J’ai perdu ma mère d’une lourde et douloureuse maladie. Je voudrais connaître les interdits de deuil afin de faire monter l’âme de ma maman au ciel.

 

Bonjour Rav Ron Chaya,
Cela fait quelques temps que je m’intéresse à votre pensée judaïque et que je suis vos cours…

J’ai perdue ma mère de douloureuses et longues maladie , d’un cancer du poumon, et depuis ce jour là je suis anéanti et je souffre de son absence…
J’aimerai avoir vos conseils et surtout strictement les choses à faire et ne pas faire concernant mon année de deuil pour que son âme repose en paix car il y a beaucoup de divergences de pensées autour de moi…et je n’arrive plus à savoir le vrai du faux…

Pouvez-vous m’expliquer concrètement toutes les interdictions pendant le deuil de ma mère, concernant la baignade, les anniversaires, le fait d’offrir quelque chose à quelqu’un? ; les dîners entre amis, les vêtements neuf me concernant, et ce que je dois faire des habits, chaussures et affaires personnelles de ma mère.

J’ai lu quelques une de vos réponses sur l’interdiction de la musique…

  • Est-elle si stricte que ca ?
  • Si la musique que j’écoute me rappelle ma mère et me conforte dans les souvenirs ?
  • Et si mon ami met un fond de musique dans la voiture (car lui n’est pas en deuil) ?
  • Faut-il que ce soit une volonté de notre part vraiment ?
  • Car actuellement il y a de la musique un peu partout , les magasins etc. etc. .

Je culpabilise face à tout ça d’avoir peut-être fait des erreurs à l’égard du repos de l’âme de maman….

j’aimerai avoir votre aide car je vous suis depuis longtemps….
Toda Raba.
Merci d’avance.

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Tout d’abord, qu’Hachem vous envoie consolation pour le décès de votre mère, à vous et à toute votre famille, Amen.

Je vais vous citer plus bas les lois concernant l’année de deuil de votre mère, mais auparavant, comprenez la chose suivante :

Aujourd’hui, votre mère a été jugée dans le ciel et elle a hérité d’une certaine place dans le olam haba, dans le monde à venir.
Cette place est éternelle et elle ne pourra jamais monter plus haut que la place qui lui a été désignée.
Néanmoins, il est marqué que les enfants des parents « sont comme leur pieds », c’est-à-dire qu’une fois que la personne est décédée, elle est immobile, mais grâce aux pieds, elle peut avancer.

Comment ?
Grace à ses enfants.

Si ses enfants font des mitsvot, alors le mérite de ces mitsvot revient aux parents, et ainsi, grâce aux enfants, bien que les parents soient morts et ne peuvent plus faire de mitsvot, ils peuvent néanmoins monter de monde en monde dans les mondes supérieurs du paradis grâce aux mérites des mitsvot que font leurs enfants.

Donc bien que vous ayez une certaine mitsva de suivre les lois de deuils, sachez qu’elles ne sont pas essentielles.
Il est certain qu’il faut les appliquer à la lettre, mais l’essentiel, si vous voulez vraiment faire monter votre mère et lui procurer le plus grand bien dont elle a vraiment besoin est de vous renforcer de la façon maximale dans l’observance de la Torah.

Je ne vous connais pas, et je ne sais pas quel est votre degré de pratique, et c’est pour cela que je vais vous donner quelque petites notions en vrac.

Les choses les plus importantes du judaïsme sont :

  • Le Chabbat et les lois d’interdictions sexuelles, c’est-à-dire toutes relations sexuelles hors mariage, ou même avoir les relations dans le cadre du mariage sans l’application des lois de pureté familiale.
  • Ensuite vient la Cacherout.
  • Puis les lois de pudeur vestimentaires.
  • Une fois tout cela acquit, il y a les prières qu’on doit faire à Hachem tous les jours ;
  • Les bénédictions qu’on fait avant de consommer, après avoir consommé ;
  • L’éloignement que le monde féminin doit avoir du monde masculin, à savoir pas de contacts physiques, respecter les lois d’isolement avec un homme…
  • Donner la tsédaka.

