aimerais attirer votre attention sur un point, celui concernant « l’âge du monde« .
Vos explications m’ont touché et j’ai effectué quelques recherches concernant le darwinisme et le combat de ce dernier contre le créationnisme.
Mes recherches que je considère, somme toutes, encore très superficielles m’ont néanmoins conduit à un documentaire du National Géographique (assez sérieux pour être mentionné) intitulé « Darwin avait-il tord? »
D’un ton assez moqueur et « mis en scène » le docu nous éclaire sur tous les points divergents entre les darwinismes et les créationnismes.
A chaque opposition des créationnistes , des scientifiques contemporains opposent des arguments concrets et ce pour l’ensemble des points que vous évoquez notamment pour la quatrième partie de « l’Age du monde »: chaînon manquants jamais découverts, œil…
Je souhaite vous soumettre le lien pour ce documentaire et que vous nous apportiez vos lumières autant que faire se peut.
Je vous remercie et conscient que vous devez avoir un emploi du temps surchargé, je souhaite vous dire à quel point je veux savoir, avoir des réponse, -ce serait dommage de ne pas continuer les démonstrations- néanmoins je continuerai à chercher de mon côté avec l’aide de D.
Merci pour vos cours et depuis peu, MyLeava est devenu mon site favoris.
Toda Raba Rav Chaya.
PS:
Le lien (y’a 3 vidéos pour le même documentaire)
Réponse du Rav Ron Chaya :
Bonjour Benjamin,
J’ai regardé le film que tu m’as communiqué.
Je ne vois en rien dans ce film quelque chose qui puisse contrecarrer ce que j’affirme dans les cours sur L’âge du Monde.
Je reprends les différents points cités dans ce film.
L’auteur du film dit qu’il faut accepter trois points pour que la théorie de l’évolution soit considérée comme vraie.
- Le monde est vieux, environ 15 milliards d’années, et non 5768 ans comme le prétendent les créationnistes.
- Je pense avoir répondu très clairement à cette question en argumentant la théorie de la relativité générale selon laquelle le temps est sujet aux conditions physiques.
- Or d’après le récit de la Torah, jusqu’à la création de l’homme, le 6ème jour de la création, le monde ne vivait pas dans les conditions physiques actuelles, ce qui expliquerait pourquoi il peut y avoir à la fois 6 jours (dans le référentiel de l’Auteur de la Torah) et 15 milliards d’années (dans notre référentiel).
- Je pense avoir répondu très clairement à cette question en argumentant la théorie de la relativité générale selon laquelle le temps est sujet aux conditions physiques.
- L’évolution.
- Tout d’abord, le problème du chaînon manquant n’a pas été mentionné dans ce film-là, il reste toujours aussi aigu.
- Où sont-ils ?
- Particulièrement le chaînon manquant entre le singe et l’homme qui n’a jamais été retrouvé jusqu’à aujourd’hui.
- Où sont-ils ?
- Et comme je l’ai expliqué dans le cours, plus on trouve de fossiles, plus le nombre de chaînons manquants grandit.
- Car la multiplication des espèces fossiles implique tous les embranchements qui ont amené jusqu’à ces espèces, or ils sont manquants.
- De plus, les commentateurs de la Torah affirment que la création a eu lieu de façon évolutive, du plus simple au plus complexe en finissant par l’homme, et en cela il se peut tout à fait que les espèces primitives soient beaucoup plus anciennes que les espèces complexes, cela va dans l’ordre de la création.
- Et encore une fois, le problème de l’ancienneté, quelques centaines de millions d’années, a déjà été réglé, comme susmentionné.
- La vraie question est la suivante :
- Est-ce-que cette évolution s’est faite de façon hasardeuse ou est-elle le fruit d’une volonté ?
- A ce titre, je te cite trois citations de scientifiques non juifs et non religieux :
- La première de Trinh Xuan Thuan, astrophysicien réputé d’expression française et professeur astronomie à l’université de Virginie, auteur de « La mélodie secrète » (Editions Fayard, 1988 et Editions Gallimard, 1991, en poche), de « Un astrophysicien » (Editions Beauchesne-Fayard, 1992) et de « Destin de l’univers ; le big-bang et après » (Découvertes Gallimard, 1992) ;
- La deuxième de Hubert Reeves, astrophysicien francophone très connu ;
- Et enfin une citation de Yves Coppens, paléontologue réputé, codécouvreur de Lucy, dont j’ai déjà cité les écrits dans mon cours sur l’âge du monde.
- Tout d’abord, le problème du chaînon manquant n’a pas été mentionné dans ce film-là, il reste toujours aussi aigu.
- Dans ces écrits, on trouvera aussi une réponse au troisième point qui est la sélection naturelle.
- Ces scientifiques-là (non religieux je le rappelle) disent que la sélection naturelle ne suffit pas pour expliquer comment, à chaque moment, il y a eu, comme par hasard, le bon choix qu’a fait la nature.
- Je pense que la démonstration à propos du problème de l’œil qu’il y a dans ce cours est très très légère.
