Il semble qu’il y ait un problème avec l’art de l’acteur qui « fait semblant d’être un autre » et donc trompe le public car il n’est pas lui même…

Cher Rav,

En discutant avec un ami du passage où Yakov se déguise en Esaw, nous en sommes venu à la question de l’art de l’acteur.

Je soumettais notamment à mon camarade d’étude le passage suivant du traité Sanhedrin 92a (j’espère ne pas me tromper…), dont voici le texte (je traduis du Talmud anglais Artscroll):

« Et R. Élazar a aussi dit : quiconque déguise sa parole [afin de ne pas être reconnu] est considéré comme vénérant les idoles. [Car] il est écrit [dans un vers concernant la tromperie de Jacob] : je serai à ses yeux comme un trompeur [Gn 27:12].
Et il est écrit ailleurs : Elles sont une chose de néant, une oeuvre de tromperie [Jr 10:15]. »

Il semble donc qu’il y ait un problème avec l’art de l’acteur qui « fait semblant d’être un autre » et donc trompe le public car il n’est pas lui même.

Auriez-vous quelques sources (si possible talmudiques) qui pourraient éclaircir ce point et nous permettre d’avancer dans cette discussion?

En vous remerciant par avance pour votre aide,
Studieusement,

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Il est clair qu’on n’a pas le droit de mentir, et prétendre être un autre est un mensonge.
Néanmoins, il est permis de mentir pour ne pas se faire voler.

C’est ce qu’a fait Yaakov :
S’il n’avait pas pris l’apparence d’Essav et qu’il avait dit à son père que son frère lui avait vendu le droit d’aînesse, et que par conséquent, c’est à lui que revenait les bénédictions, Its’hak n’aurait pas eu le droit de le croire.
Il aurait donc fait appel à Essav afin de lui poser la question, puis il aurait tranché entre les deux.

Évidemment, Essav aurait nié et Yaakov n’aurait pas pu prouver qu’il avait raison.
Or, étant donné que jusqu’à maintenant, Essav était l’aîné, il le serait resté faute de preuve.

En effet, il est écrit la chose suivante : 

« Hamotsi Mé’havéro, Alav Haréaya », c’est-à-dire que si une personne veut s’approprier une chose censée appartenir à son prochain, c’est à elle d’en apporter la preuve.
Yaakov a donc agi de façon tout à fait légitime.

C’est comme si des voleurs venaient cambrioler notre domicile en nous demandant :
« Avez-vous de l’argent caché quelque part ? »
Il est clair qu’on leur répondrait que nous n’avons pas d’argent, bien que ce soit le cas.
Donc même si cela est effectivement un mensonge, néanmoins il est clair qu’on a raison d’agir ainsi.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 68900
Date de création : 2016-01-13 18:40:12