Est-ce permis d’avoir des figurines en porcelaine chez soi, qu’elles soient de forme humaine ou animale?

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Solange,

Le Choulkhan Aroukh, traité Yoré Déa, ch. 141 alinéa 6 écrit : « On a le droit de créer des figures d’animaux, volatiles, poissons ou de végétaux, ou autre chose du même type, même si elles sont en relief ». Donc en ce qui concerne les animaux, il n’y a aucun problème. Par contre, en ce qui concerne les figurines de forme humaine, dans l’alinéa 4 du même chapitre, le Choulkhan Aroukh écrit : « Il est interdit de fabriquer (…) des formes humaines, même dans un but décoratif. Et même si un non juif les a fabriquées, on n’aura pas le droit de les garder. Tout cela ne concerne que les figures en relief. » Maïmonide, dans les lois relatives à l’idolâtrie (ch. 3 alinéa 10), explique que cela provient du verset : « Vous ne ferez pas avec Moi des dieux d’argent et des dieux d’or », c’est-à-dire des figurines d’argent ou d’or à but décoratif, pour que les gens ne soient pas amenés à suspecter qu’elles ont été faites pour de l’idolâtrie (interdire la figure humaine provient du fait que dans les prophéties de Ye’hezkel il est mentionné que dans les mondes supérieurs on voit une figure humaine. Bien sûr, tout cela reste du domaine métaphysique, mais l’interdit de créer une forme humaine physique persiste).
Dans l’alinéa 7 (ibid.), il est écrit que cet interdit ne concerne qu’une figure complète. S’il n’y a qu’une tête ou qu’il manque un membre, il est alors permis de fabriquer et de conserver une telle figure.
En conclusion, au niveau de la loi stricte, il est interdit de garder ces figurines. Une solution serait de casser un doigt ou un autre membre pour les autoriser. Néanmoins, en cas de force majeure (perte financière importante par exemple), étant donné que l’interdit de conserver ces figurine est moindre que celui de les fabriquer, on pourra compter sur l’avis de certains décisionnaires (le Natsiv dans "Héemek chééla" ch. 57, alinéa 3 ; et le Na’hal Hechkol dans "Sefer ha-hechkol" tome 3 ch. 50) qui s’appuient sur le fait qu’aujourd’hui l’idolâtrie n’existe plus, donc la suspicion n’a plus lieu d’être ; on pourra ainsi garder les figurines. Mais comme la majorité des décisionnaires et le Choulkhan Aroukh ne tranchent pas ainsi, on n’autorisera cela qu’en cas de force majeure comme susmentionné.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

P.S. : Tout cela ne concerne que les figurines qu’on conserve avec soin, mais les poupées avec lesquelles jouent les enfants, bien qu’elles représentent une forme humaine complète, sont autorisées car le fait de les jeter par terre ou de les retrouver dans des endroits non respectueux (toilettes par exemple) est un signe clair qu’il n’y a aucune suspicion d’idolâtrie à avoir à leur égard (ainsi tranche le Rav Ovadia Yossef dans « Yéhavé daat » tome 3 ch. 64). Néanmoins, les personnes pieuses feront bien de leur enlever aussi un doigt ou un autre membre, mais ce ne sera absolument pas obligatoire, ce sera juste une mesure de piété.

Référence Leava : 4550
Date de création : 2008-12-17 19:12:46