J’ai plusieurs questions sur des sujets de Guémara, et du TaNaKh.

 

BONJOUR,

Rav j’essaye de faire téchouva mais il y’a beaucoup de questions qui me perturbent pour l’instant j’espère que vous pourrez m’aider.

  1. La Guemara dans Chabbat 49a dit que 39 fois apparait les mots mélakha , melekhet ou melakhto alors que en vérité si on compte on trouve 47 fois !
  2. Comment comprendre que certains Guéonim (tel que le dit le Ravad sur le Rambam) croyaient que D. avait un corps.
  3. Comment les ‘hakhamim peuvent dire que Pi vaut 3 et même la’houmra !!
  4. Pourquoi les Guémarot considèrent mal les goyim ( une espèce en dessous du juif) , cela laisse la place a l’antisémitisme ?!
    (surtout que ce ‘est pas de leur faite de n’être que des goyim) .
  5. La Guémara (dans Irouvin 54b, Yoma 29a) , on voit que ‘Hazal utilisent des métaphores très sexuelles, est ce cela la beauté du langage ?
  6. Comment comprendre les erreurs de David Hamélekh avec les femmes (Batchéva et Abigaël)
    ainsi que Chlomo Hamélekh,
    est-ce cela Nos grands d’Israël ?
  7. Pourquoi devons nous nous plier a tous les minhaguim débiles tel que le Omer alors que selon beaucoup de Richonim tout ce qui se passent après Hatimat HaTalmud n’existent pas !
    (surtout qu’il est écrit leistaper et pas leitgaleah )
  8. Comment pouvez vous dire que le Rambam n’a écrit le more nevouhim que pour sauver les gens des mains de la philosophie alors qu’il est écrit complètement l’inverse dans igeret thiat amétim et qu’il considérait Aristote comme quelqu’un qui avait presque la Névoua .

Merci de me répondre au plus vite Rav
Cordialement
David

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom David,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Je ne sais pas comment tu es arrivé à 47 fois, moi j’arrive exactement à 39.
    • En voici la liste :
    • Le mot hamélakha (bien qu’il ne soit pas cité dans les 3 mots que dit la Guémara (mélakha, mélakhto, mélékhèt), il est néanmoins cité dans la chakla vé-taria plus bas dans la Guémara lorsque la Guémara pose la question sur le mot vé-ha-mélakha de la citation vé-ha-mélakha hayeta dayam pour savoir si ce mot fait partie des 39 ou pas.
      • Nous apprenons de là que l’on peut compter le mot ha-mélakha et aussi le mot vé-ha-mélakha.
        • On trouve ce dernier mot une seule fois dans toute la Torah dans Chémot 36, 7.
    • On trouve 7 fois le mot ha-mélakha dans toute la Torah, mais il est clair qu’il y a un des 7 que l’on ne pourra pas compter, celui de Béréchit 33, 14 où Yaakov dit à Essav :
      • « léréguel ha-mélakha acher léfanaï » ;
        • on parle ici du travail qu’il avait à faire avec ses troupeaux et non d’une mélakha proprement dite dans les lois de Chabbat ou dans la construction du Michkan.
    • Les 6 autres mots hamélakha que nous trouvons dans la Torah sont dans :
    • Nous trouvons aussi 19 fois le mot mélèkhèt dans la Torah,
      • mais 14 d’entre eux ne sont pas à prendre en compte car il est écrit mélèkhèt avoda et non mélèkhèt tout court.
    • Hazal cherchent ce mot en tant que mélakha et non en tant que mélakha d’une avoda.
    • On trouve 4 fois le mot « mélakhto » dans la Torah, mais une des 4 fois n’est pas prise en considération, il s’agit du cas de Yossef comme l’explique la Guémara dans la chakla vé-taria (je ne compte pas le mélakhto de Yossef mais le vé-ha-mélakha hayeta dayam de Chémot 36, 7) susmentionné.
      • Il en reste 3 aux endroits suivants :
    • On ne tiendra pas compte de toute les apparitions du mot mélakha autres que celles citées dans la Guémara Chabbat page 49 c’est-à-dire mélakha, mélakhto, mélékhèt plus ha-mélakha et vé-ha-mélakha.
      • C’est pour cela que mi-mélakhto, la-mélakha, li-melékhèt etc. ne seront pas pris en considération.
    • On obtient donc en fin de compte 24 mélakha, 6 ha-mélakha, 5 mélékhèt, 1 vé-hamélakha et 3 mélakhto, soit 39.

