Comment rester dans la bonne voie mais en payant le prix fort pour faire sa religion correctement ?

Bonjour Rav,

J’ai une question qui me hante…

  • Nous sommes une famille de cinq personnes,
    mon époux,
    trois enfants
    et moi même,
  • Nous avons fait téchouva depuis plus de 10 ans,
    nous respectons les règles de la Torah,
    les chabbatoth,
    les fêtes,
    les yom tov
  • Mes enfants et mon époux, qui a demandé à changer ses jours pour avoir le Chabbat, nous allons à la synagogue,
  • Nous mangeons cacher TOUT les fromages,
  • etc…

Malgré tout cela, nous n’y arrivons plus au point de vue financier, nous vivons à MARSEILLE, où les magasins cachères sont hors de prix, les fromages, la viande…
Il nous est arrivé chose très rare de ne pouvoir faire un Chabbat correctement, nous n’avions plus d’argent, cela a été très éprouvant…
Et je ne comprends pas.

Je pense souvent que la nourriture pour les Goyim est moins chère, et je ne veux pas régresser, mais je ne peux plus faire manger mes enfants correctement, nous n’achetons presque pas de laitages tant ils sont chers.
J’ai un fils qui est très proche de la Torah, il lit le Chabbat à la Torah, fait la Téfilla pour les fidèles, il est passionné, nous venons de faire sa bar mitsva avec beaucoup de joie, mais maintenant c’est très dur.

Comment rester dans la bonne voie mais en payant le prix fort c’est vraiment le cas de le dire, pour faire sa religion correctement il faut payer cher, pourquoi ?

Merci de me répondre

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom,

Le Rav Yéhouda Yékoutiel Halberstam zatsal était un des grands tsadikim de notre génération (décédé en 1998).

  • Il a vécu la Shoa où il a perdu sa femme et ses 11 enfants,
    et durant tout son long séjour dans différents camps, dont Auschwitz, il a réussi à ne jamais manger non-cachère.
  • Il se permettait de boire du laitage non-chamour, disant que c’était pikoua’h nefech, que pour ne pas mourir il était permis de boire du lait non-chamour (du point de vue de la halakha, il était même permis de manger complètement tarèf pour survivre, mais c’était un homme très pieux qui ne voulait pas salir sa bouche et son âme par des aliments tarèf, et comptait survivre en mangeant cacher).

A un moment, il a entendu que les gens autour de lui commençaient à dire à son propos qu’il était devenu « musulman » (ce terme était employé dans les camps pour désigner quelqu’un qui était devenu maigre à un point où on savait que c’était le point de non retour, et que dans quelques jours il était censé mourir).

  • Il s’est dit :
    « Si de toute façon je suis destiné à mourir dans les prochains jours, alors pourquoi je continue à boire du lait non-chamour, je vais commencer à ne boire que du lait chamour, du ‘halav Israël (chose bien sûr impossible à obtenir dans les camps) ».

Les semaines passant, et voyant qu’il survivait,

  • Il s’est dit :
    « Si c’est comme ça, je continue à faire cette ‘houmra », 

et ainsi il finit la guerre à Auschwitz, sans boire de lait non cacher.

  • Quelques dizaines d’années plus tard, le Rav a commenté la période de la Shoa et a dit :
    « D. voulait qu’on fasse les mitsvot avec messirout nefech, avec abandon de soi ».

Aujourd’hui, il est clair que nous sommes très loin de vivre ce qu’ont vécu nos grand-parents dans la Shoa, néanmoins il est certain qu’il y a une situation de crise où il devient beaucoup plus dur d’être juif.

Le fait que vous ayez eu un Chabbat qui n’est pas tout à fait correct n’est pas si grave ; il est clair que lorsque vous irez au olam haba, le fait que vous fassiez de la messirout nefech, de l’investissement difficile dans la réalisation des mitsvot, a une valeur énorme, comme ont dit ‘Hazal :

« E’had bétsaar yoter miméa chélo bétsaar »

« Une mitsva faite avec peine vaut plus que 100 mitsvot faites sans peine ».

Il est clair qu’on pourra toujours accuser les organismes de cacherout d’avoir une marge de bénéfice trop grande, ou d’être trop ma’hmir, etc., etc., mais la vraie réponse est que D. décide de tout, et D. a voulu pour des raisons x, y ou z que vous fassiez aujourd’hui les mitsvot avec messirout nefech, il faut le prendre comme un point d’honneur et une grande occasion de manifester quel amour vous avez pour le D. d’Israël.

C’est par des gens comme vous dans des occasions pareilles que nous sommes restés un peuple éternel pendant 3500 ans.
Or, cette éternité d’Israël réalise le plus grand kidouch Hachem qui puisse y avoir, car elle témoigne que D. existe et intervient dans l’histoire.

Tous les juifs qui n’ont pas réussi à tenir dans ces situations difficiles ont, pour finir, quitté cette éternité, leurs enfants et petits-enfants sont devenus non-juifs.

Que D. vous aide.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 5278
Date question sur Leava : 2009-02-25 11:02:28