Kvod Harav,
je souhaiterais vous poser une question relative au Get (divorce).
On apprend qu’à l’époque où les juifs vivaient pendant la période des temples, que tout préteur d’argent voyait sa dette effacée quand la chemita (période de jachère des terres intervenant tous les 7 ans) arrivait.
Face à l’abus de certains de cette pratique, les rabbins décrétèrent que le préteur pouvait rajouter une clause à son contrat de prêt annulant l’effet de la chemita : Le Prousboul., et réclamer ainsi leur dû même après la Chemita.
Or de nos jours, concernant le Get, on voit que malgré les efforts avérés des rabbins et de certains hommes de mérites qui tendent à forcer un homme à remettre le Get à sa femme au moment du divorce, certains passent malgré tout au travers des mailles du filet.
La conséquence est désastreuse pour la femme car elle se retrouve dans l’impossibilité de refaire sa vie sans ce précieux document.
Certaines de ces femmes, désespérées refont malgré tout leur vie, bravant ainsi nos lois avec pour risque de mettre au monde des enfants dit « Mamzerim », d’avec qui nous avons l’interdiction formelle de nous marier.
D’où ma question:
Si les rabbins ont été capables de contourner juridiquement les conséquences de la Chemita pour des raisons pécuniaires, ne sont ils pas capables de faire la même chose pour des questions humanitaires?
Si lors du mariage, on ajoutait une clause de type « prousboul » dans la Ketouba (acte de mariage), signifiant que sans relations maritales durant une période à définir entre les époux, le Get tomberait de façon automatique si la femme en fait la demande?
Ne pas agir dans ce sens ne constitue t’il pas un « hilloul Achem » dans le sens où on sait légiférer pour de l’argent mais pas pour la sainteté du peuple d’Israël ?
Voila ma question volontairement provocatrice, mais vous n’êtes pas sans savoir Rav que le sujet est brulant.
Merci pour votre réponse qui devrait je pense intéresser beaucoup de monde.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom David,
La question est bonne et le sujet va refroidir.
Le prouzboul et le guet ne sont pas comparables.
Le din de chemitat kessafim (annulation des prêts en fin de 7e année) n’est valable que lorsqu’on pratique le yovel (le jubilé), et ce dernier n’est pratiqué que lorsque tous les bné Israël habitent la terre d’Israël.
Donc au niveau de la Torah, la mitsva de chemitat kessafim n’existe plus.
Pour que cette mitsva ne s’oublie pas, les rabbins ont décrété qu’on la pratiquerait, mais elle aurait la valeur d’une mitsva des rabbins et non celle d’une mitsva de la Torah.
Il y a deux mille ans, Hillel, voyant que le peuple d’Israël n’arrivait pas à pratiquer cette mitsva, et étant donné que ce n’était qu’un décret des rabbins, lui-même avec son pouvoir rabbinique avait le pouvoir de faire un décret qui contourne celui des rabbins.
Ce que les rabbins disent, d’autres rabbins peuvent le contourner.
Ainsi décrétèrent-ils le prouzboul.
Le prouzboul a le pouvoir de contourner une mitsva derabanan, mais pas une mitsva de la Torah.
S’il y a avait une question à poser, elle serait plutôt celle-ci, comme la Guémara l’expose dans le traité Guittin page 36 :
Comment les rabbins ont-ils pu décréter de faire la chemitat kessafim alors que du point de vue de la Torah celle-ci n’est plus pratiquée ?
Comment peuvent-ils annuler une créance ?
La Guémara donne deux réponses :
- Abayé répond que lorsque l’emprunteur ne rend pas, il ne fait pas une action positive de ne pas rendre, il reste passif.
Et la mitsva de rendre l’argent à ses créanciers s’annule d’elle-même, mais il ne va pas de façon active, annuler la mitsva de rendre l’argent aux créanciers. - Rava répond en amenant une preuve de la Bible (Ezra 10), que les rabbins ont le pouvoir d’exproprier, mais cela ne reste qu’un pouvoir au niveau financier.
Et là se trouve la différence entre le guet et les affaires financières liées à la chemita.
Étant donné que ces dernières ne concernent que de l’argent, ‘Hazal peuvent, pour des raisons qui leur sont nécessaires, exproprier et annuler la mitsva de rendre l’argent.*
Mais comment auraient-ils le pouvoir de changer la réalité des âmes liées par le mariage, qui ne peut se défaire que par le guet ?
Aucun rabbin au monde ne peut faire une chose pareille.
Il s’agit d’une réalité d’union d’âmes.
En effet, la mystique juive explique que lorsque le mari donne la bague à sa fiancée face aux témoins, une partie de son âme entre dans l’âme de sa femme, et ce pour l’Éternité !
Seul le guet peut rompre cette alliance, non un décret rabbinique !
A propos des pauvres femmes qui attendent le bon vouloir de leur mari pour recevoir leur guet, comme tu l’as dit, le sujet est brûlant, et ma réponse est simple :
Lorsqu’un mari ne veut pas donner le guet, il faut employer la force.
Je ne pourrai pas sur internet expliquer dans quelles conditions, il faut s’adresser aux spécialistes de ces questions.
Et ainsi tous les problèmes sont réglés.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 3672
Date de création : 2008-09-10 11:09:50

