Je veux évoluer mais j’ai peur de me lancer trop vite. Comment gérer l’avis de mes parents qui pensent que je suis une extrémiste ?

Bonjour rav,

Je vous écrit parce que cela fait déjà un moment que j’ai commencé à faire Chabbat, tefila le matin, hilkhot lachon hara, cours de Torah….

Mais dernièrement j’ai eu comme un déclic et je ressens vraiment le besoin de me rapprocher de Hachem et de me mettre en conformité avec ce qu’il attend de moi….

Tout ce que j ai pris sur moi jusqu’à présent je l’ai fait par identification aux gens mais aujourd’hui je ressent ce besoin de proximité comme jamais c’est comme ci que je commence ma vraie techouva maintenant.
J’ai envie d’évoluer rav prendre la tsniout, chomeret neguila, ne plus regarder la télé…

MAIS J AI peur de trop vite partir dans les extrêmes et en même temps j ai cette soif d’apprendre et de faire parce que maintenant j ai compris pour qui je le faisais.
Je ne sais pas comment m’y prendre ni par ou commencer: j ai acheté les yalkout yossef pour enfin savoir quel est mon devoir de fille juive mais j’ai du mal rav à ressentir les choses quand je lis « ca tu peux ca tu peux pas » et mon problème c’est que je n’arrive pas à faire les choses que je ne ressens pas parce que je ne les faits pas pour D… mais par hypocrisie

Que faire?
Commencer à les faire et les ressentir après ?
Les comprendre pour les ressentir?
Si oui comment les comprendre ?

– Un autre problème se pose à moi rav, c’est celui de mes parents.
Il sont traditionalistes « par identification » ils ne me comprennent pas.
Ma mère me dit que je deviens extrémiste, et moi je n’arrive pas a faire le juste milieu je veux avancer et je dois respecter mes parents c’est tellement dur quand on en voit pas les choses de la même manière.
Ils croient que je veux leur imposer mes idées et me reprochent de pas les respectés pour cela.
Mais rav je commence à ouvrir les yeux sur une voie que je pense bonne et ça me tue de voire que les gens que j’aime ne voient pas cette voie?

Dois- je me taire par respect pour eux et avancer dans mon coin jusqu’au jour ou je me marie et et pourrai enfin diriger mon foyer comme je le conçois ?
Que dois-je faire de l’avis de ma mère qui croit que parce que je veux faire plus je remet en cause son éducation alors que c’est faux je veux juste faire plus ?

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom,

Sache que ce sentiment que tu as de vouloir te rapprocher de D. est extrêmement pur et c’est un grand cadeau que D. t’octroie.
Il faut tout faire pour ne pas rater cette main qui est tendue vers toi.
Néanmoins il est vrai aussi qu’il ne faut pas aller trop vite.

À mon avis, il faut procéder ainsi : commencer à acheter par exemple quelques habits tsniout, et quelques jours s’habiller tsniout, et quelques jours pas.
Et lentement, ainsi, progresser.

Tu peux commencer par Chabbat seulement, puis tu rajoutes un jour par semaine, etc.
De même pour chomer neguia.
Au début, c’est toi qui n’ira pas vers les gens pour leur faire la bise ou leur serrer la main, mais si c’est eux qui viennent vers toi, réponds quand même, et puis lentement tu commences à réduire, tu deviens chomer neguia avec ton entourage éloigné mais pas avec les proches.
Et puis ensuite avec les proches.
De même avec la télé, il faut aller étape par étape.

Tu as besoin aussi d’être « boostée » car pour ressentir les choses, il faut de l’information, donc informe-toi beaucoup en lisant beaucoup, pas seulement des livres comme le Yalkout Yossef qui disent le permis et l’interdit, mais des livres qui expliquent les raisons profondes, la grandeur de D., la beauté de l’âme juive, etc., et ainsi tu auras une envie intérieure de pratiquer, car quelqu’un qui est amoureux veut exprimer son amour.

Comment exprimons-nous notre amour à D. ?
En pratiquant Ses lois, car par cela on réalise sa volonté. Il est vrai que tu dois de toute façon faire un effort par rapport aux pulsions du corps car le corps ne connaît pas D. donc forcément il ne ressent rien et il faut un peu le forcer.
Mais tout doit être fait avec mesure, car si on va trop vite, effectivement, il y a toujours un risque de retour de manivelle.
Il faut faire attention aussi de ne pas aller trop lentement.
A toi de juger et d’être intelligente.

