D’où vient le minhag de nommer un enfant comme son grand-père ? Que veut dire Rachi quand il écrit « Je ne sais pas ce que cela vient nous apprendre  » ?

Bonjour Rav,

  1. Il existe aujourd’hui un minhag très répandu de nommer un enfant comme un un de ses ascendants, le grand père par exemple ou encore un tsadik…
    D’où viens ce minhag ?
    Où et quand a-t-il démarré ?
    Pourquoi les Avot ne l’ont pas tenu ?
    Yaacov n a t il pas eu l idée de nommer un de ses 12 garçons Abraham, ou Itshak !…
    De mémoire je ne trouve pas 2 personnes de la Torah (écrite du moins) qui porte le même nom.
  2. Dans le chevii de la Paracha de Toldot, chap 28 v.5
    « Rivka, la mère de Yaacov et Esav »

    Sur place Rachi commente :
    « Je ne sais pas ce que cela vient nous apprendre « !

    Faut il comprendre de là que Rachi a compris et expliqué TOUTE la Torah (hormis ce détail), et que son commentaire serait donc a lui seul suffisant pour tout comprendre ?!
    En effet, il semblerait, de ce commentaire, que Rachi ne parle pas que « quand il a qqc a dire » mais bien à chacune des difficultés que l on pourrait rencontrer !
    Cela me parait difficile, sinon que faisons nous de tous les autres mefarchim! Ils ne font pas qu expliquer Rachi!

Merci

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à vos questions :

  1. La coutume séfarade est d’appeler son premier fils au nom de son père même s’il est vivant, et son second fils au nom de son beau-père, même s’il est vivant.
    Certaines communautés séfarades influencées par des coutumes achkénazes n’appellent leur enfant au nom de leur père ou de leur beau-père que s’ils sont déjà décédés.
    Cette coutume est sainte et on pratique par cela la mitsva de kiboud av vaèm.

    La source de cette coutume provient du Midrach Béréchit Rabba, parachat 37 al. 10 :

    « A dit Rabbi Yossé :
    ‘Les Richonim (nos ancêtres de plusieurs générations) qui connaissaient leur ascendance donnaient le nom de leurs enfants en fonction des événements, mais nous qui ne connaissons pas notre ascendance donnons le nom de nos parents à nos enfants.’

    Raban Chimon ben Gamliel dit :
    ‘Les Richonim qui avaient roua’h hakodèch nommaient leurs enfants en fonction des évènements, nous qui n’avons pas roua’h hakodèch nommons nos enfants selon le nom de nos parents ».

    Si nous avons la coutume de ne pas appeler notre fils du nom du père ou du beau-père tant qu’ils sont vivants, on tâchera de donner à notre fils le nom d’un grand-père (s’il est décédé). 

    Le Chout Ribam, tome Yoré Déa, ch. 58 écrit qu’au début, on nommait les enfants au nom du père uniquement si le père ou le grand-père étaient Tsadikim.
    Puis, la coutume se répandit qu’on appelait tous les enfants au nom du père ou du grand-père même s’ils n’étaient pas Tsadikim, car par cela, on faisait honneur au père ou au grand-père en sous entendant qu’ils étaient Tsadikim sachant qu’on nommait l’enfant en leur nom.
    Nous déduisons de là également qu’il y a une coutume de nommer les enfants au nom des Tsadikim.

    On a des exemples de Tsadikim d’antan qui ont nommé leur enfant au nom de leur père.
    Par exemple, Raban Chimon ben Gamliel a appelé son fils Gamliel (Raban Gamliel de Yavné) comme son père (Raban Gamliel Hazaken).

    Et Raban Gamliel Hazaken a agi de même :
    Il appela son fils Chimon (Raban Chimon ben Gamliel) au nom de son père, Raban Chimon, le fils de Hillel Hazaken.

  2. D’habitude Rachi explique toute difficulté criante du texte.
    Si ce n’est pas une difficulté criante du texte, parfois, il la commente, parfois non.

    Il s’agit certainement ici d’une difficulté criante du texte et pour ne pas que nous croyions que Rachi l’a omise, il écrit qu’il a bien relevé cette difficulté, mais qu’il n’a pas trouvé de solution expliquant pourquoi le texte figure ainsi.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 79398
Date de création : 2017-12-18 10:24:45