Par le Rav Azriel Cohen-Arazi

Chacun d'entre-nous peut faire la différence

à la mémoire du Rav Eliahou Bakchi-Doron Zatsal

Face à la mer

Lorsque les Bnei Israel se trouvaient face à la mer, agitée et impétueuse, alors que les Egyptiens étaient a leur poursuite, Moche Rabbenou implora D. lui demandant de les sauver d’une façon ou d’une autre!
A ce moment le verset nous dit que D. s’adressa à lui en ces termes « Qu’est ce qu’a tu as à prier, parle donc aux Bnei Israel et qu’ils voyagent (dans la mer)! »
Le Midrach explique qu’ à ce moment la D. fait une remontrance à Moche, lui disant que ce n’est pas le moment de prier, mais d’agir.
La question qui se pose, et que soulève le Or Hahaim Hakadoch est que ce Midrach est paradoxale et incompréhensible. 
Effectivement nous savons que la meilleure manière d’agir lors d’un tel moment de détresse est justement d’implorer D. Alors pourquoi D. Lui dit-il que ce n’est pas le moment de prier.
De plus, de quelle autre façon Moche Rabbenou aurait-il pu il agir dans cette situation?

Le mode d'emploi du monde

Le Or Hahaïm explique ce Midrach de la façon suivante!

Lorsque D. a créé le monde, Il a en quelque sorte fixé le mode d’emploi du monde, c’est-à-dire la façon dont Il gère le monde.
Il existe dans le monde deux forces opposées. La première est la Midat Hadin, la rigueur de D., la seconde est la Midat Hara’hamim soit la miséricorde divine!

Lorsque la Midat Hara’hamim domine sur la Midat Hadin, D. Se montre favorable en notre faveur! Si, au contraire c’est la Midat Hadin qui domine, D. est dans l’incapacité de Se montrer favorable à notre égard.
Plus le peuple juif est fidèle a la Torah et accomplit les Mitsvots, plus la Midat Harahamim qui règne est grande, tant à titre collectif qu’à titre individuel!

Or, un autre Midrach nous décrit la terrible dispute qui a eu lieu entre les anges au moment ou D. a voulu ouvrir la mer en faveur des Bnei Israël et dans l’intention de la refermer ensuite sur les Égyptiens.
 Les anges accusateurs ont dit à D. que ce n’était pas juste d’ouvrir la mer aux Bnei Israël et pas aux Égyptiens, parce que si les Égyptiens sont idolâtres les juifs aussi le sont (après une tellement longue période d’asservissement en Egypte les Bnei Israël étaient effectivement descendus à un état spirituel dramatique, à tel point qu’il était dès lors difficile de trouver les mérites des Bnei Israël).

A ce moment là précis Moche Rabbenou, n’étant pas au courant de tout ce qui se passait dans les Cieux implore D. et lui demande de sauver le peuple juif.
D. lui répond alors que ce n’est pas le moment de prier, c’est-à-dire qu’à ce moment précis, il ne sert à rien de prier !
Effectivement la prière consiste à demander à D. qu’Il nous prenne en pitié et qu’Il nous sauve.
Or, à ce moment D. voulait nous prendre en pitié, mais ce qui L’en empêchait était la Midat Hadin qui était tendue contre le peuple juif!

D. est astreint en quelque sorte au mode d’emploi du monde qu’il a lui même rédigé et ainsi si la Midat Hadin est tendue contre le peuple juif, Il ne peut rien faire!
C’est la raison pour laquelle D. dit a Moche Rabbenou « Adresse toi au peuple juif et dis leur qu’ils voyagent ! »
Pour pouvoir être sauvés il faut qu’ils fassent en sorte que la Midat Harahamim prenne le dessus sur la Midat Hadin, grâce a l’accomplissement d’une grande Mitsva , celle de la Emouna, à savoir la confiance et la foi en D.
Si les Bnei Israël emplis de la foi en D. se montrent capables de se jeter à la mer et sont persuadés que D. fera le miracle de la déchirer en deux, leur foi a le pouvoir de faire dominer la Midat Harahamim sur la Midat Hadin, et grâce à cela D. pourra les sauver tout en obéissant aux conditions qu’il a posées lors de la création du monde.
C’est ce que D. a voulu dire a Moche Rabbenou lorsqu’il lui a dit que ce n’est pas le moment de prier mais d’agir!

Cet enseignement du Or Hahaim me semble être très important a connaître et surtout de nos jours ou beaucoup de gens ont oublié qu’ils sont eux-mêmes les principaux acteurs !
De nos jours beaucoup d’entre nous pensent que des qu’il nous arrive un petit probleme Hass Vechalom, il faut tout de suite avoir recours à des Mékoubalim, ou a des Rabbanim pour qu’ils implorent la miséricorde divine!

Il est vrai que cela peut être important, mais il ne faut surtout jamais oublier que tout dépend principalement de nous, de nos propres actes, de nos propres prières etc.
Un jour mon maître le Richon Letsion Rav Bakchi Doron Zatsal a été invité à un dîner de gala pour le profit d’une institution de Torah qui venait d’ouvrir. Le Rav de l’institution a invité le Rav Bakchi Doron à dire quelques mots de Torah et surtout à bénir cette institution!

Le Rav Bakchi Doron a ouvert ses propos en disant que la Paracha Réé débute par les versets suivants « Voyez, je vous propose en ce jour, d’une part la bénédiction, d’autre part la malédiction. La bénédiction quand vous obéirez aux commandements de l’éternel votre D. que je vous impose aujourd’hui. Et la malédiction si vous n’obéissez pas aux commandements de l’éternel votre D. etc. », et il n’est dès lors pas nécessaire d’avoir recours a la Bérakha du Rav, puisque la Bérakha de D. est directement donnée a ceux qui respectent sa volonté.
Il a conclu ses propos en disant que la Bérakha qui régnera dans cette institution sera donc dépendante de la façon dont ses membres et ses dirigeants respecteront la Volonté de D.

Cet enseignement doit nous accompagner et nous encourager à accomplir la Torah et les Mitsvots de toutes nos forces, toute notre réussite à titre individuel et surtout collectif étant dépendant de nos actes !
C’est à nous de faire régner sur le peuple juif la Midat Harahamim, dont nous avons tellement besoin pour que D. nous délivre définitivement de la Galout et fasse venir le Machiah!

Cependant, il est clair que même lorsque la Midat Harahamim est dominante, quelquefois D. attend de nous que nous priions pour nous donner tout se dont nous avons besoin, comme la Guémara nous le dit a plusieurs reprises!
Il se trouve que la raison pour laquelle nous sommes quelquefois dans la détresse peut être double! Soit, il nous manque des Mitsvot qui sont sensées favoriser la Midat Harahamim, soit il manque les quelques prières et demandes qui sont tellement chères a D.
A nous d’essayer de multiplier nos Mitsvots, notre étude de Torah, nos actes de bonté envers les autres, tout en multipliant nos prières faites avec ferveur!

Texte écrit par le Rav Azriel cohen-Arazi