Comment faire avec les détecteurs de présence dans les immeubles ?

Kvod harav,

J’ai une question concernant un sujet très souvent traité et qui concerne un bon nombre de juifs en France principalement.
Il s’agit des halls d’immeubles avec détecteurs de présence.

Mon cas est le suivant :

  • Lorsque j’ouvre ma porte d’entrée, mon palier s’allume automatiquement.
  • Lorsque j’emprunte les escaliers, les paliers des étages inférieurs s’allument aussi automatiquement à mon passage (même à travers la porte).
  • Enfin, l’allée de l’immeuble s’allume automatiquement aussi.
    (Elle s’éteint et se rallume avec ma présence lorsque j’attend un voisin pour m’ouvrir la porte)

Ma question est donc :

  1. Ai-je le droit, pour Chabbat et fêtes, de sortir de chez moi en fermant les yeux jusqu’au escaliers, et ensuite, descendre jusqu’à l’allée de l’immeuble et attendre que quelqu’un m’ouvre la porte d’entrée (elle est magnétique) sans profiter de la lumière puisque la rue est éclairée ?
  2. Et pour le retour de la synagogue :
    Attendre que quelqu’un m’ouvre, allumage de l’allée, monter les escaliers, allumage du palier et rentrer chez moi ?

Merci d’avance pour votre réponse.
Très bonne fête de Chavouot B »h.
Kol touv.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Ben,

En ce qui concerne l’action faite Chabbat par un non-juif pour un juif alors que cette action est interdite pendant Chabbat au juif, il faut bien faire la distinction entre deux choses :

  1. L’interdiction de dire au non-juif de faire l’action interdite.
  2. L’interdiction de profiter de l’action faite par le non-juif.

Dans votre cas :

  • Si vous fermez les yeux lorsque vous descendez les étages,
    vous ne profitez absolument pas de la lumière qui sera allumée par un non-juif.
    • L’interdiction du profit n’a donc pas lieu d’être.
  • En ce qui concerne l’ouverture de la porte magnétique :
  • Il n’y a pas de problème non-plus car on ne considère pas cela comme un profit,
    on considère cela comme ôter un empêchement.
    • Ce n’est pas un profit positif, c’est juste enlever l’élément qui nous empêche de passer.

Le problème reste au niveau de l’autre interdiction, celle de dire au non-juif d’allumer la lumière ou d’ouvrir la porte pour vous pendant Chabbat.

  • Il est permis de dire à un non-juif de faire un psik récha délo ni’halé même dans une mélakha Déoraïta.
    • Je m’explique :
      • Qu’est ce qu’un psik récha ?
        C’est faire une action 1 qui en soit est permise qui forcément entraîne directement une action 2 qui elle est interdite.
        • Par exemple :
          • Ouvrir la porte du frigo – chose permise en soi- qui entraîne directement l’allumage de la lampe qui s’y trouve – chose interdite -.
        • On n’a pas le droit de faire un psik récha pendant Chabbat.
      • Par contre, on aura le droit de dire à un non-juif pendant Chabbat de faire un psik récha si le résultat de l’action 2 ne nous procure aucun profit on appelle cela « lo ni’halé »).
        • On pourra même autoriser cela lorsque l’action 2 qui sera une conséquence directe de l’action un est interdite en tant que mélakha déoraïta, en tant qu’un des 39 travaux de Chabbat, par exemple allumer la lumière.

Donc dans votre cas, vous pouvez dire pendant Chabbat à un non-juif de passer dans l’allée, de vous accompagner jusqu’à l’extérieur ou de l’extérieur de vous accompagner jusqu’à chez vous car dans cette action (action 1) de vous accompagner il n’y a aucun interdit.
On considérera cela comme l’action 1 qui entraînera bien sûr de façon automatique l’action 2, allumer la lumière.

Mais si vous fermez les yeux et vous n’avez aucun profit de cette action 2 et que vous n’avez pas dit au non-juif d’allumer la lumière mais tout simplement de passer, c’est-à-dire de ne faire que l’action 1, cela est permis pendant Chabbat.

Vous pouvez même louer les services d’un non-juif avant Chabbat pour venir à heure fixe vous accompagner lorsque vous sortez à la synagogue ou lorsque vous rentrez.

Par exemple :

  • Vous prenez une baby-sitter et lorsque vous voulez sortir de la maison,
    vous lui demandez de vous accompagner et votre femme lui demandera d’aller vous attendre en bas de l’immeuble lorsque vous sortez de la synagogue pour vous raccompagner à la maison.
  • Il ne faudra jamais lui dire d’allumer la lumière mais on pourra lui dire de vous accompagner, de monter, de descendre, de passer dans l’allée, etc…
    • On pourra lui dire si cela est nécessaire d’ouvrir la porte magnétique car en cela il n’y a qu’un interdit dérabanan.
      • Or, on peut autoriser de dire à un non-juif de faire un interdit dérabanan si on le fait pour une mitsva ou pour une grande nécessité.
        • Ce qui est le cas :
        • Aller à la synagogue
          ou
        • Revenir chez soi pour manger le repas de Chabbat.
      • Si vous pouvez le dire de façon allusive, par exemple « la porte est fermée », cela sera préférable.
        • Le mieux sera de dire simplement, comme je l’ai dit auparavant, qu’elle vous accompagne jusqu’à l’extérieur ou de l’extérieur jusqu’à l’intérieur.
    • Vous pourrez payer le non-juif pour ce service à condition de ne pas lui dire que vous le payez pour l’action interdite qu’il fait mais tout simplement pour le fait de passer avec vous dans l’allée.
      • Par contre, vous n’avez aucune autorisation à passer dans le couloir même sans profiter de la lumière si par le fait d’y passer vous actionnez l’allumage de la lumière, cela est totalement interdit.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

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Référence Leava : 24208
Date de création : 2013-05-12 02:05:37