A propos de tes parents : consulte le cours « Techouva et entourage » ainsi que le cours Fin et performant sur les réactions des gens qui sont dans l’entourage des gens qui font téchouva.

La première chose que tu dois faire, c’est simplement dire à tes parents qu’en aucun cas tu ne leur imposes tes idées.
Ils sont absolument libres de faire ce qu’ils veulent, de vivre comme ils veulent.
Tu ne leur diras pas quoi manger ni quoi faire.

Mais, de même que tu es tolérante avec eux, à eux de faire preuve de tolérance et te laisser faire tes choix.

Tu ne remets pas en question leur éducation, mais au contraire, comme tu le dis très bien, tu utilises l’éducation qu’ils t’ont donnée pour faire des choix que tu juges intelligents.
Ils doivent accepter qu’à un certain âge on devient majeur et qu’on peut faire ses propres choix.
Ils doivent être tolérants avec toi
(d’habitude, quand une personne fait téchouva, son entourage le traite d’intolérant, mais en fait c’est exactement le contraire car la personne qui fait téchouva doit bien expliquer aux gens qu’elle ne leur demande rien et qu’ils ne doivent absolument pas changer pour elle.
Et de même qu’elle fait preuve de tolérance, elle leur demande à eux aussi d’avoir la grandeur d’âme suffisante pour accepter ses choix et faire preuve ainsi de tolérance).
Dis aussi à tes parents qu’il est dommage que vos relations se gâchent pour ces bêtes considérations religieuses, que tu sens une attirance vers D. et la Torah, que de toute façon tu ne pourras pas refreiner, donc ce serait dommage de partir en guerre pour cela.

Tu les aimes et tu veux rester en paix avec eux.

Bien sûr, tu devras bien faire attention de ne rien leur imposer.
Donc ils feront leur ‘hilloul Chabbat, ils mangeront ce qu’ils voudront.
Tu n’as pas le droit de manger taref, mais tu peux manger à la maison une cacherout de moins bonne qualité pour préserver la paix dans ta maison.

En tous cas, tu dois absolument ne pas vouloir les changer car c’est cela qui crée leur méfiance, voire leur haine, envers ta nouvelle voie.

Quoi qu’il en soit, il est clair – et tu peux montrer cela à tes parents – que la mitsva d’honorer ses parents ne peux pas légitimer le fait de transgresser quoi que ce soit des interdits de la Torah, comme il est écrit dans le 5e des dix commandements :

« Honore ton père et ta père car Je suis l’Éternel ».

Pourquoi est-il écrit « car Je suis l’Éternel » ?
Pour nous indiquer que si l’Éternel nous dit une chose et nos parents une autre, on devra écouter l’Éternel et non nos parents, car nos parents sont tenus eux aussi de respecter la volonté de l’Éternel.

Donc il est clair qu’il est préférable d’agir dans la paix, mais si nos parents font preuve d’intolérance et sont mécontents de notre rapprochement de la Torah, ce n’est certainement pas une raison pour arrêter notre progression, au contraire.
On continue et, en fait, nous procurons par cela beaucoup de bien à l’âme de nos parents car si nous continuions dans l’éducation traditionaliste qu’ils nous ont donnée et qu’à cause de cela nous faisions beaucoup de péchés, lorsqu’ils arriveraient au olam haba, ils seraient jugés justement sur nos péchés dus à leur éducation.
Et dans la mesure où nous faisons téchouva, chose qui est due aussi, quelque part, à leur éducation, nous leur donnons ainsi de très grands mérites dans olam haba.

Il est clair qu’ils ne peuvent pas comprendre cela aujourd’hui, et il ne faut pas le leur dire, mais toi tu dois le savoir.

En te rapprochant de D, tu fais bénéficier tes parents de beaucoup de lumière et de bontés éternelles.

Que D. t’aide, n’hésite pas à me réécrire si tu as quelque questionnement que ce soit.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 7597
Date question sur Leava : 2009-12-07 20:12:30