Bonjour rav Chaya,
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour toutes les réponses que vous m’avez apportées jusqu’alors.
Je voudrais revenir sur une des questions que j’avais posée pour plus de précisions :
- Si jamais j’utilise un objet qui ne m’appartient pas, par exemple en oubliant que cet objet n’est pas à moi, et qu’à posteriori je sais que le propriétaire de cet objet me pardonnerait si je lui disais que j’ai utilisé son objet sans permission, dois-je quand même aller le voir pour lui demander des excuses ?
Il est en effet (dans ce cas précis) clair que cette personne ne m’en voudra pas, et aller le voir passerait sûrement pour un comportement ridicule, un excès de zèle inutile…
Ne vaut-il pas mieux s’engager dans son fort intérieur à faire attention pour les prochaines fois et donc à devenir plus vigilant? - D’ailleurs, dans le même sens, j’aimerais vous faire part d’une réflexion personnelle :
Il est parfois des situations où l’on faute involontairement vis-à-vis de son prochain, n’étant pas assez érudit ou pas assez vigilant… la nature humaine fait qu’il est très facile de trébucher.
A posteriori, si l’on est quelqu’un d’assez méticuleux et consciencieux pour faire un bilan de ses actes régulièrement, on se rend compte des erreurs commises.
Et là, il faut penser à réparer…
Mais très souvent, la réparation s’avère difficilement réalisable, soit que notre faute paraisse sans conséquences néfastes concrètes (et donc on a tendance à considérer la réparation comme inutile, ne faisant pas avancer les choses…), soit qu’on ne sait pas comment véritablement s’y prendre (par manque d’approfondissement et d’expérience dans ces sujets).Ainsi, on reste bloqué avec une faute passée qui empêche tout progrès, tout perfectionnement puisqu’on reste focalisé sur notre passé raté qu’il faut absolument réparer.
On entre dans un cercle « vicieux » où l’on tente chaque jour de réparer ce que l’on fait…
je pense qu’il serait plus judicieux d’ « oublier » ses fautes passées et s’efforcer d’étudier progressivement les lois relatives à ces sujets, ce afin de s’améliorer.Il est connu que tirer un trait sur son passé soulage et permet de repartir plus sereinement, et participe ainsi au progrès de la personne. J’aimerais s’il vous plaît avoir votre opinion sur le sujet. Cette réflexion me paraît essentielle pour chacun de ceux qui souhaitent avancer et progresser dans les meilleures conditions psychologiques et morales.
En vous remerciant sincèrement pour votre prochaine réponse.
Kol touv.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom Emmanuel,
- Si une personne, qu’on appellera Réouven, possède un objet dont il a autorisé l’utilisation à tout le monde sans lui demander la permission, alors il est effectivement permis à tout le monde de l’utiliser.
Mais si Réouven n’a pas autorisé cela à tout le monde mais que nous savons qu’il l’autoriserait à Chimon :- S’il l’a déjà autorisé à Chimon, ce dernier n’a aucun interdit à l’utiliser.
- Par contre, s’il ne le lui a pas encore autorisé mais que Chimon pense qu’il est évident que s’il lui demandait, Réouven l’autoriserait – on appelle cette situation dans la halakha :
- « yéouch chélo mida’at »,
c’est-à-dire que la personne « abandonne » cet objet sans le savoir,- or la halakha a été tranchée « lo havé yéouch » on considère que l’objet n’est pas « abandonné », c’est-à-dire qu’il est encore dans la propriété de Réouven -,
- dans ce cas si Chimon l’utilise, il est considéré comme un voleur.
- or la halakha a été tranchée « lo havé yéouch » on considère que l’objet n’est pas « abandonné », c’est-à-dire qu’il est encore dans la propriété de Réouven -,
- « yéouch chélo mida’at »,
Est-ce qu’il est considéré comme un voleur déRabannan ou Déoraïta ?
- Il est considéré comme un voleur Déoraïta.
- Preuve en est que si après qu’il ait utilisé l’objet, il l’a remis à sa place et cette place n’était pas considérée comme un endroit protégé, et qu’un dommage est arrivé à cet objet, c’est Chimon qui en sera le responsable et non Réouven (bien que Réouven lui-même ait posé cet objet au même endroit).
- Pourquoi ?
Car lorsque Chimon a volé l’objet, il en est devenu le propriétaire, il s’agit d’une propriété Déoraïta et dans cette mesure il est considéré comme un voleur Déoraïta.
- Pourquoi ?
- Donc ce cas est beaucoup plus léger que le cas dont tu me parles car dans le cas que je viens de mentionner Chimon sait de façon certaine, non seulement que Réouven lui pardonnera mais aussi que Réouven accepterait de lui prêter l’objet.
- Preuve en est que si après qu’il ait utilisé l’objet, il l’a remis à sa place et cette place n’était pas considérée comme un endroit protégé, et qu’un dommage est arrivé à cet objet, c’est Chimon qui en sera le responsable et non Réouven (bien que Réouven lui-même ait posé cet objet au même endroit).
- Dans ton cas, on ne sait pas si Réouven accepterait mais on sait que, si on lui disait, après avoir utilisé l’objet sans son autorisation, qu’on lui demande des excuses à ce propos, il pardonnerait. Ton cas est beaucoup plus grave que celui susmentionné.
- Dans tous les cas, il y a ici un vol Déoraïta donc il faut faire téchouva par rapport à Hachem en ce qui concerne ce vol.
Ta question :
Est ce qu’il faut maintenant demander aussi des excuses à Réouven pour avoir utilisé cet objet sans son autorisation, donc après l’avoir volé ?- La réponse est oui, bien que nous sachions de façon certaine que Réouven pardonnerait Chimon pour cette utilisation sans permission, néanmoins Chimon est obligé de demander ce pardon à Réouven.
- A propos de ta réflexion personnelle concernant un passé qui nous empêche d’avancer, ma réponse est la suivante :Effectivement, une situation de floue est dure à vivre, je ne pense pas que ce soit une raison suffisante pour, comme tu dis, « oublier » ses fautes passées et continuer ainsi sa vie comme si de rien n’était.
- Une solution beaucoup plus simple et bien plus juste :
- Se renseigner auprès d’une autorité rabbinique compétente s’il y a oui ou non faute.
- Si oui, il y a nécessité de réparer.
- Et si oui, comment ?
Ainsi on réparera facilement son passé et on pourra avancer dans le futur de façon sereine.
- Et si oui, comment ?
- Si oui, il y a nécessité de réparer.
- Se renseigner auprès d’une autorité rabbinique compétente s’il y a oui ou non faute.
- Quoi qu’il en soit, même si le flou subsiste, je ne pense pas qu’il faille à cause de cela être focalisé sur le passé et être bloqué de toute avance dans le présent et dans le futur.
- Il faut simplement faire ce qu’on appelle un « Switch », fermer l’interrupteur, mettre de côté le passé avec une petite note nous rappelant que nous devrons à un moment élucider le problème qu’il a suscité, mais avancer dans le présent et le futur de façon sereine.
- Une solution beaucoup plus simple et bien plus juste :
Au revoir et bonne continuation (sereine),
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 11226
Date de création : 2010-12-06 13:12:23