Quelle est la raison de faire encore de nos jours Yom tov cheni en ‘houts laarèts ?

Erèv tov Rav,

Quelle est la raison de faire encore de nos jours Yom tov cheni en ‘houts laarèts svp ?

Merci

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Frank,

Comme l’explique le Ben Ich ‘Haï, les raisons rapportées par ‘Hazal pour justifier une certaine loi sont superficielles.
Parfois, elles semble même non justifiées, et plus elles sont ainsi, plus cela signifie qu’un grand secret s’y cache.

Il est vrai que c’est le cas pour le Yom Tov chéni chel galouyot pour ceux qui habitent hors d’Israël.
La raison mentionnée dans le Talmud est qu’on craint d’oublier le calendrier et que pour finir, on en arrive à ne plus savoir quel est le vrai jour de Yom Tov.
C’est pourquoi on fait deux jours à cause de ce doute.

Néanmoins, c’est difficile de justifier cette raison aujourd’hui dans la mesure où, tout le monde peut facilement déterminer la date exacte.

En réalité, il y a une raison bien plus profonde :

Pourquoi un jour de Yom Tov (littéralement « jour bon ») s’appelle-t-il ainsi ?
Qu’a-t-il de si bon ?
Pour comprendre, voyons où est mentionné le mot Tov pour la première fois dans la Torah :

« Vayar Elohim ète haor ki tov
–
D.ieu a vu que la lumière était bonne ».

Donc en fait, un Yom Tov est un jour de lumière.
Or, ‘Hazal ne veulent pas s’exprimer de manière trop profonde car sinon, les enfants ne comprendraient pas.

En effet, s’ils avaient nommé cela « un jour de lumière », les enfants diraient qu’ils ne voient aucune lumière ce jour-là, car évidemment, il s’agit d’une lumière spirituelle.
C’est pourquoi on appelle ce jour Yom Tov.

Le secret est le suivant :

• Chaque jour de Yom Tov, une grande lumière spirituelle descend dans les âmes des juifs.
• Pour Pessa’h,
  cette lumière correspond à celle qui est descendue au moment de la sortie d’Egypte,
• pour Chavouot
  elle équivaut à celle du don de la Torah 
• etc.

Maintenant, étant donné qu’en dehors d’Israël, il y a beaucoup d’écrans entre l’âme du juif et la source de cette lumière envoyée par Hachem, elle ne peut pas passer en un seul jour car il y a trop d’impuretés à l’étranger.
Il lui faut donc deux jours pour arriver, et encore, elle ne passe même pas entièrement.
C’est la raison pour laquelle il est absolument nécessaire de faire deux jours hors d’Israël afin qu’on puisse recevoir le maximum de cette lumière de Yom Tov, qui arrive en un seul jour en Israël.

Cela dit, ce n’est pas qu’une question de géographie, car une personne qui habite à l’étranger et qui vient en Israël devra malgré tout faire deux jours.

En fait, il y a trois niveaux d’âme :

néfech,
roua’h
et néchama.

• Celui qui n’a jamais mis les pieds en Israël n’a que le néfèch.
• Lorsqu’il y vient pour la première fois, il reçoit le roua’h,
• Et la néchama lorsqu’il vient y habiter.
  Ceux qui ont la néchama peuvent recevoir le flux de lumière en un seul jour.

Il y a également des cas où on ne reçoit pas complètement la néchama mais malgré tout un supplément d’âme suffisant pour pouvoir faire un seul jour en Israël. Par exemple, prenons le cas d’un célibataire en âge de se marier qui vient en Israël, même pour une courte visite.

On lui pose alors la question suivante :

« Si tu rencontres en Israël une fille qui te convient en tout point, qui a la crainte d’Hachem, belle, riche, gentille, serais-tu prêt à rester habiter ici ? ».
S’il répond oui, ou même « je ne sais pas », alors il ne fait qu’un seul jour de fête.

En effet, bien qu’il n’ait pas encore reçu la néchama, cela revient au même car il est prêt à rester en Israël.
En revanche, s’il n’est pas en âge de se marier, ou s’il répond clairement non à cette question, ou s’il est déjà marié, alors il doit faire deux jours même en Israël.

Au revoir et ‘Hag Saméa’h (de préférence en Israël),
Rav Ron Chaya

Agav

Référence Leava : 80851
Date de création : 2018-03-09 10:03:19