Comment être reconnaissant envers une personne si elle n’est que l’intermédiaire d’Hachem?

Shalom Rav,
Merci pour toutes vos lumières.

Voici quelques questions :

Comment peut-on éveiller en nous la reconnaissance vis a vis de Hachem mais aussi vis a vis de notre prochain ?
En fait, on dit que tout nous vient de Hachem donc par exemple si quelqu’un nous fait du mal on ne doit pas lui en vouloir mais accepter que ce n’est que le chalia’h de Hachem.
Mais alors lorsque quelqu’un nous fait du bien comment peut on lui être reconnaissant si au final c’est Hachem qui nous procure ce bien par son intermédiaire ?
Par exemple on dit que Moche Rabbenou n’a pas exécuté les 3 premières plaies par reconnaissance envers le Nil qui a porté son berceau et envers le sol car le sable lui a permis de recouvrir l’égyptien.
Mais c’est parce que c’est Hachem qui voulait le protéger, le Nil et le sable n’ont fait que la volonté de Hachem alors pourquoi doit-il aussi leur en etre reconnaissant ? d’autre part comment est-ce que l’on peut prendre conscience de tout le bien et de l’amour que Hachem a pour nous  ?
Comment arrive t on a ne pas être ingrat et ne pas considérer que c’est normal que l’on nous fasse du bien ?

D’autre part, il arrive que l’on sente une certaine proximité avec Hachem, ou encore que l’on ressente un cours de Torah, que cela devienne clair a nos yeux et que l’on souhaite mettre en pratique ce que l’on apprend. mais au fil du temps on se refroidit, cet effet s’estompe et par exemple on ne fait plus les mitzvot avec la même intensité et le même enthousiasme, on perde de cette lucidité.
Pourquoi cela se produit-il et comment peut – on y remédier ?

D’autres fois on écoute un cours qui est nouveau et qui nous touche mais si on le réécoute plusieurs fois on ne ressent plus tellement cet éveil en nous ; est-ce normal ?
Et que doit-on faire?

Enfin, comment peut-on prendre conscience et ressentir le manque de Hachem depuis la destruction du temple si Hachem ne nous abandonne jamais vraiment ?
Qu’est-ce que cela signifie que l’on prie pour la Chekhina qui est aussi en exil ?

Merci beaucoup Rav.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Myriam,

Il est vrai que si quelqu’un nous fait du mal on ne doit pas lui en vouloir, car il est un envoyé par D.
Il est vrai qu’il fait un acte et qu’il devra en rendre compte à D., mais ce n’est pas notre affaire, par rapport à nous il est comme un ange, vu que c’est D. qui nous l’a envoyé.

Dans le bien la chose est un peu différente, il est vrai qu’il est toujours un chalia’h (envoyé) d’Hachem à 100%, néanmoins, pourquoi D. l’a-t-Il choisi précisément lui, pour nous faire du bien ?

‘Hazal ont répondu:

« Mégalguélim zekhout al yédé zakaï,
mégalguélim ‘hova al yédé ‘hayav
»,
on fait retomber un mérite sur quelqu’un qui est méritant,
on fait retomber un démérite sur quelqu’un qui est déméritant.

Si une personne m’a été envoyée pour me faire du mal, elle était déjà déméritante à la base, c’est pour cela que D. l’a choisie pour faire une mauvaise action, elle va en rendre compte à D. et moi, je ne dois pas lui en vouloir.
Par contre si quelqu’un a été choisit par D. pour me faire du bien, c’est qu’il avait un certain mérite qui a légitimé le fait que D. l’a choisi plutôt qu’un autre pour me faire cette bonne chose.

Dans cette mesure, il y a lieu que je lui sois reconnaissant, car il est méritant.
Bien que lui aussi recevra sa récompense de D. (comme le racha recevra sa mauvaise récompense), et quelque part cela pourrait me dégager de l’obligation de reconnaissance envers lui, néanmoins, étant donné qu’il est une personne méritante, c’est-à-dire qu’il a du bien en lui, j’ai l’obligation de lui être reconnaissant pour le bien qu’il a en lui, qui dépend en fin de compte de son libre arbitre.

