Rav,
Peut on consommer du whisky ayant vieilli dans des fûts de sherry ?
Le sherry est semble-t-il du xeres c’est à dire un alcool de vin, nous nous demandons s’il y a notion de batel bechichim (il semble que cela ne soit valable que bediavad or cette forme de vieillissement est volontaire) ou encore de noten taam bar noten taam (le sherry donne le gout au bois du fut qui donne le gout au whisky).
Bref, cela semble compliqué alors si vous pouvez nous éclairer ….
Merci
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom David,
Effectivement, les choses sont un peu compliquées.
- D’abord, le « bitoul béchichim » est interdit s’il a été fait pour des juifs.
- Vu que le whisky est produit pour une majorité de non- juifs, donc même s’il est volontaire il est permis lékhat’hila.
- « Noten taam bar noten taam » n’est pas une bonne raison d’autoriser car on n’autorise qu’un « noten taam bar noten taam dé-heitéra« .
- Par exemple :
- Si on a cuit de l’eau dans un ustensile dans lequel on a cuisiné de la viande dans les dernières 24 heures, si on n’a pas pensé à boire cette eau avec du lait quand on l’a cuite, une fois que cette eau est cuite, on pourra la boire avec du lait lékhat’hila (pour un séfarade).
- Pour un achkénaze, ce ne sera permis que si l’eau a déjà été mélangée avec le lait.
- Par contre, si l’eau a été cuite dans une casserole dans laquelle on a cuit dans les dernières 24 heures un aliment interdit, cette eau sera interdite à la consommation, on n’autorise qu’un « noten taam bar noten taam dé-heitéra« , mais pas un « noten taam bar noten taam dé-issoura« .
- Par exemple :
Dans le cas du cherry, il s’agit d’un « noten taam bar noten taam déissoura« , ce donc pas pour cette raison que l’on pourra autoriser le whisky.
- Alors pourquoi autorise-t-on différentes sortes de whisky?
- Les choses sont compliquées, mais je vais essayer de les résumer brièvement.
- Il y a deux grandes chitot pour autoriser :
- Celle de Rav Moché Feinstein Zatsal (in Iguerot Moché, Yoré Déa aleph, techouva samekh bet).
- Le Rav dit qu’il essaie lui-même de ne pas en boire, mais il l’autorise pour les autres sur la base de ce que dit le Choulkhan Aroukh (Yoré Déa chap 134 alinéa 5) :
- Le « yayin nessekh » est batel dans 6 parties d’eau.
- Et bien que le Chakh dit que si l’interdit vient améliorer le goût des 5 parties permises (dans le cas d’un mélange avec une autre boisson que de l’eau), ce serait interdit,
- le Taz n’est néanmoins pas d’accord avec cela et permet l’autre mélange, et ainsi tranchent le Beer Hetev et le Pri Hadach sur les bases des écrits du Rachbats.
- Le « yayin nessekh » est batel dans 6 parties d’eau.
- D’après cet avis, tous les whisky sont permis car le goût de vin sortant des fûts est bien moindre que 1/6.
- Le Rav dit qu’il essaie lui-même de ne pas en boire, mais il l’autorise pour les autres sur la base de ce que dit le Choulkhan Aroukh (Yoré Déa chap 134 alinéa 5) :
- Néanmoins, le Rav Its’hak Weiss Zatsal, dans son chout « Min’hat Its’hak » (tome 2 responsa 28), autorise pour une autre raison :
- Le principe de « zé vézé gorem« , quand le goût est produit par plusieurs agents, chaque agent annule le goût de l’autre agent.
- D’après cet avis, tous les whisky ne seraient pas permis.
- Le principe de « zé vézé gorem« , quand le goût est produit par plusieurs agents, chaque agent annule le goût de l’autre agent.
- Celle de Rav Moché Feinstein Zatsal (in Iguerot Moché, Yoré Déa aleph, techouva samekh bet).
- Il y a deux grandes chitot pour autoriser :
- Les choses sont compliquées, mais je vais essayer de les résumer brièvement.
Effectivement, il faut diviser les whisky en deux catégories :
- Les « single malt » (ne provenant que d’une seule sorte de malt),
- En ce qui concerne le « single malt« , s’il s’agit d’un sherry « cask », c’est-à-dire un whisky qui a été vieilli dans un tonneau de sherry, on pourra autoriser d’après le Min’hat Its’hak, mais il sera néanmoins bon de prendre un whisky qui ne soit pas « first fill » (premier vieillissement dans le fût), mais prendre un « second » ou un « third fill » (le goût de sherry est ainsi quasi annulé).
- Par contre, si le whisky a été vieilli dans des fûts normaux et qu’après quelques années on l’a de nouveau fait vieillir dans des fûts de sherry, on appelle ces whisky « double wood », « double maturation », « double finished », car on les « finit » à deux reprises pour y insérer le goût du sherry, et dans ce cas on ne peut plus s’appuyer sur l’avis du Min’hat Itskhak car on a un seul goût, qu’on fait rentrer une fois le whisky terminé.
- On ne pourra s’appuyer que sur l’autorisation du Iguerot Moché.
- Les « single malt » qu’on peut autoriser, même pour une cacherout laméhadrin min haméhadrin, sont, entre autres, le « Balvenie 15 » ou le « Glenfiddich 12 ».
- et les « blended« , produits à partir de 30 à 40 single malt différents.
- En ce qui concerne les « blended« , il faut savoir que ces whisky sont constitués de 40 à 80% de « whisky pure grain », c’est-à-dire de graines de malt pures, sans aucun ajout.
- Le reste proviendra de 30 à 40 sortes de « single malt ».
- Donc même si on considérait que la moitié des « single malt » a été vieilli dans des fûts de sherry (ce qui sera beaucoup), vu que la majorité du whisky est constitué de pur grain, on a donc rapidement 5 parties autorisées pour une interdite.
- Il est donc possible d’autoriser les « blended » sans connaître exactement touts les composants.
- Il faut savoir qu’un « blended » whisky sur lequel il n’y a pas de numéro de vieillissement doit, d’après la loi, vieillir au moins trois ans, mais il ne sera pas plus vieux que cela.
- C’est pour cela qu’il y a très peu de chances que dans les 30 à 40 sortes de « single malt » qu’il y a dans le « blended » il y ait des whisky vieillis en fût de vin.
- Par contre, s’il y a une date de vieillissement (12 à 15 ans par exemple), on aura certainement dans ces « blended » des whisky « single malt » de 12 à 15 ans d’âge d’une qualité supérieure et il est fort probable que certains de ces « single » auront été vieillis en fût de vin (même de façon « double wood »), mais ils seront annulés dans le 1/6 comme expliqué précédemment.
- Mais s’il s’agit de « blended » de plus de 21 ans, bien que du point de vue de la loi on ne pourra pas complètement interdire, mieux vaut ne pas le boire car la partie de « single malt » vieillie en fût de manière « double wood » est probablement beaucoup plus importante et dépassera la proportion de 1/6.
- En ce qui concerne les « blended« , il faut savoir que ces whisky sont constitués de 40 à 80% de « whisky pure grain », c’est-à-dire de graines de malt pures, sans aucun ajout.
Je ne saurai trop te recommander la lecture du « Madrikh cacherout » sur les alcools du Rav Shmouel Semelman, que tu peux d’ailleurs contacter au 00 972 52 76 77 190 (il est francophone) ou sur son site.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 2671
Date de création : 2008-03-24 22:03:00