Est-il interdit de manger avant toutes les téfilot ?

Chalom Rav.

D’après la Halakha, il est interdit (en tout cas, pour un homme) de manger ou de boire quelque chose de nourrissant avant d’avoir fait la Téfila de Cha’harit.
Mais ‎est-ce vrai également dans le cas où l’on n’a pas prié Min’ha ou si on n’a pas prié ‘Arvit, ou si l’on a pas récité le Kriat Chéma’ (du soir ou du matin) ?

Merci beaucoup !

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Ouriel Aaron,

Ta question inclut de nombreuses questions.

  • Auparavant, nous devons définir ce que la halakha appelle :
  1. Goûter,
  2. Manger un repas normal
  3. Manger un grand repas.
  • Ensuite, nous devons appliquer les lois relatives à ces situations dans les cas de min’ha guedola, min’ha ketana, Arvit, kéryiat Chéma du soir.

Concernant la kéryiat Chéma du matin, la question ne se pose pas car étant donné que l’on n’a pas le droit de consommer une chose nourrissant avant la téfila de cha’harit, forcément, on n’a pas le droit d’agir ainsi avant kéryiat Chéma de cha’harit et une fois que l’on aura fait la prière, on aura aussi forcément récité le kéryiat Chéma de cha’harit.
D’après la halakha, on appelle goûter lorsqu’on mange toutes sortes d’aliments, peu importe leur quantité, dès lors qu’il ne s’agit pas de pain ou de plats constitués à base de farine tels que pâtes, gâteaux, couscous, etc.
Le pain entre dans la définition de goûter si on en mange une quantité inférieure à kabétsa kloufa, un œuf écalé, soit 45 ml.
Plus que cette quantité s’appelle déjà manger un repas.

Pour ce qui est des autres aliments à base de farine tels que pâtes, gâteaux, couscous, est considéré comme goûter le fait de consommer une quantité inférieure à 162 ml.
Au-delà, cela est considéré comme manger un repas.

Manger un repas revient à manger du pain dans une quantité supérieure à 45 ml ou des aliments à base de farine tels que cités auparavant dans une quantité supérieure à 162 ml et alors, on devra faire la nuance entre manger un grand repas ou un repas normal.
Tout repas est appelé un repas normal à moins qu’il ne s’agisse d’un repas de fête tel que celui d’un mariage, d’une bar-mitsva, d’une brit-mila, d’un pidyon Haben, de fiançailles, ou d’une réunion familiale à laquelle participe un grand nombre de personnes, etc., et à plus forte raison si on y boit de l’alcool.
Les repas de Chabbat ne sont pas considérés comme des grands repas.

Maintenant que l’on a défini ce que l’on appelle goûter, manger, un repas normal et un grand repas, appliquons cela aux différentes prières que tu as citées :

On distingue deux sortes de prière de min’ha :

Celle que l’on fait lors de min’ha ketana et celle que l’on fait lors de min’ha guedola.

  • Min’ha guedola correspond à la période qui s’étend entre 40 minutes après le midi juif – moment où le soleil se trouve au sommet de sa course – et environ 3 heures plus tard, donc environ 2h30 avant la sortie des étoiles.
    Lorsqu’on parle d’heures, il s’agit d’heures relatives, c’est-à-dire que l’on prend la journée depuis le lever du soleil jusqu’au coucher du soleil, on divise cette période de temps en 12 et chaque unité obtenue correspond à ce que l’on appelle « une heure ».
    En hiver, cette unité pourra être de 50 minutes tandis qu’elle sera d’1h10 en été par exemple.
    Plus on se rapproche du Nord de l’hémisphère, plus cette unité sera plus courte ou plus longue.
  • Dès 2h30 heures avant la sortie des étoiles, toujours en heures relatives, on rentre dans la période que l’on appelle min’ha ketana.
    Il est bien d’agir d’après la mesure de piété en évitant de commencer un repas normal une demi-heure avant min’ha guedola.
    On priera d’abord min’ha, puis seulement ensuite on commencera le repas.

    Néanmoins, la coutume est de commencer un repas normal même après ce moment.
    En revanche, on n’aura pas le droit de commencer un repas normal dès une demi-heure avant min’ha ketana
    (Halakha Beroura du Rav David Yossef Chalita ch. 232, al. 6 et Or Letsion, tome II, p. 143).

    Tout cela ne sera permis qu’à la seule condition que l’on ait un garde qui nous rappelle d’aller prier min’ha.
    Ce garde ne mangera pas avec nous, au risque d’oublier lui-même de prier.

    Le Rav Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal (Or Letsion, tome II, p. 143) écrit qu’on peut demander à sa femme d’être notre garde même si elle mange avec nous car elle n’oubliera pas de rappeler à son mari d’aller prier.

    Autre solution que propose le Rav Zatsal :
    Mettre un réveil et prendre la décision que lorsqu’il sonnera, d’aller prier. 
    Toutefois, cette solution n’est pas valable si l’on boit au cours de ce repas des boissons alcoolisées.

    Toutes ces halakhot ne s’appliquent qu’à un repas normal.
    S’il s’agit d’un grand repas, il n’y a aucune solution si ce n’est de prier avant le repas.
    Même si l’on ne trouve pas de minian, on priera seul plutôt que de commencer le repas et de prier plus tard en minian.

Concernant la prière d’Arvit :

Le Rav Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal écrit dans le même livre à la page 148 qu’on n’a pas le droit de commencer un repas, même normal, une demi-heure avant la sortie des étoiles, mais en cas de nécessité, on dira le kéryiat Chéma sans faire la prière d’Arvit ni les berakhot de kéryiat Chéma, puis on prendra un garde comme exposé plus haut qui nous rappellera après le repas de faire la prière d’Arvit.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 78377
Date de création : 2017-10-15 12:13:31