Je ne comprends pas comment un seul couple a pu donner naissance à toute l’humanité ?

 

Bonjour Rav Ron Chaya,

J’ai une question qui me fait souvent réfléchir et personne ne m’apporte de réponses claires et précises.
Je ne comprends pas l’histoire d’Adam et Ève, comment un couple a pu donner naissance à toute l’humanité, cela implique que les frères et sœurs se sont reproduits entre eux, et cela me pose un vrai souci d’éthique.

De plus c’est écrit noir sur blanc dans la Torah qu’il ne faut pas avoir de relations sexuelles avec sa sœur (Lévitique 18 ,9).

Je sais qu’il y a une réponse logique à mon interrogation et que vous la connaissez.
Merci d’avance.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Alex,

Effectivement, la Torah dans Vayiqra chap. 18 verset 9 interdit la relation sexuelle avec sa sœur.

Dans ce verset la Torah dit à ce propos « ‘hessed hou ».
Que signifie « ‘hessed hou » ?

Il y a le sens simple et le sens midrachique (allégorique).

  • Au niveau du sens simple,
    • Le mot ‘hessed signifie que c’est une chose honteuse.
    • La honte se dit en hébreu ‘hérpah et le targoum traduit ce mot en araméen (dans Béréchit chap. 34 verset 14) par ‘hissouda, c’est-à-dire la forme araméenne de ‘hessed.
      • Donc la Torah dit qu’il y a une honte à avoir une relation sexuelle avec sa sœur.
  • Le mot ‘hessed signifie aussi acte de bonté et en cela il y a le sens allégorique, qu’Hachem a fait un acte de bonté avec Son monde en faisant naître avec Qayin et Hevel des sœurs jumelles avec lesquelles ils ont eu des enfants, et c’est ainsi que le monde a pu exister, comme il est marqué (Téhilim 83,9) :
    • « Olam ‘hessed yibané », « le monde sera créé par le ‘hessed », par un acte de bonté.
      • Lequel ?
        • La cohabitation entre frères et sœurs.
          • C’est-à-dire que bien qu’Hachem interdit de façon catégorique ce type de relation, dans certains cas comme celui de Qayin et Hevel, Il l’a autorisé et par cela Il a fait un acte de bonté avec l’humanité.
  • Comprends que si Hachem autorise une chose, elle n’est plus interdite, donc aujourd’hui cet acte est désormais interdit pour toute l’humanité mais lors de la création, il n’était non seulement pas un interdit mais même considéré comme une mitsva louée par la Torah.
    • D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls pour qui ce fut autorisé car d’après un certain avis les fils de Ya’akov se sont mariés avec leurs sœurs jumelles

Au revoir,
Rav Ron Chaya

*Rachi sur le verset :

Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler ; mais il refusa toute consolation et dit :
« Non! Je rejoindrai, en pleurant, mon fils dans la tombe! »
Et son père continua de le pleurer.

  • Et toutes ses filles
    • Rabi Yéhouda a enseigné (Béréchit Raba 84, 21) :
      • Une sœur jumelle était née avec chacun des chefs de tribu, qu’ils ont épousées.
    • Rabi Né’hémia a enseigné :
      • C’était des Kena‘anies.
    • Mais pourquoi est-il écrit : « ses filles » ?
      • C’était ses belles-filles, mais on appelle communément son gendre « fils », et sa belle-fille « fille ».
  • Il refusa d’être consolé
    • On n’accueille pas de consolation pour une personne en vie, en pensant qu’elle est morte
      • (Béréchit raba 84, 21).
    • Car c’est aux morts que s’applique le décret divin qui les fait tomber dans l’oubli, pas aux vivants
      • (Pessa‘him 54b).
  • Car je descendrai vers mon fils (èl beni)
    • C’est comme s’il était écrit : ‘al beni (« à cause de mon fils »).
      • La préposition èl (« vers ») est souvent substituée à ‘al, comme dans : « à cause (èl) de Chaoul et à cause (weèl) de la maison du sang »
      • ou dans : « à cause (èl) de départ de l’arche de Dieu et de la mort de son beau-père et de son époux »
  • En deuil dans la tombe
    • Le mot Cheol, au sens simple, signifie « la tombe ».
    • « J’irai dans la tombe avec mon deuil, sans trouver de consolation jusqu’à la fin de mes jours. »
      • Selon le Midrach, il s’agit du guéhinam :
        • « J’ai reçu du Tout-Puissant un signe m’assurant que, si aucun de mes enfants ne meurt de mon vivant, je serai assuré de ne jamais voir le guéhinam »
          • (Midrach Tan’houma Vayigach 9).
  • Son père le pleura
    • Il s’agit de Yts’hak, qui pleurait à cause de la souffrance de Yaakov, mais sans porter le deuil de Yossef, puisqu’il le savait vivant.
      • (Béréchit Raba 84, 21).

Référence Leava : 22850
Date de création : 2013-02-23 15:02:57