J’essaie de comprendre les halakhot de Hol Hamoed…

 

Kavod HaRav,

J’essaie de comprendre les halakhot de Hol Hamoèd
Je trouve le concept difficile à comprendre.

Si j’ai bien compris, si c’est pour notre corps, la fête, ou le bien être du public, on peut faire toutes les mélakhot nécessaires pour accomplir la tâche.
Est-ce exacte?

Dans cette même pensée, est-ce que le téléphone est permis ?
La voiture ?
Ouvrir le courrier ?
Raccrocher les décorations de la Souca qui sont tombées parterre ?

Et toutes les sorties de hol Hamoèd en famille, au parc d’amusement ou au musée, est-ce permis ?
Ces endroits sont bondés de juifs religieux, alors j’imagine qu’il y a permission ?

La ligne n’est pas aussi claire que pour Chabbat, voilà pourquoi je trouve difficile de comprendre les interdictions.
Merci de votre aide !
Merci encore

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Jordana,

Les lois de ‘hol Hamoèd sont nombreuses, complexes et surtout méconnues du grand public. Cela est fort dommage car la sanction de la transgression des lois de ‘hol Hamoèd est grave :

Une telle personne n’a pas part au Olam Haba
(si elle le fait de façon prémédité).

Il existe une discussion entre les décisionnaires cherchant à savoir si toutes les lois de Chabbat s’appliquent également à ‘hol Hamoèd (dans le cadre des conditions expliquées ultérieurement (5 types d’autorisation de faire une mélakha pendant le Moèd), Massé hédiot pour le Moèd, ou s’il s’agit de davar ha’avèd, un cas amenant à une perte, etc.) ou si seules les mélakhot nécessitant un certain temps de réalisation ou un certain effort sont interdites.
En revanche, on autoriserait les mélakhot rapides à effectuer et n’impliquant aucun effort, tel que porter une chose dans la poche à l’extérieur, allumer et éteindre, faire un nœud, arracher des plantes de la terre pour rien, etc.
En raison de cette discussion, les décisionnaires actuels recommandent d’opter pour l’avis sévère et d’éviter même les mélakhot qui ne nécessitent pas d’effort et qui sont rapides à faire.

Néanmoins, il sera permis à ‘hol Hamoèd de faire toutes les mélakhot indirectement et non avec l’intention de les faire.
Bien qu’à Chabbat, on interdira mélakha chéèna tserikha légoufa, psik récha, celles-ci seront permises à ‘hol Hamoèd
Par exemple, ouvrir le frigo bien que cela allume la lumière et que cela ne soit pas nécessaire, ou encore se rincer les mains au-dessus d’une pelouse, bien que cela arrose l’herbe et qu’il n’est pas dans notre intention d’arroser l’herbe pendant ‘hol Hamoèd mais de simplement se laver les mains, etc.
En revanche, il est interdit de faire à ‘hol Hamoèd une chose demandant un grand effort bien qu’il n’y ait aucun interdit en cela car il faut profiter de la fête durant ces jours et non faire de grands efforts qui diminueraient notre joie.

Concernant les lois dérabannan, certaines ont été autorisées, et d’autres, interdites, voici une liste non-exhaustive des interdits :

  • Dire à un goy de faire une mélakha Déoraïta interdite à faire ‘hol Hamoèd,
  • Mettre des légumes en conserves,
  • Faire du commerce, etc.

Il est en revanche permis de porter des objets mouktsé pendant ‘hol Hamoèd, tremper des ustensiles au mikvé, prélever des teroumot oumaasserot, sortir de la ville plus loin que 960 mètres, penser et parler de ses affaires, visiter un bien dans le but de l’acquérir ou de vérifier l’avancement de la construction, vérifier le prix d’un futur achat.

Il existe 5 raisons d’autoriser d’accomplir des mélakhot Déoraïta durant ‘hol Hamoèd :