- Premièrement, il cite l’œil de la méduse qui se perfectionne pour arriver à l’œil humain, mais comment les cellules ont-elles formé un œil de méduse ?
- Ensuite, il parle de cellules photosensibles, qui s’enfoncent pour créer tout à coup une orbite, mais pourquoi tout à coup des cellules deviennent-elles photosensibles, et pourquoi tout à coup elles décident de créer une orbite ?!
- Je pense que la démonstration à propos du problème de l’œil qu’il y a dans ce cours est très très légère.
- Citations :
-
- L’univers est réglé avec une précision extraordinaire.
Il suffirait qu’une des constantes qui le régissent soit modifiée dans des proportions infinitésimales pour qu’il soit vidé de conscience et de vie.
Il est impossible de recréer le big-bang en laboratoire :
Pour obtenir la température requise, des accélérateurs de particules s’étendant jusqu’à la prochaine étoile seraient nécessaires.
Mais, grâce à l’informatique, nous pouvons créer des « univers-jouets ».
Il suffit pour cela d’introduire les quatre forces physiques qui contrôlent tous les phénomènes :- La force gravitationnelle, qui est en quelque sorte la colle de 1 ‘univers ;
- La force électromagnétique, colle de l’atome ;
- Les deux forces nucléaires, à savoir la force forte, qui tient ensemble les protons et les neutrons, et la force faible, responsable de la radioactivité.
Nous devons en plus introduire une quinzaine de nombres, qu’on appelle les constantes physiques :- La vitesse de la lumière,
- La masse du proton ou celle de l’électron par exemple.
- Ce qui est remarquable, c’est qu’il suffit de varier un tant soit peu l’une de ces forces ou de ces constantes physiques pour aboutir à des univers infertiles et dénués de conscience.
Ainsi, la fabrication du carbone, base de la vie, résulte de la combinaison de trois noyaux d’hélium.
Cela n’est possible que si le carbone possède un niveau d’énergie légèrement supérieur à celui des trois noyaux d’hélium, ce qui est précisément le cas.- D’autre part, le carbone est détruit dans la fabrication de l’oxygène, résultat de la combinaison d’un noyau de carbone avec un noyau d’hélium.
Si tout le carbone était détruit à ce moment-là, il ne pourrait pas engendrer la vie.- Or que remarque-t-on ?
- Que le niveau d’énergie de l’oxygène est légèrement inférieur à la somme de l’énergie du carbone et de l’hélium, ce qui empêche la transformation de tout le carbone en oxygène.
Ainsi, la nature a réglé de façon extrêmement précise les constantes physiques, de manière à produire en abondance du carbone et de l’oxygène, qui sont tous deux nécessaires à la vie.
- Que le niveau d’énergie de l’oxygène est légèrement inférieur à la somme de l’énergie du carbone et de l’hélium, ce qui empêche la transformation de tout le carbone en oxygène.
- Or que remarque-t-on ?
- Autre coïncidence :
- L’électron a une charge négative et le proton, une charge positive.
Or, bien que le proton soit près de deux mille fois plus massif que l’électron, leurs charges sont rigoureusement égales, pour une raison que nul ne connaît.
- L’électron a une charge négative et le proton, une charge positive.
- Si la charge électrique du proton et celle de l’électron différaient seulement d’un milliardième de milliardième, tout exploserait : la Terre, le Soleil, les étoiles…
De même, le réglage de la densité de matière dans l’univers est d’une précision extrême, comparable à celle qu’il faudrait à un archer pour planter une flèche dans une cible de 1 cm² de côté, qui serait placée de l’autre côté de l’univers, à quinze milliards d’années-lumière !
Si la densité était plus importante, les galaxies, au lieu de s’éloigner les unes des autres, se rapprocheraient et le big-bang deviendrait un big-crunch: tout s’effondrerait au bout d’une année, d’un siècle ou peut-être d’un million d’années.- Ce serait un temps trop court pour que la vie et la conscience, la complexité, puissent émerger.
En revanche, avec une densité de l’univers moins importante, la gravité serait trop faible pour que les étoiles et les galaxies puissent se former.
- Ce serait un temps trop court pour que la vie et la conscience, la complexité, puissent émerger.
- A partir de ces constatations, deux attitudes sont possibles /
- On peut estimer qu’un tel réglage est le fruit du hasard et postuler une infinité d’univers parallèles, ce que permet la mécanique quantique.
- On peut à l’inverse penser qu’il n’y a qu’un seul univers.
- Mais alors, face à un réglage aussi précis, cela amène à postuler l’existence d’un Grand Architecte.
- La science ne peut pas choisir entre ces deux hypothèses.
Il s’agit là d’un choix personnel et non plus d’une démonstration scientifique.- Trinh Xuan Thuan…
- D’autre part, le carbone est détruit dans la fabrication de l’oxygène, résultat de la combinaison d’un noyau de carbone avec un noyau d’hélium.
- L’univers est réglé avec une précision extraordinaire.
- Dominique Simonet (journaliste) :
Mais d’où viennent-elles, ces fameuses forces ? - Hubert Reeves :
Vaste question, à la limite de la métaphysique…
Pourquoi y a-t-il des forces ?
