Comment Avraham peut-il remettre en cause la décision de D.ieu à propos de Sodome et Gomhorre ? Comment un tsadik peut-il changer le cours des choses et leurs conséquences ?

Shalom Rav,

Dans la Paracha Vayera, 18:23, après avoir été informé par Hachem de la destruction de Sodome et Gomorre, Avraham lui demande s’il va vraiment anéantir le juste avec le méchant.

Pourquoi Avraham se permet-il de remettre en cause une décision de Hachem qui est parfaite par nature : bien sûr que s’il y a des justes, ils seront épargnés puisque Hachem ne se trompe jamais.

Pourquoi l’esprit de ‘Hessed et la pitié de notre patriarche n’a-t-elle pas joué pour la vie de son fils Its’hak lors de la Hakéda ?

Ma question plus générale est :

Quelle est la part de l’homme dans les décisions de Hachem ?
Et enfin, comment un Tsaddick sait-il lorsqu’il doit demander un changement à Hachem dans le cours des choses ?
(par exemple s’il demande la guérison d’un handicapé alors qu’il était sur le point d’accomplir la dernière mitsva qui lui manquait lors de son dernier cycle de réincarnation peut remettre beaucoup de choses en causes).

Merci à vous Respectueusement et chaleureusement

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Yonaël,

Comme je l’explique dans le cours « Pourquoi y a-t-il des différences ? » et dans d’autres nombreux cours, à l’origine, la lumière divine remplissait tout d’une lumière infinie.
Il était impossible dans cette mesure qu’il y ait une création ou des créatures car la lumière infinie de D. remplissait tout.

Dès lors, il ne pouvait pas avoir de place à une chose finie.

La lumière de D. s’est rétractée pour laisser place à un univers où il y aura une réalité finie, une réalité de limites.
C’est ce que ‘Hazal traduisent en disant que le monde a été créé avec le Din, c’est-à-dire que la lumière infinie s’arrête et n’est transmise au monde qu’en fonction de la rigueur et de la justice divine.

Si le monde mérite, alors la lumière de D. se répand dans le monde, sinon non.
D. a vu que le monde ne pouvait pas subsister ainsi.

Effectivement, la justice divine est d’une rigueur telle qu’aucune créature n’aurait mérité la vie.
Donc D. lui a associé l’attribut de miséricorde, c’est-à-dire que bien que du point de vue de la justice divine la créature n’ait pas droit à la vie, à la lumière divine, néanmoins, par certaines actions, cette créature peut réveiller la miséricorde divine et jouir de la lumière divine.

Dans cette mesure, bien que D., du point de vue de Sa justice, agirait de la façon A, Il a laissé aux créatures la possibilité de réveiller son attribut de miséricorde et changer le décret A en B.
Et c’est le propre même des tsadikim que de changer la rigueur céleste en miséricorde céleste.

Chaque mitsva aura ce pouvoir mais spécialement les mitsvot de prières, de ‘hessed, de tsedaka vont dans ce sens, dans la mesure où elle fait preuve d’un don de soi-même aux personnes qui d’après la justice rigoureuse ne mériteraient pas ce don.

Avraham, qui est l’homme du ‘hessed par excellence, va tenter par sa prière d’adoucir la rigueur céleste.
Ainsi est le désir de D. car D. veut que son monde subsiste, ainsi après avoir fixé les règles de ce monde selon lesquelles la miséricorde céleste dépendrait des actions de l’humanité, Il attend que cette humanité réveille Sa miséricorde afin que le monde puisse subsister.

Ça sera la même chose dans le cas où nous verrons un malade ou un handicapé, nous devrons prier D. pour que Sa miséricorde s’épanche sur cette personne.
Il est vrai qu’il existe des cas où nous ne savons pas très bien comment agir, par exemple, nous voyons quelqu’un qui est en train d’agoniser, et qui souffre énormément et néanmoins continue à vivre dans la souffrance.

Doit-on prier pour qu’il meure rapidement et que cessent ses souffrances, ou doit-on prier pour qu’il vive ?

Dans ce cas il existe deux solutions:

  • Ou on prie à D. que tout simplement ses souffrances cessent et ça se fera ou par la mort ou par la guérison,
  • Ou on prie à D. qu’Il ait pitié de cette personne et D. fera ce qui est le mieux pour elle, ou lui fera arrêter ses souffrances par une mort prématurée, ou atténuera ses souffrances.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 7238
Date de création : 2009-11-02 10:11:33