Vous dites qu’un baal téchouva est plus grand qu’une personne qui n’a jamais fauté. Or il y a d’autres avis dans la Guémara.

 

Bonjour Rav,

  1. J’ai eu déjà l’occasion d’échanger avec vous mon point de vue sur la différence en mérite entre un « ‘Hozer Bitchouva » et une personne qui a grandi dans la religion.
    • Je vous avais alors exprimé ma surprise quant vous aviez affirmé dans l’un de vos cours que le mérite de celui qui fait Techouva est plus grand que ceux qui n’ont pas fauté, et je vous avais demandé si une telle affirmation n’était-elle pas erronée et tout simplement contraire aux valeurs fondamentales du Judaïsme, à savoir que moins l’on faute, plus on s’élève.
      • Par chance, j’ai pu trouver la source que vous citiez, et vous aviez raison, mais que d’après un avis, je vous le cite :
        • Berakhot 34b :
          • Aux justes parfaits, il est dit à leur sujet : Jamais un œil n’a vu D, si ce n’est toi. (Is. 64, 3)
          • Ce qui est en contradiction avec Rabbi Abahou : « La où les repentis se tiendront, les justes parfaits ne pourront se tenir, car il est dit : « Paix, paix a celui qui était loin et a celui qui était prés ! » » (Ib. 57, 19) (Préséance de celui qui est loin avant celui qui est prés).
      • C’est donc de la que vous tiriez votre source.
        • Néanmoins, R. Yo’hanan dit : « Que veut dire ici « loin » ?
          Loin de la transgression des l’origine.
          Que veut dire « près’ ?

          • Près de la transgression mais en train de s’éloigner.
            Donc selon R. Yo’hanan, celui qui n’a pas connu le pécher dès l’origine a une plus grande place et a la préséance sur celui qui s’en éloigne maintenant. (Evidemment, je suis bien conscient que le terme de Juste parfait s’applique difficilement de nos jours même aux personnes qui ont grandi dans la Torah, puisque notre génération est faible et nous avons tous au moins fauté au moins une fois, je ne vous pose donc pas cette question par orgueil ou pour les personnes nées orthodoxes en général mais dans le cadre de l’étude).
  2. J’aimerais également vous faire part de mon interrogation quant à l’emploi du mot ‘Hozèr Bitchouva » fait par la plupart des Rabbanim de nos jours.
    • Selon le Rambam, (Je vous transmettrai les références exactes des que possible, et j’ai appris cela d’un Rav également) la définition exacte d’un ‘Hozèr Bitchouva est une personne qui a grandi dans la Torah, de parents religieux et qui l’ont éduqué convenablement, qui s’en est écartée, puis ensuite revenu à la raison, ce qui n’a rien a voir avec l’usage que tout le monde en fait aujourd’hui (à tort ?), puisque la plupart des gens de nos jours qu’on appelle ainsi étaient des ignorants qui ne connaissaient rien ou presque a ce qui était interdit ou permis puisque n’ayant pas eu d’éducation religieuse.
      • Ces gens la ne sont donc pas des ‘Hozrim Bitchouva mais juste des gens qui ne savaient pas et qui savent maintenant.
      • Pourquoi alors continuons-nous à mal l’employer ?
        • Abus de langage ?

En vous exprimant mes respects les plus sincères et en attendant vos réponses.

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Raphaël,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Tu me cites la Guemara Berakhot 34b, qui est effectivement la source que je cite, mais tu objectes que je n’ai relevé que l’avis de Rabbi Abaou et que la Guemara cite aussi l’avis du Rabbi Yo’hanan qui n’est pas d’accord avec le Rabbi Abaou et qui dit que celui qui n’a pas péché est à un niveau plus haut que le baal techouva.
    • Effectivement, il y a une discussion, une ma’hloket entre ces deux rabbins.
      Mais comment la halakha a-t-elle été tranchée ?

      • Maïmonide, dans Hilkhot techouva chap. 7 alinéa 4, tranche comme Rabbi Abaou.
        • Or la halakha est tranchée comme Maïmonide partout où le Choul’han Aroukh n’a pas dévoilé quel était son avis
          • (comme le prouve le Rav Ben Tsion Abba Chaoul dans son livre Or LéTsion tome 2 page 14, en citant nombre de décisionnaires).
  2. Je ne pense pas qu’il y ait une référence dans le Rambam selon laquelle un ‘Hozèr Bitchouva n’est qu’une personne qui était religieuse, qui a quitté et est revenue.
    • Dans cette mesure, le terme de ‘Hozèr Bitchouva peut également s’appliquer à ceux qui étaient ignorants de la Torah et se sont mis à étudier et à pratiquer la Torah.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 5954
Date de création : 2009-05-10 02:05:22