      • Hazakhazakhazak pour ‘Hazal.
  2. Je ne sais pas de quels Guédolim tu parles, en tout cas il est clair que le Raavad n’a jamais dit une chose pareille.
    • Celui qui comprend ainsi les paroles du Raavad ne sait tout simplement pas étudier ; le Raavad écrit (hilkhot téchouva Pérèk Guimèl annotations sur halakha zaïn) la chose suivante :
      • « Pourquoi Maïmonide considère-t-il celui qui croit qu’Hachem a un corps et une image comme min ?
        • Beaucoup de grands et de bons parmi nous (miménou signifie parmi le peuple d’Israël et non miméno dans le sens « de lui » en parlant du Rambam comme on peut le voir dans Béréchit 26, 6 : « Ich miménou lo etc. » ou encore dans Béréchit 26, 16 : « Ki atsamta miménou ») ont eu cette pensée d’après ce qu’ils ont lu et encore plus dans ce qu’ils ont vu dans les paroles des agadot qui falsifient la pensée (divré ha-agadot haméchabechot et ha-déot) ».
      • Le Raavad n’a jamais pensé qu’Hachem puisse avoir un corps ‘has vé Chalom, si c’était le cas il aurait fait son annotation contre le Rambam directement au début du livre de ce dernier dans Yessodé haTorah chapitre 1 alinéa 7 ou il explique qu’il est impossible qu’Hachem puisse avoir un corps car si c’était le cas, Il aurait une fin.
        • Or, le Raavad n’a mis aucune annotation sur cela, donc il est clair qu’il accepte cela et qu’il refuse de croire qu’Hachem puisse avoir un corps.
    • Le sens de ses paroles dans Hilkhot téchouva est le suivant :
      • Comme l’explique le ‘Hazon Ich (dans ‘Hazon Ich Yoré Déa chapitre 62 alinéa 21), on ne peut pas considérer comme min une personne du peuple d’Israël qui est simple d’esprit et qui, en lisant les versets, s’imagine à tort qu’Hachem puisse avoir un corps (et à plus forte raison lorsqu’il lit les agadot de ‘Hazal mentionnant par exemple qu’Hachem ressemblait à un chalia’h tsibour enveloppé d’un talith au mont Sinaï ou qu’Il ressemblait à un guerrier sur un cheval lors de la traversée de la mer rouge etc.).
    • Mais il est clair qu’une personne savante connaissant parfaitement les principes de la pensée juive qui stipulent qu’Hachem est infini et qu’Il n’a pas de corps, et qui néanmoins réfute cela en affirmant qu’Hachem a un corps, cette personne est considérée comme min aussi d’après l’avis du Raavad.
  3. Une des preuves de la profondeur des paroles de ‘Hazal est justement la valeur qu’ils donnent à Pi.
    A ce titre, consulte le lien suivant.
  4. Si ce sont des goïm qui sont des idolâtres, où est le problème à les critiquer à partir du moment où ils agissent non seulement de façon extrêmement prohibée d’après la Torah, mais aussi de façon ridicule ?
    • Comme le dit Jérémie, chapitre 2 verset 27 :
      • Ils disent au bois : « Tu es mon père ! »
      • à la pierre : « C’est toi qui m’as donné la vie ».
    • Mais même s’il s’agit de goïm athées ou monothéistes, en fin de compte, ils ne pratiquent pas les 613 mitsvot, ils sont donc forcément plus éloignés de la divinité qu’Am Israël.
    • De plus, pour être le peuple élu d’Hachem, Am Israël a souffert 400 ans en Égypte, souffre depuis 2 500 ans en exil, a subi une Shoa, choses qu’aucun autre peuple ne peut dire qu’il a subi.
    • D’autre part, une petite étude comparative nous montre tout à fait les qualités d’Am Israël par rapport aux autres peuples.
      • Tous les peuples et toutes les religions ont pratiqué des génocides, mais Am Israël, excepté les rares fois mentionnées dans la Torah où Hachem leur ordonne de partir en guerre contre des peuples qui les ont fait fauter, jamais au grand jamais on pourra dire que le peuple d’Israël a commis un génocide, et cela fait bien 3 000 ans que c’est ainsi.
    • Comment expliquer cela ?
      • Comment expliquer la profusion de prix Nobel que les juifs récoltent ?
      • Comment expliquer l’éternité d’Am Israël pendant l’exil ?
        • Tout cela met en évidence la qualité d’âme spéciale dont jouit Am Israël.
