Je viens d’apprendre qu’on lit dans un séfer Torah vieux depuis plus de 45 ans et pas cachère ! Comment est-ce possible ?

Bonjour rav Ron Chaya

J’ai appris quelque chose de surprenant à la Yéchiva du Raincy (Rav Toledano).

Voila je viens d’apprendre qu’il y a un Séfer Torah depuis plus de 45 ans (forcément puisqu’il y a une personne âgée qui témoigne là-dessus) en disant depuis mon enfance on lit dans ce Séfer Torah.
Mais il s’avère que ce Séfer n’est pas cachère !

Du coup vous vous doutez bien de la réaction des personnes ultra-orthodoxe !
Comment est ce possible ?

En fait, si j’ai bien compris la raison à laquelle il n’était pas cachère, le Séfer Torah a un problème au niveau de la lettre Vav, étant trop courte, alors elle ressemble a un Youd.

A l’instant même je me suis dit la phrase que vous citez dans la vidéo qui parle de la cacherout où vous dites

« Partout où vous allez, il y a de la magouille« 

même chez les plus religieux y’a de la magouille ; certes moins, mais y’en a.

Rav Ron Chaya, c’est incompréhensible de voir tous ces grands rabbanim à lire dans un Séfer Torah, à dire des berakhot en vain, à ne pas être quitte de la kériat HaTorah etc., etc…

Pensez vous que le mal a bien plus de poids que le bien ?
Si oui pourquoi, H’ veut qu’il y est autant de mal que de le glorifier de le sanctifier ?

Merci

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Jonathan,

D’abord, permets-moi de te calmer.

  • Sache que ce n’est pas forcément parce qu’on a trouvé une erreur dans un sefer Tora c’est qu’il y a de la  »magouille ».
    L’erreur est humaine.
    Après tout, dans un sefer Tora, il y a plus de 79000 lettres et aussi consciencieux que sera le scribe, après tout c’est un être humain et il a pu faire une erreur.
  • De même, bien que chaque sefer Tora soit vérifié plusieurs fois avant d’être vendu, le vérificateur aussi est un être humain et de nouveau l’erreur est humaine.
  • De plus, il se peut que le Séfer Torah ait été cachère et qu’après 45 ans, une partie de l’encre se soit désagrégée ou se soit décollée et le Vav est devenu un Youd.
  • De plus, vu que tu me dis que l’erreur est dans un Vav qui est devenu un Youd ;
    Très souvent les Vav dans un Séfer Torah font partie des ‘hasserot et yeterot, et étant donné qu’on n’est pas baki dans cela, il se peut tout-à-fait que le fer Torah est cachère.
  • De plus, même si on admettait que le fer Torah n’est pas cacher, néanmoins, des grands décisionnaires comme Maïmonide, prétendent que bien qu’il n’e soit pas cachère pour la mitsva d’écrire un fer Torah, il reste cacher pour la lecture de la Torah en public.

La halakha n’est pas comme ça ; cependant, vu que des grands poskim disent que c’est valable, la halakha a été tranchée dans le Choul’han Aroukh chapitre 43 tome Ora’h ‘Haïm ainsi :

  • A priori on n’a pas le droit de sortir un fer Torah qui n’est pas cachère pour en faire la lecture publique, même si on n’en a pas d’autre cachère, car la majorité des décisionnaires tranchent qu’il n’est pas valable pour la lecture publique.

    Néanmoins, si on a déjà lu une partie de la Paracha (ou toute la Paracha pendant 45 ans), bédiavad, c’est-à-dire a postériori, on compte sur la minorité des décisionnaires, dont Maïmonide, qui disent qu’on peut lire dans un fer Torah qui n’est pas cachère.
    Et d’après la halakha, la lecture publique dans ce fer Torah non cachère, a postériori, est considéré comme valable.

Il n’y aura pas besoin par exemple de sortir un autre fer Torah pour refaire la lecture de la Paracha de ce Chabbat.
Mais vu qu’on n’aura pas le droit a priori de lire dans ce fer Torah, on devra le changer, mais on ne lira que depuis l’endroit où on a découvert l’erreur.
On n’aura pas besoin de relire depuis le début de la Paracha.
(il sera bien cependant de faire monter sept personnes après qu’on ait changé le fer Torah, mais ce n’est pas obligatoire, ce n’est qu’une mesure de piété).

Pour Rabbi Yossef Caro (le Choul’han Aroukh des sefaradim), quand on découvre une erreur au milieu de la lecture, celui qui est monté à la Torah ne fera pas la berakha d’après la lecture, on changera le fer Torah, et après avoir lu dans le deuxième fer Torah qui est cachère, il fera la berakha d’après la lecture.

Pour les achkénazim, une fois qu’on a trouvé l’erreur, la lecture s’arrêtera et celui est monté à la Torah fera immédiatement la berakha d’après la lecture de la Torah sur le fer Torah qui n’est pas cachère !
Donc on voit que toutes ces lectures qui ont été faites pendant 45 ans, même si on admet qu’il y a vraiment une erreur dans ce fer Torah, sont tout à fait valables a posteriori.

Pour répondre à la fin de ta question :

Le mal a le même poids que le bien, simplement vu que le bien est vrai, il y en a très peu, car s’il était en même quantité que le mal, personne ne choisirait le mal.
Donc il y a beaucoup beaucoup de mal pour très très peu de bien, mais celui qui veut vraiment arriver à la vérité et au bien peut y arriver.

Pourquoi D. fait-il qu’il y ait tellement de mal?
Pour nous donner plus d’amplitude d’être, il y aura plus de glorification et de sanctification de D. dans l’obscurité que dans la lumière.

Comme disent ‘Hazal:

« Une bougie en plein jour n’éclaire pas.
Une bougie au milieu de la nuit éclaire ».

J’explique cela plus profondément dans les cours le but de la vie (1/2) et le but de la vie (2/2).

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Agav 

 

Référence Leava : 7189
Date de création : 2009-10-26 17:10:08