« Je suis Brahman » : telle est l’affirmation védique pour se libérer des réincarnations !

Bonjour,

Comme à mon habitude, j’ai réfléchi au calme à tes vérités métaphysiques (car ce sont des sujets qui demandent une réflexion certaine).

• Dieu, selon les témoins de Jéhovah (et les autres chrétiens ainsi que les musulmans) a créé EX NIHILO (du néant) tout l’Univers.
• Si Dieu a créé tout à partir de rien, est-ce que ce rien « existait » avant Dieu (qui est l’Être) ou après qu’il en fasse un « quelque chose »… ?
• Qu’est-ce qu’il y avait avant la Création de Dieu ? Dieu uniquement, ou Dieu et un néant (à exploiter) ?

Dans le cas où Dieu crée tout à partir de rien, le néant apparaît comme un autre « Dieu », un Non-Être qui coexiste depuis toujours avec l’Eternel sans début ni fin, c’est-à-dire avec l’Être sans naissance ni mort que nous sommes aussi du fait de notre âme qui transmigre dans le cycle sans commencement des réincarnations.

Le néant est incompatible avec l’Infinité de Dieu. Si Dieu est l’Infini, si l’Infini est l’Être, alors comment peut-il y avoir une place pour le « rien », ce qui n’existe pas ?

Le point de vue hindou est le suivant :
Une fois que notre âme incréée et indestructible s’est libérée de ce cycle des réincarnations, elle est Dieu, la Totalité, l’Infini.

Aham Brahmasmi :
« Je suis Brahman (Âme universelle, Dieu) », telle est l’affirmation védique pour se libérer des réincarnations.

Selon l’hindouisme, quand Dieu « inspire », les univers innombrables sont créés ; quand Dieu « expire », les univers innombrables sont détruits : et Dieu inspire et expire depuis toujours et à jamais (les univers se créent et se détruisent à l’infini) : où est la place pour ce que l’on nomme le néant ?

L’antique tradition brahmanique considère que le néant est seulement un concept mental, une illusion, un mirage intellectuel, et qu’il n’a pas de réalité tangible.

Le philosophe Bergson va dans ce sens, aussi.

Dans le chapitre IV de L’Evolution créatrice, Bergson se consacre à la critique de l’idée de néant.

Le néant absolu est une notion absurde, tandis que le néant relatif (comme lorsqu’on dit dans la vie de tous les jours : « il n’y a rien ») ne fait qu’exprimer la déception consécutive à une attente : c’est un constat de manque de ce qu’on désirerait et de ce à quoi on s’attendrait.

Les propositions métaphysiques dans lesquelles apparaît le mot « néant » sont un excellent exemple de propositions trompeuses, sans aucun sens, car si elles ont bien une forme syntaxique linguistiquement correcte, elles sont intraduisibles en un langage logiquement correct.

Le mot « néant » n’est utilisé dans les langues naturelles que pour formuler des propositions existentielles négatives (« Il n’y a rien dehors » signifie « il n’y a pas quelque chose qui soit à l’extérieur ») ; et pourtant il est utilisé par les métaphysiciens comme si il était vraiment quelque chose.

Or, le néant n’est pas « quelque chose » précisément.

Le propre du néant est de ne pas exister.

Le Seigneur Krishna dit dans la Bhagavad-Gita (II, 16) : « Pas d’existence pour le néant (le non-être ne peut pas être), l’être ne cesse jamais d’être (l’éternel est immuable). »

« Le non-être n’est pas, donc il n’est rien » disait aussi Parménide.

Le concept du néant est le résultat d’un malentendu intellectuel, mais il n’a pas de substance, justement parce qu’il « est » néant et n’existe que dans nos pensées éphémères, et non dans la Réalité.

Le néant n’est qu’un idée humaine, ce n’est pas la Totalité, l’Être en tout et en tous.

L’hindouisme ne croit pas au néant, pour cette raison il croit à la réincarnation et à l’Infini auquel on peut s’unir pour vivre le bonheur ineffable de la paix totale.