    • Donc lorsque la Guémara critique les goïm, ce n’est pas pour dire qu’ils sont mauvais (à part les cas où c’est vraiment le cas), mais pour mettre l’accent sur le fait que les juifs sont plus proches d’Hachem qu’eux.
    • Ceci dit, chaque non-juif qui veut se convertir sincèrement peut le faire et peut entrer dans l’unité d’élite qu’est Am Israël.
      • Un non-juif peut aussi avoir part au Olam Haba en restant goï et en pratiquant les 7 lois noa’hides.
  5. Je ne vois aucun problème à cela.
    • Tout le Chir HaChirim est une histoire d’amour, et il ramène quelques séquences relevant de l’intimité entre un homme et une femme.
      • Hazal ont bien dit qu’il s’agissait d’une métaphore de la relation d’amour qu’il y a entre Hachem et Am Israël.
    • Comme l’écrit le Rambam à la fin de Hilkhot téchouva, l’amour que nous devons avoir pour Hachem doit être plus grand que celui qu’éprouve un homme pour une femme à laquelle il pense sans cesse : lorsqu’il va dormir, lorsqu’il se lève, lorsqu’il mange, lorsqu’il boit etc., plus que cela sera l’amour d’une personne envers Hachem.
      • D’ailleurs, moi-même dans mes cours, je suis obligé d’utiliser très souvent l’exemple de l’amour qui existe entre une homme et une femme pour pouvoir expliquer la relation qui nous lie à Hachem.
    • Étant donné que nous avons une mitsva d’aimer Hachem, comment expliquer cela sans prendre l’exemple de l’amour qui existe entre l’homme et la femme ?
      • L’importance du don gratuit, le fait que l’amour provienne de la connaissance etc.
    • Outre cela, nous sommes formés d’un corps et d’une âme, et de même que dans le corps il y a une jouissance qui peut être sexuelle, de même au niveau de l’âme, nous pouvons et devons arriver aussi à cette jouissance ; c’est cela auquel ‘Hazal font allusion.
      • Cela est très juste, très grand et très beau.
        • Cela n’est moche que pour les esprits petits qui ne savent pas voir plus loin que le physique, et ‘Hazal n’ont pas à se soucier de ce que disent les gens petits.
  6. A propos du roi David, consulte le lien suivant.
    • Chlomo HaMélèkh voulait faire un grand tikoun en ramenant beaucoup d’étincelles de sainteté qui se trouvaient dans ces femmes-là, c’est pour cela qu’il s’est dit qu’il pourrait passer outre l’interdit de la Torah qui stipule qu’un roi d’Israël ne peut pas se marier avec plus de 18 femmes de peur qu’elles ne lui tournent l’esprit.
      • Il s’est dit :
        • « Moi, je me marierai avec beaucoup de femmes et mon esprit ne sera pas mal influencé par elles ».
    • Néanmoins, il est tombé dans le panneau car bien que la Torah ait donné la raison, il n’avait pas le droit de transgresser cette parole de la Torah.
      • La Bible et ‘Hazal ne se gênent pas pour le critiquer à ce propos.
    • Cela n’empêche pas qu’il était malgré tout un des grands sages d’Israël, et la Torah n’a pas peur de révéler au grand jour les erreurs des grands sages d’Israël, chose unique d’ailleurs compte tenu du récit des héros des autres religions.
  7. Tu auras une réponse à ta question en consultant les cours intitulé « La loi orale », 1 et 2.
    • Consulte aussi le Sefer Ha’hinoukh mitsva 496.
  8. Le Rambam voulait sauver les juifs de la philosophie ; il voulait les sauver de penser qu’il trouverait la vérité dans la philosophie grecque en abandonnant la Torah ; il a donc voulu réconcilier les deux, et ainsi préserver les juifs d’un abandon de la Torah pour la philosophie.
    • Mon conseil :
      • Ton problème n’est pas dans ces questions, mais simplement tu n’es pas suffisamment dans la kedoucha, en relation intime avec Hachem ; fais vite téchouva, fonce, car Machia’h n’est qu’une question de semaines et c’est trop dommage de rater le coche…

Que D. t’aide !
J’attends tes remarques.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 18411
Date de création : 2012-05-30 15:05:33