Faut-il se tourner forcément vers les ultra-orthodoxe pour pratiquer le judaïsme ?

 

Bonjour Rav Ron CHAYA,
Avant tout je tiens à vous remercier pour les cours que vous publiez très régulièrement, mis à disposition de tous, c’est un plaisir de vous écouter et d’apprendre avec vous.

  1. Les Rav orthodoxes citent « mot par mot » des grands de la Torah comme Rabbi Na’hman de Braslav, rabbi de Loubavitch, Baba salé etc. mais certaines réalités écrites datent d’il y a 3 siècles et elles sont majoritairement des références pour les ‘Hassidim (ultra-orthodoxes) qui privilégient une lecture littérale, évitant ainsi toute recherche philosophique.
    Or, ce qui différencie le Judaïsme des autres religions (selon mon humble avis) est le questionnement, la recherche et non pas la limitation à apprendre par cœurs et répéter mot-par-mot (la distinction entre le « crétin fini croyant » et le « savant » comme vous dites dans d’autres occasions), pourtant c’est cet aspect « ultra » qui est souvent élogié.

    • J’ai l’impression que pour éviter de ressembler aux « modernes orthodoxes » on préfère s’associer aux ‘Harédim même lorsque les conséquences sont loin d’être positives (je me limiterai à citer les << Librairies cacher >> où Socrate, Platon, Voltaire, Shakespeare sont interdits, où les livres universitaires sont brûlés par certains etc.).
      • C’est pourquoi j’aimerais savoir quels grands de la Torah non ultra-orthodoxe vous conseillez aujourd’hui.
    • Faut-il se tourner forcément vers les ultra-orthodoxe pour pratiquer le judaïsme ?
  2. J’ai la sensation que le Monde Orthodoxe se trouve entre deux-feux, les libéraux/massorti et les ultra-orthodoxes et qu’on préfère se tourner vers un modèle qui ne reflète pas la réalité des Rav de votre génération, suis-je en erreur ?
    (vous avez fait l’armé, vous avez étudié le grec, le latin, philo, sûrement de la littérature étrangère… et pourtant vous orientez -dans les vidéos que j’ai visionné- les garçons soit de rester à la Yéchiva soit de devenir électricien ou toute autre job manuel)

Je ne sais pas si vous avez le temps de répondre à tous les messages, mais je vous remercie d’avance pour votre temps et réponse.
Ne sous-estimez surtout pas l’impact que Leava a pour ceux qui vous suivent 🙂
Cordialement

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à vos questions :

  1. Les Rav orthodoxes citent en minorité les grands de la Torah tels que Rabbi Na’hman de Breslev, le Rabbi de Loubavitch ou encore Baba Salé, car les adeptes de ces mouvements sont minoritaires dans le monde orthodoxe (Baba Salé excepté car il n’y a pas de mouvement en son nom).
    • Mais effectivement, ils citeront mot à mot les paroles de la Michna écrite il y a 1 800 ans, celles de la Guémara rédigée il y a 1 500 ans, celle des rabbins de l’époque médiévale, celle du Choul’han Aroukh écrit il y a 500 ans etc., car d’après la Torah, nous avons l’obligation de les écouter.
    • Il est clair que dans les Yéchivot, on n’apprend pas bêtement par cœur ou mot à mot. Au contraire, le moindre mot est analysé et fait parfois l’objet de longues discussions.
      On peut même passer des heures entières à discuter sur une seule ligne afin de bien comprendre de quoi il retourne.
      Mais on ne remet jamais ces écrits en question. Si on ne comprend pas, le pire est qu’on puisse dire est qu’on n’a pas compris.
    • Il faut aussi comprendre que la marge de compréhensions différentes est très grande, d’où le nombre effrayant des textes écrits sur le Talmud ou autres œuvres des sages d’Israël (plus de 100.000 !).
      Donc au contraire, il n’y a pas un apprentissage idiot mais un questionnement intense.
      Je peux même dire que c’est le propre du monde des Yéchivot et que cette chose est unique au monde, du moins au niveau de l’intensité avec laquelle le moindre détail est étudié.

    • Effectivement, une fois qu’on a compris où se trouvait la vérité, il n’y a rien de plus aberrant que de perdre son temps, c’est-à-dire perdre sa vie, à lire les écrits de Socrate, Platon ou Voltaire, des inventions humaines, car d’un côté, nous avons la vérité divine, le sens de notre vie et la connaissance d’Hachem, et de l’autre nous avons des textes certes intelligents et beaux, mais néanmoins humains et contenant certainement des choses contraires à la vérité.
    • Par contre, tout ce qui concerne la science est tout à fait permis voire conseillé car par cela, on peut s’apercevoir de la grandeur d’Hachem et de Sa sagesse.
      • En visionnant les deux cours susmentionnés, j’espère que vous comprendrez qu’on doit forcément se tourner vers les ultra-orthodoxes pour pratiquer le judaïsme authentique.
    • Je comprends que je puisse vous sembler radical, mais j’ai suffisamment bourlingué dans ma vie pour trouver la vérité et pour être en mesure de dire où elle se trouve aujourd’hui, et je ne changerai cela pour rien au monde.
      • Comprenez bien que « presque vrai » équivaut à faux.
  2. Je n’ai commencé à pratiquer la Torah de A à Z qu’à partir de l’âge de 22 ans.
    Auparavant, j’ai eu une formation sur la culture générale occidentale.

    • Évidemment, je n’ai pas éduqué mes enfants ainsi mais dans la vérité, comme précité, c’est-à-dire avec la culture générale nécessaire pour ne pas qu’ils soient complètement ignorants dans le monde dans lequel ils vivent, mais aussi en fonction d’une orientation extrêmement poussée dans la vérité, la connaissance d’Hachem, le bien envers autrui et le travail sur soi-même.
    • Je recommande les métiers manuels, non pas parce que je pense qu’en soi il est préférable d’être électricien ou plombier plutôt que médecin, mais simplement parce que ces métiers nécessitent moins d’investissement et laissent donc plus de temps pour se consacrer à notre vrai but sur Terre.
      • De plus, on profite beaucoup moins des honneurs, chose totalement mensongère.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Agav

Référence Leava : 69243
Date de création : 2016-02-07 17:01:53