  1. Davar ha-avèd :
    • En raison d’une grande perte financière ou spirituelle ou d’un risque important de perte (et non faible).
    • On a le droit de faire une mélakha même professionnelle, mais on tentera de la réaliser de façon discrète.
    • Un manque à gagner, c’est-à-dire, non pas une perte mais une occasion ratée de gagner beaucoup n’est pas considéré comme davar ha-avèd.
      • Toutefois, on pourra effectuer une telle mélakha si se présente à nous un gain important et tout-à-fait inhabituel et à la ondition de ne pas avoir attendu ‘hol Hamoed pour la faire.
    • Il est permis de faire une mélakha permise bien quelle nous amènera à une situation de davar ha-avèd si l’occasion ne se représentera plus.
      • Par exemple, se procurer des raisins car c’est le meilleur moment pour cela mais une fois en notre possession, devoir fabriquer du vin sans quoi les raisins vont pourrir.
    • Si l’action en question demande un grand effort, elle est interdite à moins de risque de danger ou une très grande perte.
  2. Tout ce qui est lié à la préparation de la nourriture est permis à ‘hol Hamoed bien que cela requiert beaucoup d’efforts et un acte professionnel.
    • On peut même vendre ensuite nos préparations.
    • On peut également réparer des ustensiles à cette fin, à moins d’avoir attendu ‘hol Hamoed pour le faire.
    • On peut aussi faire toutes les mélakhot dans toutes conditions pour des raisons médicales ou des raisons d’hygiène.
  3. Une personne qui n’a pas de quoi manger, c’est-à-dire qui n’a pas de quoi subvenir aux besoins minimaux de sa famille – cela inclut aussi de la viande et du vin pour la fête, payer des factures qui doivent être réglées durant la fête (mais pas après la fête) – pourra faire toutes sortes de travaux interdits durant ‘Hol Hamoed.
    • Néanmoins, elle préfèrera le faire de façon discrète, et si elle peut vendre de la marchandise qu’elle possède, elle choisira aussi cela plutôt que de faire des travaux interdits.
    • On a le droit de faire travailler quelqu’un qui se retrouve dans cette situation en lui faisant faire des travaux interdits durant pendant ‘Hol Hamoed, bien qu’on n’ait pas besoin du fruit de son travail et que ce soit avant ou après la fête, tout cela pour subvenir à ses besoins.
      • Néanmoins, cette personne n’aura pas le droit de faire la lessive pour nous.
  4. « Tsorké Rabim », une nécessité publique :
    • On a le droit de faire toutes sortes de travaux interdits pendant ‘Hol Hamoed, même s’il s’agit de « Maassé Ouman », c’est-à-dire un travail nécessitant un savoir professionnel, même s’il est très difficile de le réaliser et même si on l’a laissé pour ‘Hol Hamoed.
      • Qu’appelle-t-on une nécessité publique ?
        • Tout ce qui concerne le grand public tel que la réparation des routes, d’un Mikvé, la tuyauterie ou toute autre réparation d’électricité desservant un immeuble ou plus, la réparation d’un ascenseur ou d’un camion qui amène de la nourriture ou autre chose nécessaire au public, le fait d’enlever des choses dans le domaine public pouvant nuire au public etc.
        • Tout cela à condition que le public va bénéficier de cela durant ‘Hol Hamoed, mais si ce ne sera le cas qu’après la fête, il n’est permis de réaliser que des actions simples (« Maassé hédiote », qu’on expliquera au point suivant) ; néanmoins, il sera autorisé d’agir ainsi même si on a prévu de le faire durant la fête alors qu’on aurait pu le faire avant.Toute chose à faire pour une personne décédée qu’on doit enterrer est permise durant la fête.
  5. Maassé hédiote , une action simple :
    • Si cela ne nécessite pas un grand effort, il est permis de réaliser toute action qui ne fait pas partie des 4 points précédemment cités pendant ‘Hol Hamoed, bien qu’elle soit interdite déoraïta durant Chabbat et Yom Tov, et à la condition qu’on fasse cette Mélakha afin d’en tirer un profit pendant la fête, même s’il y a un doute à ce sujet.
      • Cela dit, il faut quand même qu’il y ait de grandes chances pour qu’on en profite durant la fête.
    • On pourra faire ce type d’action soi-même ou demander à quelqu’un qu’il la réalise pour nous, si possible gratuitement.
      • Si ce n’est pas possible, on pourra la rémunérer pour cela. Mais si on réalise la Mélakha sans aucun but, et qu’on l’accomplit uniquement parce que cela nous fait plaisir (comme pêcher par exemple),  cela est interdit.
    • Même pour une Mitsva, on n’a pas le droit de faire une Mélakha nécessitant un savoir professionnel, mais seulement une Mélékhèt hédiote, c’est-à-dire une action simple, et aussi à la condition que ce soit pour la fête.
    • S’il s’agit d’une Mitsva qu’on ne peut réaliser que maintenant et pas après, alors il est permis de la réaliser même lorsqu’elle nécessite un savoir professionnel.
    • Si on fait cette Mitsva pour soi-même et pas pour quelqu’un d’autre, il est même permis de la faire si on en a besoin juste après la fête à condition que ce soit une Mélékhèt hédiote, une action simple (telle que préparer des Tefillins, des Tsitsit ou des Mézouzot).
      • Qu’appelle-t-on une action simple ?Pour qu’elle soit considérée en tant que tel, elle doit respecter 3 conditions :
        1. N’importe quel homme peut la faire bien que ce ne soit pas sa profession.
        2. Elle ne demande pas une grande dextérité ni une trop grande attention.
        3. Aucune connaissance professionnelle n’est requise pour la réaliser.
          • Chaque Mélakha nécessitant un certain temps d’apprentissage est considérée comme une action professionnelle et non comme une action simple, sauf la conduite en voiture qui est donc une action permise si on agit ainsi pour la fête.
          • Même si une action est très simple à réaliser et ne demande ni dextérité, ni attention, ni effort pour un professionnel car il est habitué à la faire, cela lui est interdit durant ‘Hol Hamoèd.
          • Il est permis de faire une action professionnelle Béchinouï (différemment que d’habitude).

Il ne s’agit que des principes majeurs de ‘Hol Hamoèd.
Comme je l’explique au début de ma réponse, ces lois sont nombreuses, touffues et méconnues.
C’est pour cela qu’il ne faudra rien faire sans bien étudier ces lois auparavant, ou poser la question à une autorité rabbinique compétente.

(Réponse écrite sur les bases du livre Piské Téchouvot, début du tome 6)

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 73067
Date de création : 2016-10-31 14:33:33