Bref, il y a ici un programme chargé qui est vraiment l’essentiel de ce qui peut amener du bien à votre mère.

Comprenez bien cela, car si vous vous le comprenez, votre mère vous en sera extrêmement reconnaissante.
Ceci dit, je passe à présent aux lois de deuils vous concernant durant cette année.

En guise d’introduction, sachez qu’il y a beaucoup de coutumes qui diffèrent entre les communautés, et ce que je vous écris correspond aux coutumes séfarades pratiquées en Israël (je pense que le fait que vous soyez en France ne change rien à leur validité).

Les membres de la famille d’une personne endeuillée durant l’année pour ses parents tacheront de ne jamais écouter de la musique dans cette maison, même quand la personne endeuillée est absente, cela est préférable ; par contre, il est vraiment interdit qu’ils écoutent de la musique lorsque la personne endeuillée est présente.

Pendant les 12 mois après l’enterrement de votre mère, vous n’avez pas le droit de participer à des excursions organisées, ou à des évènements dans lesquels il y a de la musique jouée par les instruments.
De même, vous ne pouvez pas écouter de la musique enregistrée.
Par contre, si vous êtes dans un magasin ou autre lieu publique, où il y a de la musique, vous n’avez pas d’obligation d’en sortir, de même si votre portable sonne avec une musique, il n’y a aucun problème à cela.
Idem si vous vous trouvez chez des amis mais néanmoins, il faudra essayer de ne pas profiter de cette musique.
Si vous vous trouvez dans un endroit où il y a de la musique pendant longtemps, essayez de ne pas faire attention à cette musique et de ne pas en profiter.

A priori, vous ne participerez pas à un repas de fiançailles, mais s’il y a des paroles de Torah pendant ces fiançailles, et qu’il n’y a pas d’orchestre, d’après certains avis, cela vous est autorisé.

Vous ne pouvez pas participer à un mariage, mais si la cérémonie nuptiale a lieu dans une synagogue, ou à l’extérieur d’un bâtiment, vous pourrez y participer.
Par contre, vous n’aurez pas le droit de participer au repas de festivité du mariage.
Néanmoins, si c’est un proche très proche parent qui se marie et que votre absence durant les festivités va le rendre triste, il vous est autorisé d’être présente, à condition que vous mangiez dans une salle à part, et lorsque vous serez dans la salle principale des festivités, vous participerez au service (servir les plats, les boissons aux invités, etc.).

Il vous est permis de participer à des repas de mitsva, tels que ceux de Bar Mitsva, Brit mila, Pidion ha-ben, à condition qu’il n’y ait pas d’instrument de musique et qu’on y dise des paroles de Torah.
Il y a cependant une mesure de piété à ne pas y participer.

Vous avec le doit de participer aux festivités d’une akhnassat Sefer Torah (inauguration d’un nouveau Séfer Torah), bien qu’il y ait là-bas de la musique.

Vous pouvez utiliser tous les habits de votre mère, excepté les chaussures.
Certains avis disent qu’il n’est interdit d’utiliser que les chaussures que la personne défunte portait au moment de sa mort ; d’autres disent que toutes ses chaussures ne peuvent plus être utilisées (par contre, il vous est permis de les vendre).

Vous pouvez acquérir les habits neufs, à trois conditions :

  1. Que quelqu’un vous disent : arrête de porter tes habits de deuil
  2. Que l’on mette pour la première fois l’habit neuf à l’occasion de l’une des trois grandes fêtes (Pessa’h, Chavouot et Souccot)
  3. Que 30 jours se soient écoulés depuis le décès.

Je vous rappelle que toutes ces lois peuvent varier entre un rabbin et un autre et d’une communauté à une autre car elles sont essentiellement basées sur des coutumes, or les coutumes changent d’un endroit et d’une communauté à l’autre.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 18852
Date de création : 2012-06-19 02:06:48