Est-ce qu’au final, il sera aussi question d’une résurrection pour les âmes humaines avortées ?

 

Bonjour Rav,

Je me permets de vous envoyer ce message qui traite de l’avortement.

Voilà le récit :

  • Il y a deux ans, le fils de ma sœur qui était alors âgé de 18 ans a mise enceinte une gamine de 16 ans à l’époque.
    • Evidemment, ça a provoqué un tollé chez ma sœur et mon beau frère, je peux le comprendre ;
    • mon neveu n’étant, de toute évidence, pas mûr pour être père et la gamine étant encore plus immature que lui.
  • De plus, le comble était qu’il n’éprouvait aucun sentiment pour cette fille !
  • Très vite, pour éviter que le « scandale » n’éclate dans notre famille, la décision fut prise de faire avorter la jeune fille.
    • Tous, dans mon proche entourage, comme un seul homme, décidèrent que s’était la meilleure solution pour tout le monde.
      • Pour tout le monde, peut-être, mais certainement pas pour la personne principalement concernée, à savoir le futur bébé.
  • Comme je suis par principe contre l’avortement, j’ai moi aussi donné mon avis, qui vous vous en doutez, a pesé bien peu dans la balance.
    • Dès que j’aie suggéré à ma sœur que puisque personne ne voulait de cet enfant ; alors pourquoi ne pas laisser la grossesse de la gamine arriver à terme et la laisser accoucher sous x pour que l’enfant vive et qu’il soit adopté par des gens biens qui veulent un enfant et qui ne peuvent en avoir ;
    • j’ai entendu ma sœur me rétorquer sur un ton péremptoire :
      • « certainement pas !
      • Ce serait encore pire, les enfants adoptés sont encore plus malheureux ».
  • Bref, elle avait décidé à la place de la mère que cet enfant indésirable ne devait pas vivre et c’est ce qu’elle s’est employée à faire aboutir, avec la bénédiction et la complicité de mon beau frère.
    • J’ai honte pour eux rien que d’y penser.
  • Ils ont pris contact avec la famille de la fille et lui ont mis la pression pour que finalement, cette dernière cède.

Excusez-moi si je fais un peu long, la raison en est que j’aimerais avoir votre point de vue sur l’avortement et que je me sens, je ne sais pas pourquoi, indirectement concernée.
Avec le recul, je me dis que j’aurais du m’impliquer plus et je ne l’ai pas fait, parce qu’on m’avait conseillée de ne pas me mêler de ce qui ne me regardait pas… (un comble !)

  • Pour en revenir avec cette histoire sordide, le terme légal admis en France pour avorter étant dépassé (je crois me souvenir que la gamine était arrivée à sa quatorzième semaine) ils ont traversé la frontière pour la faire avorter en Hollande.
    • C’est une histoire honteuse selon moi ; encore plus honteuse que si l’enfant était né pour être abandonné.
      • Depuis cette histoire, je n’arrive plus à voir ma famille sous le même angle.
      • Je me dis que leur amour du prochain est véritablement étriqué et par extension, l’amour de beaucoup d’humains en général.
        Car de nos jours, il ne faut pas se voiler la face, ils sont bien peu nombreux, ceux qui s’émeuvent de la disparition d’un embryon tué dans l’œuf.
      • Mais je sais qu’il existe encore des personnes qui « osent  » considérer cette chose comme étant ni plus ni moins qu’une culture de la mort.

C’est par rapport à cette vision des choses que j’aimerais avoir votre avis.

  1. Je sais que dans votre religion, on interdit l’avortement, mais j’aimerais connaître votre point de vue sur le statut de l’embryon ou du fœtus avorté.
  2. Ce que j’aimerais savoir, c’est si D.ieu se soucie de tous ces enfants tués dans l’œuf et s’il leur réserve un sort meilleur dans une autre vie…
  3. On parle beaucoup de résurrection chez vous, comme chez les chrétiens…
    Mais la vision des chrétiens concernant ce sujet est plutôt floue, tandis que le judaïsme est précis.

Excusez-moi encore pour la longueur de mon message, car au final, il se résume en une seule phrase :

Est-ce qu’au final, il sera aussi question d’une résurrection pour les âmes humaines avortées ?

Je vous remercie de votre attention, et vous salue bien cordialement.

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Bonjour,

Du point de vue juif, il faut répondre à ta question de façon plus profonde.

  • Effectivement, il est clair d’après le judaïsme qu’il n’y a pas beaucoup de différences entre la personne qui vit dans le ventre de sa mère et la personne qui en est sortie.
    • Les deux sont des êtres vivants à part entière et il est absolument interdit de leur ôter la vie.
  • Mais, bien que la personne X ôte la vie à la personne Y, qu’elle l’ait fait de son propre libre arbitre et en soit responsable, néanmoins, d’après la Torah, la personne Y n’est pas tuée de façon injuste.

Je m’explique:

  • X n’a absolument pas le droit de tuer Y et s’il le fait, il devra en rendre compte face au Créateur.
  • Néanmoins, D.ieu étant Un, rien ne lui échappe et il est impossible que Y soit tué s’Il ne l’avait pas voulu.
    • Donc, quelque part, X est la personne qui réalisera le désir de D.ieu,
      c’est-à-dire la mort de Y.
  • Mais ce n’est pas pour autant que X sera déresponsabilisé de son acte, il en est coupable, l’ayant accompli de façon complètement libre et responsable.
  • Néanmoins, il a été l’organe par lequel s’est réalisé la volonté Divine, à savoir que Y disparaisse.

Je ne rentrerai pas dans les considérations profondes pour lesquelles D.ieu voudrait qu’un embryon de quelques semaines disparaisse, mais il est clair que cela a très souvent à voir avec la notion de réincarnation et le fait qu’une personne, parfois, doive revenir réincarnée et mourir avant même de sortir du ventre de sa mère.

Dans cette mesure, cette mort prématurée est une étape dans l’histoire de cette âme qui, bien sûr, après tous les tikounim, c’est-à-dire toutes les réparations et toutes les missions qu’elle a à faire sur Terre, aura part à la résurrection.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence : 8924
Date question sur Leava : 2010-04-06 10:04:12