Pourquoi ont-elles la forme mathématique que nous leur connaissons ?
Nous savons maintenant que ces forces sont partout les mêmes, ici et aux confins de l’univers, et qu’elles n’ont pas changé d’un iota depuis le Big Bang.
Ce qui pose question dans un univers où tout est en changement…
[…] - Comment peut-on expliquer que les forces soient à ce point immuables ?
- Sur quelles tables de pierre, comme celles de Moise, ces lois existent-elles ?
Se situent-elles « au-dessus » de l’univers, dans ce monde des idées chères aux platoniciens ?Ces questions ne sont pas nouvelles ; on en discute depuis deux mille cinq cents ans.
Les progrès de l’astrophysique ont remis ce débat philosophique à l’ordre du jour sans pour autant nous permettre de le résoudre.
Tout ce que nous pouvons dire, c’est que contrairement à l’univers qui n’arrête pas de se modifier, ces lois de la physique, elles, ne changent pas, ni dans l’espace ni dans le temps.
Dans le cadre de la théorie du Big Bang, elles ont présidé à l’élaboration de la complexité.
De surcroît, les propriétés de ces lois sont encore plus étonnantes.
Leurs formes algébriques et les valeurs numériques paraissent particulièrement bien ajustées. - En quoi sont-elles « ajustées » ?
- Nos simulations mathématiques le montrent :
Si elles avaient été très largement différentes, l’univers ne serait jamais sorti de son chaos initial.
Aucune structure complexe ne serait apparue.
Pas même une molécule de sucre. - Pour quelle raison ?
- Supposons que la force nucléaire ait été un petit peu plus forte.
Tous les protons se seraient rapidement assemblés en noyaux lourds. Il ne resterait pas d’hydrogène pour assurer au Soleil sa longévité et pour former la nappe aquatique terrestre.
La force nucléaire est juste assez intense pour produire quelques noyaux lourds (ceux du carbone, de l’oxygène), mais pas trop pour ne pas éliminer complètement l’hydrogène.
Le bon dosage… On peut dire, d’une certaine manière, que la complexité, la vie et la conscience étaient déjà en puissance dès les premiers instants de l’univers, comme inscrites dans la forme même des lois. Non pas en tant que « nécessité » mais en tant que possibilité. - N’est-ce pas un raisonnement a posteriori ?
Nous constatons aujourd’hui que les lois ont conduit l’évolution jusqu’à l’homme.
Cela ne signifie pas qu’elles étaient faites pour cela. - C’est la question à mille balles :
Y a-t-il une « intention » dans la nature ?Il ne s’agit pas d’une question scientifique, mais plutôt d’une question philosophique et religieuse.
Personnellement, je suis porté à répondre que oui.Mais quelle forme prend cette intention et quelle est cette intention ?
Ce sont là des questions qui m’intéressent au plus haut point. Mais je n’ai pas de réponses.
D’une façon allégorique, on peut dire, avec beaucoup de guillemets : si la « nature » (ou l’univers, ou la réalité) avait eu l’ « intention » d’engendrer des êtres conscients, elle aurait « fait » exactement ce qu’elle à fait.
Bien sûr, c’est un raisonnement a posteriori, mais cela ne lui enlève pas son intérêt.- Hubert Reeves, Joël de Rosnay, Yves Coppens, Dominique Simonet, La plus belle histoire du monde, p. 40-43, Seuil, 1996…
- Dominique Simonnet (journaliste) :
Qu’est-ce qui reste mystérieux dans ce scenario des origines de l’homme que nous venons de parcourir ? - Yves Coppens :
Le grand mystère, c’est la manière dont procède l’évolution.
Dans un milieu qui change, les animaux et les hommes sont capables de se transformer pour s’adapter à de nouvelles conditions climatiques, comme s’il y avait, à chaque fois, l’échantillon de mutations adéquat pour que le bon choix puisse se faire.
L’évolution procède certainement par la sélection naturelle.
Mais suffit-elle pour expliquer u ne si merveilleuse adaptation des êtres vivants aux changements de leur environnement ?
Celui-ci induit-il plus directement des changements génétiques ?
On le comprendra peut-être dans quelques temps… - Diriez-vous que notre histoire a un sens, une logique ?
- Je ne peux que le constater : les êtres vivants aujourd’hui sont plus complexes que ceux qui vivaient il y a un milliard d’années.
Et pour ma part, je ne crois ni à la contingence, ni au hasard, qui ne semblent apparaître que lorsqu’on étudie une très courte durée. - Cela voudrait-il dire qu’il faudrait concilier la conception scientifique de nos origines avec celles des religions par exemple ?
- Ce n’est pas incompatible.
La science, finalement, ne fait qu’observer. Elle ne peut être dogmatique.
Elle sait bien que la réalité est toujours plus complexe.- Idem., p. 150-151
-
- Ces scientifiques-là (non religieux je le rappelle) disent que la sélection naturelle ne suffit pas pour expliquer comment, à chaque moment, il y a eu, comme par hasard, le bon choix qu’a fait la nature.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 4531
Date de création : 2008-12-16 17:12:48