Les séfarades ont plusieurs coutumes de racine kabbalistique ; est-ce que tout cela est inutile de nos jours ?

Bonjour Rav,

Je connais un rabbin qui a publié plusieurs livres, et dans un de ses livres, il parle de comment il n’est d’aucune utilité à pratiquer la kabbala de nos jours.
Il était dans notre ville il y a quelques mois pour une brit mila, et j’ai entendu de quelqu’un qui était présent, qu’à la soirée avant la brit (ou quelques séfarades ont la coutume de prendre une épée et la faire passer sur les coins de murs de la chambre du bébé), le rabbin à décidé de quitter la scène, comme pour dire que c’était des foutaises.

Ma question est la suivante:

Nous les séfarades avons plusieurs coutumes de racine kabbalistique, par exemple :

  • Le Tikkun de Shavuot,
  • Des kavanot de prières,
  • ainsi de suite.

Est-ce que tout cela est inutile de nos jours ?

Nous les Marocains sommes très attachés aux Tsadikim comme Baba Sale. et nous croyons à leur prière et miracles.
Est-ce que nous perdons notre temps ?
Que devrais-t-on faire d’après ce rabbin ?
Étudier seulement de la Guemara et du Moussar tous les jours sans suivre nos traditions ?

Je ne connais pas votre position sur la kabbala, mais j’aimerais savoir votre opinion.
Je ne parle pas d’étudier le Zohar, mais seulement de suivre des enseignements du Ben Ich ‘Haï et d’autres grands Tsadikkim qui impliquent quelques notions du Zohar, ainsi de suite.

Je pense personnellement que nous ne perdons rien d’inclure des kavanot et de faire de faire des petites actions de bases kabbalistiques, même si nous comprenons pas le sens complet…

Merci

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Il y a la kabala et il y a les bêtises que l’on attribue à la kabala.
La kabala authentique fait partie intégrante de la Torah et celui qui n’y croît pas a vraisemblablement un statut d’apikoros.

Quel est l’impact de la kabala dans la halakha ?
Il est clair que nous agissons beaucoup d’après la kabala.

Dans quelle mesure existe-t-il une divergence d’opinion parmi les grands décisionnaires de notre génération et des générations passées ?

  • Le Ben Ich ‘Haï affirme que tout ce que contient dans la kabala a force de loi, même ce que l’on peut en déduire, et même ce que l’on peut déduire des déductions des écrits de kabala.
  • Selon Rav Ovadia Yossef Zatsal, la kabala a certainement un poids dans la halakha mais pas davantage qu’un autre des rabbins médiévaux que l’on appelle Richonim.
  • Le Rav Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal a un avis médian entre les deux et affirme que tous les écrits clairs de kabala ont foi de loi mais pas leurs déductions.

Donc il y a indéniablement un impact de la kabala sur la halakha.

Il est tout-à-fait normal de faire des petites kavanot et petites actions à bases kabbalistiques, le livre du Ben Ich ‘Haï en est un exemple édifiant.
Même l’étude de Zohar est une chose qui s’est fait dans toutes les communautés séfarades sans aucun problème car les parties dangereuses de la kabala incluses dans le Zohar sont tout-à-fait incompréhensibles par un novice.
Au contraire, la lecture de ce livre apporte beaucoup de lumière sur la néchama.

Il va de soi que l’étude approfondie de la kabala n’est réservée qu’aux personnes solidement construites en halakha, érudites, pures et saintes.

Le fait de croire au pouvoir des grands Tsadikim n’a rien à voir avec la kabala.
De grands Tsadikim ont fait des miracles, avaient roua’h hakodèch et pourtant n’étaient pas forcément très versés dans la kabala.

  • C’était notamment le cas pour le Rav Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal qui avait le roua’h hakodèch,
    faisait des miracles grandioses, et qui n’était pas spécialement appliqué à l’étude de la kabala.
  • Idem concernant la Rav ‘Haïm Kanievsky Chalita et son père le Steipler Zatsal.

Ils avaient ces pouvoirs grâce à l’étude acharnée du Talmud qu’ils ont mené toute leur vie.

Le problème est que certaines personnes, dès lors qu’elles voient une petite coutume sans fondement, uniquement superstitieuse, l’attribuent à la kabala.
Cela devient alors effectivement ridicule.

Je ne connais pas la coutume de faire passer un sabre sur le coin du mur de la chambre du bébé, donc je ne peux pas me prononcer sur ce sujet.
Je pense que ce rabbin voulait surtout montrer qu’il ne fallait pas accorder une place prépondérante à la kabala au lieu de la Guémara et de la halakha stricte qui effectivement sont l’essentiel et auxquelles on peut rajouter des pratiques basées sur la kabala.
Mais il ne faut pas que l’accessoire devienne essentiel et que l’essentiel devienne accessoire.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 79401
Date de création : 2017-12-18 16:34:08