De plus, la Torah veut que le monde soit viable, dans cette mesure, il est tout à fait normal d’être reconnaissant envers la personne qui me fait du bien.
Bien que profondément il ne soit que l’envoyé de D., néanmoins, cette chose-là n’est pas visible, ce n’est que notre esprit qui le sait.
Et vu que le monde ne peut être viable que dans la réalité visible, la Torah nous ordonne la reconnaissance.

Comment prendre conscience de tout le bien et de l’amour qu’Hachem a pour nous?
La seule chose qui peut nous amener à cela est la conscience.
Lorsque nous pensons une chose et forçons notre intellect à voir cela, alors peu à peu notre corps commence à ressentir.
Le Rav Israël Salanter dit que lorsque quelqu’un a de la peine à garder une mitsva, car son yetser hara se renforce, qu’il étudie toutes les lois concernant cette mitsva, dans les moindres petits détails, car le fait d’étudier, d’occuper son intellect sur un certain sujet, renforce notre conscience.
Ici aussi, en ce qui concerne votre désir de ressentir la reconnaissance que nous devons à Hachem, notre conscience n’a qu’à aller voir chaque petit détail de notre vie.

On sait bien que si on va faire un tour à l’hôpital, on voit des aveugles, des estropiés, des maux de toutes sortes, on en ressort toujours extrêmement reconnaissant à D. d’être en bonne santé.
Mais rapidement nous l’oublions car l’habitude fait que nous trouvons cela normal.
Le ‘Hazon Ich parle beaucoup de l’habitude qui est notre pire ennemi dans la mesure où elle efface toute sensation, tout sentiment.
C’est à notre intellect d’aller et renouveler la flamme en attisant notre conscience des choses.

Ce sera la même chose, par exemple, au niveau des décisions qu’on aura prises à Yom Kippour ou en sortant d’un cours de moussar, avec le temps, et l’habitude, ces décisions s’émoussent.

Comment retrouver l’entrain?
Tout simplement avec du moussar, c’est-à-dire des textes qui nous feront prendre à nouveau conscience de la valeur des choses.

Comment ressentir et prendre conscience du manque d’Hachem depuis la destruction du Temple, et qu’Hachem ne nous abandonne jamais vraiment ?
Il n’y a qu’à voir la situation lamentable du monde, les malheurs qui touchent tout le monde, la tristesse des gens pour déjà, au niveau bêtement matériel, se rendre compte à quel point nous avons besoin d’Hachem.
Et si nous pouvons arriver à ressentir, au niveau moins matériel mais beaucoup plus spirituel, l’absence de D., l’absence de sa lumière, de la connaissance qu’en a l’humanité, alors on pourra arriver à ressentir cela même au niveau sentimental.

D’un autre côté, l’éternité d’Israël, le retour sur notre terre, le mouvement de téchouva, la haine de nations contre nous, les miracles quotidiens dans la lutte d’Israël pour sa survie, sont des signes clairs qu’Hachem est à nos côtés.

Que signifie que l’on prie pour la chekhina qui est en exil ?
La chekhina est la présence de D., une sorte d’ « extension » de D. sur terre.

Que signifie qu’elle est en exil?
Cette présence n’est pas palpable, n’est pas reconnue par l’humanité, en tout cas, insuffisamment.
C’est cet exil, ce manque de présence reconnue de D., qui laisse place à tous les malheurs, à tout le mal.
C’est pour cela que nous prions pour que cet exil cesse et que D. se dévoile dans toute Sa splendeur et éradique le mal une fois pour toute de l’humanité bimhéra béyaménou amen.

Au revoir,
Rav Ron Chaya.

 

Référence Leava : 6506
Date de création : 2009-07-28 12:07:35