Etude de la Torah VS compte du Omer ? VS prier en minian… Quoi passe avant ?

Chalom Rav,

J’ai quelques questions à vous poser s’il vous plait.

1. La semaine dernière, j’étudiais avec ma havrouta le soir, j’avais déjà compté le omer et pas ma havrouta. Je lui conseillais de le faire tout de suite pour ne pas oublier et il a refusé en arguant du principe selon lequel on ne doit absolument pas s’interrompre pendant l’étude et qu’il compterait le omer dès qu’on aurait terminé l’étude. J’ai tout de même insisté en lui disant qu’il pouvait perdre une mitsva précieuse s’il oubliait mais il était décidé à continuer tout de suite le cour de tora sans perdre de temps et c’est ce qu’on a fait. A la fin de l’étude, il avait oublié et je lui ai rappelé de le faire.
Du coup, ma question est la suivante : peut-on considérer dans ce cas là que s’applique le principe selon lequel on ne doit pas interrompre son étude sauf si se présente à nous une mitsva qu’on est le seul à pouvoir faire (en l’occurrence la mitsva de compter le omer que l’on risque d’oublier).
Je trouve cette question un peu difficile car le fait de rater la mitsva en l’espèce n’est qu’un risque, certes important, mais en aucun cas une certitude.

2. Ce chabbat dans les pirké avotes, on a lu notamment le perek suivant :  » Rabbi Chimon a dit : celui qui marche dans le chemin et étudie et interrompt son étude et dit : qu’est ce qu’il est beau cet arbre, qu’est ce qu’il est beau ce champs, l’écriture considère qu’il compromet sa vie ». Et Rabbi Ovadia Mibarténoura d’expliquer qu’il en est ainsi même s’il s’était interrompue pour faire la bénédiction « Baroukh chekakha lo beolamo ». Pourquoi ne considère-t-on pas qu’il s’agit d’une mitsva qu’on est le seul à pouvoir faire ?

3. a. Il y a quelques mois, un minian a été organisé à l’heure où je fais ma havrouta par téléphone. Je leur ai dit, sachant qu’ils m’avaient confirmé être minian sans moi, que je n’étais pas disponible en prenant en compte le principe selon lequel il ne s’agissait pas d’une mitsva que j’étais le seul à pouvoir faire. Au téléphone j’ai expliqué cela à ma havrouta qui m’a dit que j’aurais dû aller au minian car la prière en minian est très importante. Je lui ai dit que je ne pensais pas en raison du principe selon lequel la tora passait avant sachant que d’autres pouvaient faire cette mitsva du minian.

b. J’aurais tout de même pu dans ce cas ne pas faire ma havrouta et aller au minian pour étudier seul après la prière mais mon étude n’aurait pas été la même car ma havrouta étant plus fort que moi en guemara, il m’explique des principes que je ne comprends pas parfois et j’arrive bien à comprendre avec lui et donc mon étude aurait été beaucoup moins bénéfique. Dans ce cas dois je privilégier l’étude avec ma havrouta et ne pas aller à la prière qui a un minian sans moi ou dois-je ne pas étudier en havrouta pour étudier plus tard seul afin de ne pas rater la prière ?

Je vous avoue que c’est un petit peu flou l’application de cette loi pour moi.

Si je vous pose ces questions ce n’est absolument pas pour une histoire d’ego pour dire que c’est moi qui ai raison ou pas, c’est juste pour apprendre la halakha. On s’entend super bien avec ma havrouta et on hésite pas à s’aider pour qu’on puisse progresser tous les deux.

Je vous remercie Rav Ron Chaya, que des bonnes choses pour vous.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Le Rav Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal dans son livre Or Létsion, tome III, p. 175 prouve que d’après Maran dans le Choul’han Aroukh, on doit compter le Omer au début de la nuit, sans quoi, ce n’est qu’un bédiavad.

    Plusieurs possekim tranchent ainsi :

    – Tossefot,
    – Rabbénou Tam,
    – Le Griz,
    – Le ‘Hayé Adam,
    – Le Michna Beroura
    – Ainsi affirme également le Rav ‘Hida dans Moré Baetsba, chap. 7, al. 216.

    Le Caf Ha’haïm rapporte d’après la kabala que plus on retarde la sefirat haomer, plus intervient une a’hiza, une emprise des forces du mal.

    Dès lors, la question n’est plus :
    Peut-on cesser d’étudier la Torah lorsque se présente une mitsva que l’on peut remettre à plus tard, sachant que si on la repousse, elle ne sera plus que bédiavad et on aura donné ‘has véchalom, une emprise aux forces du mal.

    Il faut donc la faire le plus tôt possible, même aux dépens de l’étude de la Torah.

    Le Choul’han Aroukh Harav, ch. 4 de Hilkhot Talmoud Torah 3 dit qu’il faut arrêter d’étudier pour pouvoir réaliser une mitsva d’après la halakha dans toutes les conditions nécessaires, dans tous ses détails et la minutie requise, même des lois dérabannan, de façon la plus parfaite possible.

  2. Il ne s’agit pas d’une mitsva obligatoire mais facultative.

    Lorsque l’on voit de beaux arbres ou une belle créature, on doit faire la berakha ; mais nous n’avons pas l’obligation d’aller voir ces arbres et ces créatures pour pouvoir faire la berakha.

    Donc, s’il étudie, il ne devra pas lever les yeux, ce qui le mettrait dans l’obligation de prononcer cette berakha.

  3. Si tu peux trouver un minian pour prier après ton étude, il n’y a aucun doute que tu donneras priorité à ta ‘havrouta puis tu iras prier en minian.

    Mais si tu ne trouves vraiment pas de minian et que tu es obligé de faire ta prière béya’hid, bien que j’aie cité dans ma réponse 1 l’obligation selon le Choul’han Aroukh Harav de faire les mitsvot avec toute la minutie requise (et bien sûr cela inclut normalement l’obligation de prier en minian).

    Néanmoins, le Or Saméa’h dans Hilkhot Talmoud Torah, ch. 1, halakha 2, estime qu’une personne qui va étudier chez son Rav risque de perdre dans l’acquisition des voies de l’étude de la Torah et de la sagesse s’il s’affaire à une autre mitsva à la place, mieux vaut qu’il continue à étudier avec son Rav.

    À toi de juger si l’on peut considérer cette ‘havrouta dans ce sens ; il me semble que oui.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 75922
Date de création : 2017-05-07 18:12:18