Bonjour
Comme vous le dites si bien, le judaïsme nous demande de « contrôler » nos instincts, d’aller contre notre nature, idée qui sous-tend celle de civilisation, opposée à la « loi naturelle », une société à l’opposé du modèle de la loi du plus fort, qui régit le monde animal.
Dans une tribu de Gorilles, il y a un mâle dominant, dans une fourmilière, une reine, etc.
On retrouve, MALHEUREUSEMENT une structure sociologique hiérarchique du type dominant/dominé dans nos sociétés humaines (notions de champs et d’habitus par Bourdieu) que l’on peut mettre en parallèle à une société de babouins ou de chimpanzés, en un peu plus complexe évidement.
La remise en question de cette hiérarchie pour une société plus juste, c’est-à-dire égalitaire (égalité des chances) me parait donc à la fois relever d’une position politique de gauche, et d’une position religieuse.
Les notions de démocratie, de justice sociale (ts2daka) me semblent essentielles dans le judaïsme.
Or il me semble voir un monde orthodoxe de plus en plus enclin à accoler la position religieuse à une position politique relevant du nationalisme, de l’acceptation des hiérarchies sociales et surtout dans la mesure ou il ne s’agit plus de DIRE « tu dois faire ainsi » mais de FORCER les gens à le faire.
Certes, il est interdit de conduire Chabbat, mais caillasser la voiture de celui qui le fait, c’est nier son libre-arbitre en quelque sorte, puisque si nous disons la vérité, nous devons avoir foi en l’intellect des gens pour le reconnaître et y venir d’eux-mêmes, les forcer ne fait que nous décrédibiliser.
Voila, ma question :
Y a-t-il une sorte d’autocritique de gauche du monde religieux orthodoxe pour rétablir un équilibre POLITIQUE des positions religieuses ?
Je pense qu’il est archi-faux (et crétin) de justifier une position politique de droite par des justifications religieuse.
Car au contraire, s’il s’agit de trouver une position politique à la parole divine elle est au contraire tres à gauche.
Merci !
PS: Merci de ne pas utiliser l’argument rebattu de l’expérience bolchevique et de ses ravages.
Il est clair que ceux qui ont criminellement capturé les idéaux pour en faire une dictature sont condamnables, PAS les idées qu’ils ont trahis.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom,
Afin que ma réponse soit juste, je dois la diviser en 2 parties :
- La réponse concernant la situation actuelle du monde religieux.
- La situation idéale que prône la Torah du monde religieux.
Effectivement, aujourd’hui, le monde religieux, n’ayant pas un vrai pouvoir législatif ni exécutif, possède un mode de fonctionnement adapté à l’exil lui empêchant de pratiquer les lois de la torah comme elle le prône de façon idéale.
Voici la position idéale que prône la Torah :
La Torah n’est certainement pas démocratique.
La démocratie prône le suffrage universel, les lois et les directions que doivent prendre la nation sont dictés par la majorité du peuple ; or, qui me dit que la majorité du peuple a raison ?
Le peuple d’Israël, idéalement, est dirigé par Hachem lui-même qui dévoile Sa volonté aux prophètes.
A une certaine époque de l’histoire (celle du roi Chaoul), le peuple a demandé d’avoir un roi à sa tête ; ce dernier était censé être l’envoyé d’Hachem par l’intermédiaire de ses prophètes pour régner d’après le désir d’Hachem.
Néanmoins, très souvent, ce ne fut pas le cas.
A l’époque messianique, lorsque le Machia’h c’est-à-dire le roi messie se dévoilera, c’est ce qui se passera.
Le Machia’h sera prophète et régira son royaume ainsi que l’humanité entière d’après la volonté divine.
Ainsi, il y aura certainement l’égalité la plus égale qui puisse exister, vu qu’elle sera complètement adéquate au désir d’Hachem qui n’est que justice.
La situation actuelle concernant le monde religieux :
Nous n’avons plus de prophètes.
Néanmoins, la Torah annonce qu’à l’époque où il n’y a pas de prophètes, nous devons écouter les grands de la Torah.
Or, dans chaque génération, il y a quelques rabbins qui sont les dirigeants spirituels du peuple, et le peuple est censé les écouter.
Il est clair qu’une partie du peuple est attentive à leurs paroles, mais beaucoup d’autres ne les écoutent pas.
Au niveau de l’organisation sociale, il est évident que ces rabbins n’ont pas le pouvoir d’établir une politique socialiste, communiste, capitaliste ou autre.
Ils font en sorte que le peuple vive suivant les lois d’Hachem de la façon la plus optimale possible durant les dures conditions d’exil.
Par exemple, ils ne pourront pas prôner l’égalité sociale, mais ils pourront encourager toutes les œuvres d’entraide ; au niveau politique, ils pourront dire quelle direction politique est préférable d’adopter face aux nations afin de mettre toutes les chances du côté d’Israël en ce qui concerne leur sécurité.
Mais encore une fois, vu que la décision n’est pas entre leurs mains,
ils ne peuvent que suggérer mais certainement pas décider.
En attendant, notre tâche est de pratiquer les lois de la Torah de la façon la plus parfaite, et de faire faire téchouva à tous nos frères afin que le maximum de personnes la pratique.
Ainsi, l’exil prendra fin et nous pourrons enfin vivre de façon idéale dans une société régie par Hachem.
Il est vrai qu’on ne peut pas forcer les gens à faire téchouva, là-aussi nous ne pouvons que suggérer (néanmoins, à l’époque où les rabbins avaient un certain pouvoir exécutif, que ce soit en Israël ou dans certaines terres d’exil, le Beth Din, le tribunal rabbinique, n’hésitait pas à punir les juifs qui passaient outre certaines lois de la Torah).
Au revoir,
Rav Ron Chaya
La démocratie prône le suffrage universel, les lois et les directions que doivent prendre la nation sont dictés par la majorité du peuple ; or, qui me dit que la majorité du peuple a raison ?
Le peuple d’Israël, idéalement, est dirigé par Hachem lui-même qui dévoile Sa volonté aux prophètes.
A une certaine époque de l’histoire (celle du roi Chaoul), le peuple a demandé d’avoir un roi à sa tête ; ce dernier était censé être l’envoyé d’Hachem par l’intermédiaire de ses prophètes pour régner d’après le désir d’Hachem.
Le Machia’h sera prophète et régira son royaume ainsi que l’humanité entière d’après la volonté divine.
Ainsi, il y aura certainement l’égalité la plus égale qui puisse exister, vu qu’elle sera complètement adéquate au désir d’Hachem qui n’est que justice.
Néanmoins, la Torah annonce qu’à l’époque où il n’y a pas de prophètes, nous devons écouter les grands de la Torah.
Or, dans chaque génération, il y a quelques rabbins qui sont les dirigeants spirituels du peuple, et le peuple est censé les écouter.
Au niveau de l’organisation sociale, il est évident que ces rabbins n’ont pas le pouvoir d’établir une politique socialiste, communiste, capitaliste ou autre.
Ils font en sorte que le peuple vive suivant les lois d’Hachem de la façon la plus optimale possible durant les dures conditions d’exil.
ils ne peuvent que suggérer mais certainement pas décider.
Ainsi, l’exil prendra fin et nous pourrons enfin vivre de façon idéale dans une société régie par Hachem.
Rav Ron Chaya
Référence : 14249
Date question sur Leava : 2011-08-17 09:08:37