En quoi consiste la codification hala’hique ?

 

Bonjour

Je voudrais savoir en quoi consiste la codification halakhique

Merci d’avance

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Rachel,

Si ta question sur ce que tu appelles la codification halakhique porte sur comment la halakha, c’est-à-dire la loi pratique, a été codifiée, la réponse est la suivante :

D. a dicté à Moïse la Torah, on appelle cela la loi écrite.
Cette dernière est difficilement compréhensible sans une explication expliquant dans les détails l’application des ordonnances qu’elle contient.

Cette explication a été transmise oralement de Moïse aux Sages d’Israël, et ainsi de génération en génération.
Au début du troisième siècle de l’ère chrétienne, Rabbi Yéhouda Hanassi, le dirigeant spirituel du peuple d’Israël à l’époque, voyant que cette masse d’informations, qui était transmise oralement, risquait de se perdre à cause des affres de l’exil, décida d’en écrire les grosses lignes dans un ouvrage intitulé la Michna.
Ce texte, bien qu’écrit en hébreu tout à fait compréhensible, est néanmoins tout à fait imperméable et opaque, on ne peut pas le comprendre sans une explication qui elle-même est restée orale.

Au milieu du cinquième siècle de l’ère chrétienne, les deux dirigeants spirituels du peuple juif, Rav Aché et Rav Hina, voyant que l’explication orale de la Michna commençait à s’oublier, l’ont mise par écrit.
Cette œuvre s’appelle le Talmud, elle contient environ 2700 pages et est extrêmement touffue ; elle contient une infinité d’informations et est aussi assez difficile d’accès.

Les rabbins des siècles suivants, les Savourayim (du 6ème au 8ème siècle), les Guéonim (du 9ème au 10ème siècle), les Richonim (du 11ème au 15ème siècle) ont expliqué le Talmud et ont expliqué les ordonnances pratiques qu’on en déduisait.

Il existe plusieurs livres synthétisant la halakha, écrits au Moyen-âge, entre autre le Michné Torah de Maïmonide, le Baal Hatourim de Rabbi Yaacov Ben Acher, l’œuvre du Roch, Rabbénou Acher (le père de Rabbi Yaacov Ben Acher, l’auteur du Tour).

Au 16ème siècle, Rabbi Yossef Caro, voyant la multitude d’explications des Richonim, écrit une œuvre intitulée Beth Yossef, qui synthétise leurs avis.
Il en fait un résumé intitulé le Choul’han Aroukh.

Ce dernier est donc le substrat résumant toute la halakha, c’est-à-dire les lois d’application pratiques de la Torah.
Beaucoup de livres ont été écrits pour commenter ce Choul’han Aroukh, et les rabbins des différentes générations, se basant sur la Michna, le Talmud, les écrits des Richonim, le Choul’han Aroukh et ses commentateurs, tranchent la halakha.

Cette dernière est tranchée d’après des critères extrêmement précis qu’on appelle des lois d’exégèse, il y a entre autres les 13 lois d’exégèse de Rabbi Ychmaël que l’on cite tous les matins au début de la prière, ils sont entre autres le kal va’homer (le raisonnement a fortiori), la gzéra chava (l’analogie), le klal ou-prat (généralité suivie d’un cas particulier), le prat ou-klal (un cas particulier suivi d’une généralité), etc.

Ensuite on a aussi les 32 lois d’exégèse de Rabbi Eliezer, le fils de Rabbi Yossi Hagalili, contenant des lois telles que le ribouï (un mot, une lettre, venant enseigner une loi supplémentaire), le miout (un mot signifiant qu’on doit retrancher une loi de la loi générale déjà apprise), klal chéa’har maassé eino ela prato chel hakhal (une réalité suivie du récit d’une action de quelqu’un vient expliquer la particularité de la généralité), davar chééno méforach bimkomo oumitparech bémakom a’her (une chose qui n’est pas clarifiée à un endroit mais clarifiée à un autre endroit), etc.

De même, nous avons aussi les lois d’exégèse du Talmud, les livres les résumant, tels que Igérét Rav Cherira hagaon, Goufé halakhot, Halikhot olam, Yad malakhi, Mévo hatalmoud de Rabbi Chmouel hanaguid, Kelalé hatalmud du Chela, etc.

Ensuite on a aussi les lois permettant d’extraire les lois pratiques du Choul’han Aroukh.
L’emploi de ces lois pour en déduire la halakha pratique est un exercice demandant des dizaines d’années d’étude quotidienne, et nécessite certainement les degrés d’érudition et de sagesse les plus élevés qui soient dans le peuple d’Israël.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 7617
Date de création : 2009-12-10 15:12:48