Je trouve étrange qu’une personne qui fait téchouva avant de mourir transforme tout son passé en bien.

Bonjour Rav,

Voila…
On m’a parlé récemment d’un passage dans la Torah ou l’on disait qu’une personne qui a fait téchouva à la fin de sa vie, même quelques temps avant de mourir (si la personne, étant malade et sachant que sa maladie finira bientôt par l’emporter), et bien cette personne aura le même « mérite » qu’une personne qui a fait la misva toute sa vie.

Je trouve que ce passage est plutôt étrange, parce que si l’on prend le cas du Chabbat par exemple, ou si une personne fait toutes les averot du monde possibles et inimaginables (ne pas faire Chabbat également), qu’elle ne fait aucun effort pour s’améliorer et lutter contre le péché, comment est-ce possible que cette personne qui aura fait téchouva en fin de vie, et décide brusquement de faire Chabat par exemple, ou de s’améliorer, ait le même « mérite  » aux yeux de D., voir plus de mérite qu’une personne qui a fait l’effort toute sa vie dans son quotidien (se retenir de faire du lachon hara etc…) ?
Même si sa techouva est sincère, même si elle a fait un effort supplémentaire que le notre (qui en avons l’habitude), mis a part cette volonté là, comment est ce possible ?

Alors autant faire toutes les averot qui nous chantent et ensuite attendre la fin de notre vie pour faire me’hila, sachant que j’aurai le même statut que ceux qui se sont obstinés a lutter contre leurs yester hara toute leur vie…

Quoi qu’il en soit, je sais que c’est pour soi-même qu’on lutte contre le péché, pour éviter de se corrompre, avoir du savoir vivre, éviter de parler sur les gens….
Tout cela aide à forger un caractère correct.

MAIS je trouve néanmoins que ce passage n’est pas logique !

Pouvez vous m’éclairer ?
Peut-être ai je mal compris l’explication , ou mal interpréter ?

Merci Rav.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Maïmonide, Hilkhot Techouva chapitre 2, cite 3 périodes pendant lesquelles une personne peut faire téchouva :

  1. Lorsqu’elle est jeune et a encore toute sa force.
  2. Lorsqu’elle est vieille.
  3. Le jour de sa mort.

Maïmonide dit que si une personne fait téchouva lorsqu’elle est vieille, bien que ce ne soit pas une téchouva de choix, aussi bonne que lorsqu’elle est jeune, elle est néanmoins appelée baal téchouva .
Par contre, si elle fait téchouva le jour de sa mort, on lui pardonne tous ses péchés mais elle n’a pas le statut de baal téchouva.

Il est écrit dans le Talmud (Berakhot page 34B) que le baal téchouva se trouve à un niveau plus haut qu’un tsadik parfait (on parle ici d’un vrai baal techouva à tous les niveaux, c’est-à-dire qui s’est beaucoup rapproché d’Hachem, qui étudie la Torah, qui prie avec intention, qui s’éloigne du péché etc., et cela pendant longtemps).

Donc même si une personne fait techouva dans sa vieillesse, elle pourra accéder le statut de baal techouva.

Néanmoins, si elle fait téchouva le jour de sa mort, bien qu’on lui pardonne ses péchés, elle n’atteindra pas ce niveau extraordinaire qu’est celui du baal téchouva qui lui permet d’être plus haut qu’un tsadik parfait.

Comment se fait-il qu’une personne qui fait techouva dans sa vieillesse puisse atteindre un niveau aussi haut alors qu’elle a péché toute sa vie ?
Ainsi est la force de la téchouva.

En effet, pour arriver à ce niveau, la personne devra fournir des efforts équivalents aux efforts qu’une personne aurait dû fournir pour faire des mitsvot toute sa vie et ne pas pécher.
Car tous les péchés qu’elle a faits dans sa vie l’empêchent de faire téchouva , et si elle veut arriver à faire téchouva, elle doit se battre contre des forces colossales.
Si elle y arrive, ces efforts fournis lui permettront d’obtenir le statut de baal téchouva.

Il faut savoir qu’une personne ne peux pas dire :

« Je vais pécher et ensuite je ferai téchouva » car il est écrit que celui qui dit ainsi, du ciel on l’empêche de faire téchouva . Cela ne signifie pas que sa téchouva est absolument impossible, mais elle sera cependant extrêmement difficile car du ciel, on fera beaucoup de choses pour l’en empêcher.
En effet, la téchouva provient d’un sentiment de pureté qui nous envahit subitement et qui nous fait regretter nos mauvaises actions.

D’où vient ce sentiment de pureté ?
Il faut un certain mérite pour que du ciel on nous l’accorde ; mais une personne qui dit « Je vais pécher et ensuite je ferai téchouva » ne pourra pas bénéficier de ce souffle de pureté.

De plus, il est aussi écrit que vu qu’on ne connaît pas le jour de notre mort, il nous est déconseillé de faire des avérot toute notre vie en se disant qu’on fera téchouva un peu avant notre mort.
Car il se peut et il est même très probable qu’on meure avant qu’on décide de faire techouva, et on aura tout perdu.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Agav

 

Référence Leava : 18638
Date de création : 2012-06-07 23:06:03