Comment enseigner à des enfants à ne pas mentir au travers de la Torah lorsque l’on voit les épisodes de Yaacov et Essav, de Its’hak et Rivka ou encore de Essav qui ment sur lui-même?

 

Cher Rav,

3 passages pour enseigner me posent problème car ils entretiennent un rapport avec le mensonge et sont :

  1. Yaacov se déguise en Essav et « vole » la berakha dirigé par Rivka
  2. Yts’hak dit de Rivka : « elle est ma sœur »
  3. Essav n’est pas le saint qu’il parait (j’ai vu votre cours dessus et connaissais les contradictions du pechat rachi pour les avoir enseigné de surface donc), ma question est la suivante :

Comment dire à des enfants en classe en étudiant cela de ne pas mentir alors que nous sommes en plein dedans ?

  • (c’est comme si on tapait un enfant pour lui faire comprendre qu’il ne faut pas taper)

Merci de résoudre cette problématique, contre sens psychopédagogique, car le thème de mon travail est le rapport au mensonge de la Torah et donc dans la construction de la moralité de l’enfant qui apprend ainsi le maniement des nuances du mensonge.

  • Aussi merci de me fournir s il vous plait pour un travail les réponses sur ces trois sujets des ‘Hazal et autres Méfarchim sur les causes de ces trois mensonges a part les causes classiques que sont sauver sa vie ou son héritage spirituel futur (Rachi)

Merci par avance rav pour vos réponses dont j’ai besoin le plus tôt possible je vous prie ; je vous remercie sur la longueur de vos réponses savantes (j’entends de ‘Hazal)

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Aharon,

Dans les deux premiers cas, il n’y a pas de mensonges interdits, au contraire, il s’agit de mensonges permis.

Dans quel cas un mensonge est-il permis ?

  • Chaque fois que le but du mensonge est constructif pour le bien dans le monde.

Prenons les cas de Yaakov et Essav :

  • Yaakov dit à son père qu’il est Essav, cela est tout à fait normal, car s’il avait dit qu’il était Yaakov, il n’aurait pas reçu les berakhot qu’il avait acquises en bonne et due forme, quelques années auparavant.
    • Il aurait eu beau dire à son père Yts’hak qu’il avait déjà fait une transaction d’acquisition de ses berakhot quelques années auparavant, celui-ci n’aurait pas eu le droit de le croire, il aurait dû appeler Essav qui, bien sûr, aurait complètement nié.
      • Ainsi, Yts’hak aurait été obligé d’après la halakha de bénir Essav selon le principe « Hamotsi mé-‘havéro alav ha-réaïa »
        • (si deux personnes prétendent être propriétaires d’un objet, on laisse l’objet chez la personne qui le détient, à moins que l’autre personne amène une preuve que cet objet lui appartient).
          • Or le « propriétaire » des berakhot est Essav, et si Yaakov prétend avoir acquis le droit d’aînesse, il doit en amener la preuve, faute de quoi elles reviennent à Essav.
    • Donc, pour établir la vérité, Yaakov n’avait d’autre choix que de dire ce « mensonge ».
  • Toutefois, personnifiant la mida du « Émet », il n’a pas voulu le faire de façon trop claire, et il a simplement dit :
    • « Ani, Essav békhorékha »,
      • « Moi, ton fils ainé Essav »,
    • qu’on pourrait aussi traduire par :
      • « Je suis. Ton fils ainé est Essav »,
        • mais cela n’est pas nécessaire, c’est une mesure de piété.

Au niveau de la loi stricte, on a le droit de mentir pour ne pas se faire voler, mais attention à ne pas utiliser cela pour croire qu’on a le droit de mentir pour gagner plus, cela est complètement interdit par la Torah.

  • Au niveau de Rivka, c’est la même chose, si Yts’hak avait dit qu’elle était sa femme, les philistins l’auraient tué.
    • On a le droit de mentir pour ne pas se faire tuer.
  • De plus, comme l’explique Rachi dans le cas de Sarah et Avraham chez Pharaon, on peut appeler une parente sa sœur, c’est la cas de Rivka avec Yts’hak.

Essav est un menteur, donc rien d’étonnant à ce qu’il mente, et on n’a pas à prendre exemple sur lui, au contraire.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 2477
Date question sur Leava : 2008-02-06 01:02:23