D’où sait-on qu’il est interdit d’être ivre ? Pourquoi D.ieu emploie le terme « tanin » pour désigner le bâton d’Aharon qui se transforma en serpent ?

Chalom Rav,

  1. Je voudrai connaître la source qu’on n’a pas le droit d’être ivre ?
  2. De plus pourquoi dieu emploi le mot  » tanin  » et non pas  » na’hache  » ( parachat vaera ) alors que justement nous avons vu au début de la Torah avec Adam et ‘Hava que D.ieu emploi  » na’hache « , donc pourquoi ne pas l’avoir de nouveau utilisé ?

Merci du temps que vous m’accorderez .
Chavoua tov

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom ‘Haïm,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Voici la source de l’interdiction de se rendre ivre :

    Il est écrit dans Michlé (proverbes), chapitre 23 versets 29 à 35 :

    « Pour qui les « ah ! », pour qui les « hélas ! », pour qui les disputes et pour qui les plaintes ?
    Pour qui les blessures gratuites et pour qui la vue trouble ?
    Pour ceux qui s’attardent à boire, pour ceux qui vont déguster le vin parfumé.
    Ne couve pas de tes regards le vin vermeil qui brille dans la coupe : il glisse doucement, et finit par mordre comme un serpent, par piquer comme un aspic.
    Alors tes yeux voient des choses étranges et ton corps laisse échapper des propos incohérents.
    Tu te crois gisant au fond de la mer, couché au sommet d’un mât, on m’a frappé diras-tu et je n’ai pas eu de mal.
    On m’a roué de coups et je ne l’ai pas senti. Quand donc me réveillerai-je ?
    Je recommencerai, j’en demanderai encore ! ».

    La Guémara, dans le traité Sanhédrin page 70A, fait quelques drachot à propos du vin.

    A propos du verset qu’on vient de voir :
    « Ne couve pas de tes regards le vin vermeil », vermeil se dit en hébreu « yitadam ».

    La Guémara explique que cela ne doit pas nous amener à boire beaucoup de vin car à la fin, cela amène le « dam », le sang, c’est-à-dire la mort.

    La Guémara continue et dis :
    Le vin est appelé en hébreu (entre autres) « tiroch ».
    Or, on l’écrit dans la Bible sans le vav et on peut alors lire « tirach », pour nous dire que si on a le mérite d’en boire avec mesure, on arrive à être « roch » (comme « tiroch») c’est-à-dire à la tête, sinon, on aboutira à être « rach » (comme « tirach») c’est-à-dire pauvre (« rach » signifie pauvre en hébreu).

    Rav a dit :
    « Celui qui boit du vin, s’il ne mérite pas (c’est-à-dire s’il en boit trop), sera rendu vide et désolé ».

    La Guémara cite l’épisode où Noé a planté une vigne, s’est enivré puis s’est fait violé par son fils (ou énuqué par celui-ci – les avis sont partagés dans la Guémara).

    La Guémara dit que dans le texte, on verra 13 fois en début de mot les lettres « vav » et « youd » qui se prononcent « vaye » qui signifie malheur mais dans le texte, ils signifient « et »…

    « vaya’hel Noa’h » et Noé commença,
    « vayita’ » et il planta,
    « vayèchte » et il but,
    « vayichkar » et il s’enivra,
    « vayitgal » et il se roula,
    « vayar » et il vit,
    « vayaguèd » et il dit,
    « vayika’h » et il prit,
    « vayassimou » et on mit,
    « vayilkhou » et sont allés,
    « vayékhéssou » et ont recouvert,
    « vayikèts » et il se réveilla,
    « vayéda’ » et il sut.

    En tout, 13 fois « vaye » c’est-à-dire 13 fois malheur !

    La Guémara continue et dit que D. a dit a Noé :
    « N’as-tu pas appris du premier homme quelles sont les malheurs que le vin amène au monde ? »

    Lé péché originel n’est arrivé que par cela car le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal était la vigne.
    Effectivement, rabbi Méir enseigne que ce fruit était forcément de la vigne car il n’y a pas de fruit qui amène plus de souffrances et de malheur que celui-ci.
    Il est donc certainement à la source de nombreux malheurs qu’il y a aujourd’hui dans le monde.

  2. Pourquoi la Torah emploie le mot « tanine » pour désigner le bâton d’Aharon qui a avalé les « serpents-bâtons » des sorciers alors que le mot serpent, lors du péché originel, est appelé « na’hach » ?

    Je vais même renforcer ta question puisque, lorsque la Torah raconte qu’au moment de l’épisode du buisson ardent où D. fait tout pour convaincre Moché d’aller libérer le peuple d’Israël, D. lui fait jeter son bâton à terre qui se transforme en serpent.
    Or, là-bas, la Torah emploie le terme « na’hach ».

    Le Keli Yakar, parachat Chémot, alinéa 9, explique :

    « Le tanine est un grand serpent beaucoup plus dangereux que le reste des serpents », comme il est écrit à son propos dans Dévarim, chapitre 32 verset 33 :
    « Leur vin est comme la colère des taninim ».

    La Torah, pour employer un terme de grande colère, ne parle pas du na’hach mais bien du tanine et le Keli Yakar explique que Moché rabbénou, dans la mesure où il devait entre autres guider le peuple d’Israël avec son bâton, ne devait pas utiliser son bâton qu’avec l’attribut de rigueur et de colère mais aussi avec l’attribut de miséricorde et de bonté.
    Ce sera par exemple ce bâton qui ouvrira la mer ou qui donnera de l’eau au peuple lorsqu’on le frappera sur le rocher.

    Par contre, le bâton d’Aharon n’a servi qu’à frapper l’Egypte lors des plaies du sang, des grenouilles et de la vermine.
    Dans cette mesure, le bâton d’Aharon a plus de pouvoir de faire du mal que celui de Moché.

    Il est écrit que lors de la rencontre entre Moché et Pharaon (Chémot chapitre 7 versets 15 et 17), D. dit à Moché de prendre le bâton qui a été changé en serpent, d’aller voir Pharaon et de l’avertir qu’avec ce bâton, les eaux du fleuve se convertiront en sang en parlant uniquement des eaux du fleuve et pas du reste de l’eau de l’Egypte.

    Ceci n’était qu’un avertissement mais lorsque D. décide de véritablement frapper l’Egypte par la plaie du sang, il est écrit (verset 19) que D. dit à Moché :

    « Parle ainsi à Aharon, prends ton bâton, dirige ta main sur les eaux des égyptiens, sur leur fleuve, sur leurs canaux, sur leurs lacs et sur leurs réservoirs et elles deviendront du sang.
    Il n’y aura que du sang dans tout le pays d’Egypte même dans les vaisseaux de bois et de pierre ».

    Nous voyons bien que la puissance du bâton d’Aharon pour faire le mal en Egypte était plus grande que celle de Moché Rabbénou car le bâton de Moché ne concernait que le fleuve tandis que celui d’Aharon a touché toutes les eaux d’Egypte.

    De plus, il est écrit dans Yé’hezkiel, chapitre 29 verset 3, à propos de Pharaon :
    « hatanim hagadol », le grand tanim, il s’agit d’un tanine au féminin.

    D. voulait montrer qu’Aharon était plus fort que Pharaon grâce à son bâton et a fait donc transformer le bâton d’Aharon en tanine qui est le masculin de tanim, le masculin étant toujours plus fort que le féminin.

Tout ceci pour montrer qu’Aharon finirait par vaincre Pharaon.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 11539
Date de création : 2011-01-02 22:01:06